Fondé par la Reine Victoria, l’Institut Torchwood est aujourd’hui encore chargé de contrer la menace extra-terrestre sous toutes ses formes. Dirigée par l’étonnant et charmeur capitaine Jack Harkness, l’antenne de Cardiff (Pays de Galles) est située sur une faille spatio-temporelle, point de départ d’aventures extraordinaires pour Jack et son équipe.
Référence en matière de fiction télévisée patrimoniale française depuis l’ère de la VHS, Koba Films Vidéo s’est imposé comme l’éditeur incontournable en matière de fiction télé du Royaume-Uni. Non seulement Koba propose quelques classiques de la télévision britannique, tels Orgueil et préjugés et Jane Eyre, mais cet éditeur propose aussi le meilleur de la production contemporaine d’outre-Manche : Les Arnaqueurs VIP, Blackpool, La fureur dans le sang , ou encore Life on Mars.
Il est presque dans l’ordre naturel des choses que Koba Films Vidéo sorte le coffret de la saison 1 d’une série comme Torchwood.
GODS AND MONSTERS
« Avant que nous ne commencions le quatrième épisode de Quatermass II, nous voudrions préciser que selon notre opinion, celui-ci ne peut être regardé par des enfants ou par ceux d’entre vous qui seraient prédisposés à des problèmes nerveux. » (BBC, 1955)
Cela fait maintenant 55 ans que la BBC propose aux téléspectateurs du Royaume-Uni de la science fiction de qualité destinée à un public adulte. En 1953, alors que l’émetteur londonien d’Alexandra Palace arrosait d’ondes hertziennes les récepteurs de ce medium relativement nouveau qu’était la télévision (surnommée « la lanterne de l’idiot » par certains), le professeur Bernard Quatermass sauvait le Royaume de la menace venue de l’espace dans The Quatermass Experiment. La série en six épisodes consacra Nigel Kneale comme un des grands scénaristes de l’Histoire de la fiction télévisée britannique et celle-ci, à l’instar de ses suites (Quatermass II et Quatermass and The Pit), influença des séries telles que A for Andromeda (1961) ou Docteur Who.
« Un jour, je reviendrai. Oui, je reviendrai. Jusque là il ne faut ni regrets, ni larmes, ni angoisses. Avance avec toute ta conviction et prouve-moi que je ne me suis pas trompé. » (Le Docteur, The Dalek Invasion of Earth, 1964)
Bien que l’évocation de Docteur Who mériterait à elle seule plusieurs articles, rappelons que ce classique fut lancé par la BBC en 1963 à l’initiative de Sydney Newman (The Avengers) et que les aventures dans l’espace-temps du Docteur, son héros, un seigneur du temps capable de se régénérer (d’où sept acteurs différents !) se poursuivirent jusqu’en 1989 puis dans un téléfilm de 1996 (avec un huitième interprète).
Après une longue parenthèse la série a été relancée à Cardiff en 2005 par BBC Wales, la branche galloise de la Beeb, sous le haut patronage du scénariste et producteur gallois Russell T. Davies (Queer as a folk), de la productrice Julie Gardner et de Jane Tranter, responsable des dramatiques à la BBC. Christopher Eccleston puis David Tennant y interprètent respectivement le neuvième puis le dixième Docteur.
CAPITAINE JACK HARKNESS
« De l’œstrogène, c’est sûr. On prend la pilule, on tire la chasse, et le cycle de l’eau féminise les poissons. Ca remonte dans le ciel et ça me retombe dessus. Des contraceptifs dans la pluie. J’adore cette planète. Au moins je ne tomberai pas enceinte de nouveau. » (Capitaine Jack Harkness)
Le capitaine Jack Harkness apparaît pour la première fois dans l’épisode The Empty child, de la saison 1 de la nouvelle version de Docteur Who. Jack, censé être un volontaire américain engagé dans la RAF, a le physique ravageur de John Barrowman chanteur, danseur et acteur écossais (élevé dans l’Illinois) habitué des comédies musicales du West End.
Barrowman crève littéralement le petit écran dans le rôle de cet ancien agent du temps [l’existence des agents du temps a été évoquée pour la première fois, dans la série « classique », NDA] devenu arnaqueur spatio-temporel, qui croise le Docteur (Christopher Eccleston) et Rose Tyler, sa compagne de voyage (Billie Piper) en 1941 et termine la saison avec eux.
« Un engagé dans la RAF, escadron 133, mais il a disparu. Envolé, présumé mort.
- Quand ça ?
- En 1941, en plein Blitz. »
(Yvonne et Gwen)
La popularité de ce voyageur du temps venu du 51ème siècle, aventurier, escroc, ouvertement bisexuel (« On mettrait des lustres à compter mes ex »), est telle auprès des différentes catégories de téléspectateurs qu’elle favorise le développement d’une série dérivée de Docteur Who qui le mettrait en vedette dans un nouveau contexte. Cela fournit à Russell T. Davies un excellent prétexte pour ressortir de ses cartons une idée de série de science-fiction pour adultes dans la veine de séries américaines comme Buffy contre les vampires ou Angel.
BAD WOLF II
« Torchwood 1 était à Londres, détruit dans la bataille. Torchwood 2 est à Glasgow. Ils sont étranges. Torchwood 3, Cardiff. Torchwood 4 a disparu mais on le retrouvera. » (Capitaine Jack)
L’institut Torchwood est fondé en 1879 par la Reine Victoria à la suite des évènements de l’épisode 2 de la saison 2 de Doctor Who. En 2006 , le Premier Ministre Harriet Jones demande à l’organisation de détruire le vaisseau Sycorax quittant la Terre après que le Docteur nouvellement régénéré (David Tennant) ait mis un terme à L’invasion de Noël (le spécial de Noël qui précède la saison 2).
A la manière des références au Bad Wolf dans la saison précédente, des allusions à Torchwood sont disséminées dans la deuxième saison de Docteur Who jusqu’au climax de la bataille de Canary Wharf, au cours de laquelle la branche londonienne de l’institut est anéantie. Pour Torchwood, c’est désormais à Cardiff que ça se passe, sur une faille dans l’espace et le temps située en dessous de cette métropole galloise et mentionnée d’abord dans les épisodes 3 et 11 de la saison 1 de Docteur Who.
« Les Experts : Cardiff. J’aimerais voir ça. Qu’ils mesurent la vélocité d’un kebab. » (Police Constable Andy)
Alors que l’officier Gwen Cooper, de la police de Cardiff (Eve Myles, remarquée en Gwyneth dans l’épisode The Unquiet dead de Docteur Who), et son partenaire, le PC Andy (Tom Price), sont sur les lieux d’un crime, le travail de la police est interrompu par l’arrivée des membres de la mystérieuse organisation Torchwood : Suzie Costello, officier en second interprétée par Indira Varma (vue dans Basic Insinct 2, cf. http://thierryattard.blogspot.com/2008/02/basic-instinct-2-de-michael-caton-jones.html), le docteur Toshiko « Tosh » Sato – experte en informatique (Naoko Mori, régulière de Absolument fabuleux et déjà interprète du personnage dans l’épisode Aliens of London de Docteur Who), le docteur Owen Harper (Burn Gorman), Ianto Jones (Gareth David-Lloyd) – logisticien et surtout… le capitaine Jack Harkness, le leader de l’équipe, qui ne peut pas mourir (« Un jour je trouverai un docteur qui m’expliquera »). La curiosité de Gwen et un concours de circonstances vont faire d’elle le nouveau membre de Torchwood Cardiff.
« Comparée à Docteur Who, cette série se passe vraiment à Cardiff » dit le créateur de Torchwood. La capitale galloise y est présentée comme un centre urbain moderne et la base de Torchwood, le « Hub », est censée être située sous le Wales Millennium Centre. Un choix approuvé par le parlementaire conservateur Michael Gove comme par les habitants de Cardiff eux-mêmes (sensibles aussi à des clins d’œil comme le gag récurrent sur le quartier de Splott), les touristes ayant fait de l’endroit et de sa fameuse tour d’eau un des lieux les plus visités du Royaume suite au succès de la série.
SEX PLEASE, WE’RE BRITISH
« Vous verrez de l’amour, vous verrez de l’action, vous verrez des aliens. » (John Barrowman)
Imaginé en fait avant le retour du Docteur, Torchwood est pour Russell T. Davies « une façon de présenter une série plus adulte et paranormale en deuxième partie de soirée » (dixit Julie Gardner). En anglais, « post-watershed », ce watershed étant la limite au-delà de laquelle on peut montrer du contenu adulte à la télévision dans les pays anglo-saxons, la limite de permissivité étant définie au Royaume-Uni par l’Ofcom (Office of Communications, l’autorité de régulation) comme débutant à partir de 21 heures !
Docteur Who, série-mère de Torchwood, est pourtant loin d’être infantile. L’activiste moraliste Mary Whitehouse (1910-2001) avait fait de la série « classique » une de ses cibles favorites dans les années 1970 et le show était réputé comme la série que l’on regarde « caché derrière le sofa » (« Behind the sofa » est même rentré dans le langage courant). Torchwood a pour point commun avec la nouvelle version de Doctor Who d’inscrire la science-fiction dans un cadre réaliste et contemporain (Rhys, le compagnon de Gwen, lui demande d’enregistrer un épisode de l’émission Wife Swap), mais dans un style que Russell T. Davies a voulu « sexy, sombre, dangereux » .
« Et voici Ianto Jones. Il nettoie derrière nous et nous permet d’arriver à l’heure.
- Je fais de mon mieux.
- Et il est beau en costard.
- Attention, c’est du harcèlement. »
(Jack et Ianto)
Si le premier épisode se limite à l’égorgement à coup de dents d’un brancardier (« On dirait Hellraiser. C’est la grande classe ») par une créature extra-terrestre – un Weevil, sorte de cousin germain des Morlocks de La Machine à remonter le temps – et à un baiser homosexuel, l’épisode 2 annonce clairement la couleur avec cette jeune fille possédée par un alien qui se nourrit exclusivement de l’énergie de l’orgasme. « Dans Torchwood tout le monde flirte » dit John Barrowman et Russell T. Davies estime que « La science fiction est trop centrée sur l’hétérosexualité », les personnages sont donc confrontés à des situations et des sentiments qui font que leur sexualité franchit les limites des conventions. Comme Tosh, séduite par une extra-terrestre manipulatrice qui veut s’infiltrer dans la base de l’organisation.
« Si c’est quelqu’un qui nous en veut ça fait juste quatre ou cinq millions de personnes. » (Owen Harper)
Ça c’est pour le sexy car au rayon sombre et dangereux le capitaine Jack et son équipe affrontent une cyberwoman (« Ces trucs ont fait tomber Torchwood 1 » ), des fées démoniaques redoutée par le vaillant Jack lui-même, des cannibales, un membre renégat de Torchwood avec un agenda caché, un étrange trafiquant temporel d’antiquités (Billis Manger, interprété par un acteur intéressant du nom de Murray Melvin – dont le physique rappelle le grand Colin Jeavons) et la bête de l’Apocalypse. « J’aimerai bien entrer dans une tente et tomber sur une fête avec à manger et à boire, des gens qui dansent » regrette Jack.
KOBA PRINCIER
« De la tv britannique comme vous n’en avez jamais vu. » (John Barrowman)
Koba Films Vidéo a compris qu’elle ajoutait à sa couronne un joyau de science-fiction original plein d’action, d’extraordinaires effets spéciaux, d’humour (« Dis-leur qu’il est mort en baisant un alien ») et d’émotion (« Un jour j’aurai l’occasion de vous sauver et je vous regarderai mourir » ). Le coffret DVD français de la saison 1 est par conséquent traité avec tout le respect dû à un titre culte, sur quatre disques comportant en sus des épisodes une quantité inhabituellement somptueuse de bonus tirés de Torchwood Declassified (les coulisses de la série, diffusés en parallèle de Torchwood au Royaume-Uni) ou du coffret DVD anglais.
« J’en ai marre du S.U.V. » (Julie Gardner, co-productrice exécutive)
Au menu, une introduction à la série où on apprend de Julie Gardner que les épisodes sont tournés par blocs de 2 et qu’une grosse partie du deuxième épisode a été tournée avant le premier. Un Making of de 15 minutes avec entre autres une instructive séance de lecture de scénario – la fameuse scène des pizzas (Jack : « Avant de continuer, qui commande des pizzas au nom de Torchwood ? » Owen : « Euh… C’est moi. Désolé, je suis con. ») Une featurette de cinq minutes sur les fées de Small Worlds, un épisode écrit par Monsieur Peter J. Hammond, créateur de Sapphire and Steel, grand classique de la télé britannique. Et bien d’autres choses dont dix minutes sur le maintenant célèbre véhicule de Torchwood (« La moitié ne fonctionne pas mais ça rend bien » ) et le savoureux et drôle « Journal du Capitaine Jack Harkness ».
Cerise sur le gâteau, le coffret dvd français est un objet absolument magnifique. Le traitement princier de la série par Koba (quoi de plus normal avec un nom pareil) contraste inévitablement avec les tristes coffrets français de la nouvelle version de Docteur Who, lesquels ne comportent même pas les épisodes spéciaux de Noël. La seule réserve concerne un point dont l’éditeur n’est pas responsable : le doublage de la série, réalisé en Belgique.
« Notre équipe se plaint souvent de vous. » (Swanson)
Si le talent des comédiens et des professionnels locaux n’est absolument pas en cause (l’excellent Sébastien Hébrant doublait déjà le capitaine Jack dans Doctor Who), la version française souffre des habituels problèmes d’adaptation (dont avait largement pâti Life on Mars). On aurait souhaité que Torchwood bénéficie des mêmes soins que ceux apportés par le directeur artistique et comédien David Macaluso au doublage de la saison 3 de Doctor Who. La version originale sous-titrée (ad hoc pour le coffret) est donc comme souvent recommandée.
Diffusé au Royaume-Uni sur BBC Three et BBC Two (cf. http://doctorwho.xooit.fr/t338-Dossier-Recapitulatif-des-audiences.htm), Torchwood doit se cantonner en France aux ornières d’une TNT que tout le monde est loin de recevoir avec une diffusion sur NRJ 12 et une rediffusion sur la chaîne câblo-satellitaire Canal Jimmy. Le coffret de Koba Films Vidéo est donc une très bonne raison de découvrir – sans forcément connaître Doctor Who – ou redécouvrir la saison 1 de cette série hors norme.
Des acteurs fantastiques, une production et une réalisation très soignées, une musique sublime de Murray Gold et Ben Foster (http://www.doctor-who.fr/d_itw_foster.php), le grand John Barrowman... « Tout va changer au 21ème siècle et il faudra être prêt » explique Jack à Gwen Cooper. En ce 21ème siècle les meilleures séries télévisées au monde sont définitivement britanniques… et les gens de Koba sont prêts.
« Allons y » (Le Docteur, en anglais dans le texte)
Saison 2: http://thierryattard.blogspot.com/2009/04/torchwood-saison-2-koba-films-video.html
Référence en matière de fiction télévisée patrimoniale française depuis l’ère de la VHS, Koba Films Vidéo s’est imposé comme l’éditeur incontournable en matière de fiction télé du Royaume-Uni. Non seulement Koba propose quelques classiques de la télévision britannique, tels Orgueil et préjugés et Jane Eyre, mais cet éditeur propose aussi le meilleur de la production contemporaine d’outre-Manche : Les Arnaqueurs VIP, Blackpool, La fureur dans le sang , ou encore Life on Mars.
Il est presque dans l’ordre naturel des choses que Koba Films Vidéo sorte le coffret de la saison 1 d’une série comme Torchwood.
GODS AND MONSTERS
« Avant que nous ne commencions le quatrième épisode de Quatermass II, nous voudrions préciser que selon notre opinion, celui-ci ne peut être regardé par des enfants ou par ceux d’entre vous qui seraient prédisposés à des problèmes nerveux. » (BBC, 1955)
Cela fait maintenant 55 ans que la BBC propose aux téléspectateurs du Royaume-Uni de la science fiction de qualité destinée à un public adulte. En 1953, alors que l’émetteur londonien d’Alexandra Palace arrosait d’ondes hertziennes les récepteurs de ce medium relativement nouveau qu’était la télévision (surnommée « la lanterne de l’idiot » par certains), le professeur Bernard Quatermass sauvait le Royaume de la menace venue de l’espace dans The Quatermass Experiment. La série en six épisodes consacra Nigel Kneale comme un des grands scénaristes de l’Histoire de la fiction télévisée britannique et celle-ci, à l’instar de ses suites (Quatermass II et Quatermass and The Pit), influença des séries telles que A for Andromeda (1961) ou Docteur Who.
« Un jour, je reviendrai. Oui, je reviendrai. Jusque là il ne faut ni regrets, ni larmes, ni angoisses. Avance avec toute ta conviction et prouve-moi que je ne me suis pas trompé. » (Le Docteur, The Dalek Invasion of Earth, 1964)
Bien que l’évocation de Docteur Who mériterait à elle seule plusieurs articles, rappelons que ce classique fut lancé par la BBC en 1963 à l’initiative de Sydney Newman (The Avengers) et que les aventures dans l’espace-temps du Docteur, son héros, un seigneur du temps capable de se régénérer (d’où sept acteurs différents !) se poursuivirent jusqu’en 1989 puis dans un téléfilm de 1996 (avec un huitième interprète).
Après une longue parenthèse la série a été relancée à Cardiff en 2005 par BBC Wales, la branche galloise de la Beeb, sous le haut patronage du scénariste et producteur gallois Russell T. Davies (Queer as a folk), de la productrice Julie Gardner et de Jane Tranter, responsable des dramatiques à la BBC. Christopher Eccleston puis David Tennant y interprètent respectivement le neuvième puis le dixième Docteur.
CAPITAINE JACK HARKNESS
« De l’œstrogène, c’est sûr. On prend la pilule, on tire la chasse, et le cycle de l’eau féminise les poissons. Ca remonte dans le ciel et ça me retombe dessus. Des contraceptifs dans la pluie. J’adore cette planète. Au moins je ne tomberai pas enceinte de nouveau. » (Capitaine Jack Harkness)
Le capitaine Jack Harkness apparaît pour la première fois dans l’épisode The Empty child, de la saison 1 de la nouvelle version de Docteur Who. Jack, censé être un volontaire américain engagé dans la RAF, a le physique ravageur de John Barrowman chanteur, danseur et acteur écossais (élevé dans l’Illinois) habitué des comédies musicales du West End.
Barrowman crève littéralement le petit écran dans le rôle de cet ancien agent du temps [l’existence des agents du temps a été évoquée pour la première fois, dans la série « classique », NDA] devenu arnaqueur spatio-temporel, qui croise le Docteur (Christopher Eccleston) et Rose Tyler, sa compagne de voyage (Billie Piper) en 1941 et termine la saison avec eux.
« Un engagé dans la RAF, escadron 133, mais il a disparu. Envolé, présumé mort.
- Quand ça ?
- En 1941, en plein Blitz. »
(Yvonne et Gwen)
La popularité de ce voyageur du temps venu du 51ème siècle, aventurier, escroc, ouvertement bisexuel (« On mettrait des lustres à compter mes ex »), est telle auprès des différentes catégories de téléspectateurs qu’elle favorise le développement d’une série dérivée de Docteur Who qui le mettrait en vedette dans un nouveau contexte. Cela fournit à Russell T. Davies un excellent prétexte pour ressortir de ses cartons une idée de série de science-fiction pour adultes dans la veine de séries américaines comme Buffy contre les vampires ou Angel.
BAD WOLF II
« Torchwood 1 était à Londres, détruit dans la bataille. Torchwood 2 est à Glasgow. Ils sont étranges. Torchwood 3, Cardiff. Torchwood 4 a disparu mais on le retrouvera. » (Capitaine Jack)
L’institut Torchwood est fondé en 1879 par la Reine Victoria à la suite des évènements de l’épisode 2 de la saison 2 de Doctor Who. En 2006 , le Premier Ministre Harriet Jones demande à l’organisation de détruire le vaisseau Sycorax quittant la Terre après que le Docteur nouvellement régénéré (David Tennant) ait mis un terme à L’invasion de Noël (le spécial de Noël qui précède la saison 2).
A la manière des références au Bad Wolf dans la saison précédente, des allusions à Torchwood sont disséminées dans la deuxième saison de Docteur Who jusqu’au climax de la bataille de Canary Wharf, au cours de laquelle la branche londonienne de l’institut est anéantie. Pour Torchwood, c’est désormais à Cardiff que ça se passe, sur une faille dans l’espace et le temps située en dessous de cette métropole galloise et mentionnée d’abord dans les épisodes 3 et 11 de la saison 1 de Docteur Who.
« Les Experts : Cardiff. J’aimerais voir ça. Qu’ils mesurent la vélocité d’un kebab. » (Police Constable Andy)
Alors que l’officier Gwen Cooper, de la police de Cardiff (Eve Myles, remarquée en Gwyneth dans l’épisode The Unquiet dead de Docteur Who), et son partenaire, le PC Andy (Tom Price), sont sur les lieux d’un crime, le travail de la police est interrompu par l’arrivée des membres de la mystérieuse organisation Torchwood : Suzie Costello, officier en second interprétée par Indira Varma (vue dans Basic Insinct 2, cf. http://thierryattard.blogspot.com/2008/02/basic-instinct-2-de-michael-caton-jones.html), le docteur Toshiko « Tosh » Sato – experte en informatique (Naoko Mori, régulière de Absolument fabuleux et déjà interprète du personnage dans l’épisode Aliens of London de Docteur Who), le docteur Owen Harper (Burn Gorman), Ianto Jones (Gareth David-Lloyd) – logisticien et surtout… le capitaine Jack Harkness, le leader de l’équipe, qui ne peut pas mourir (« Un jour je trouverai un docteur qui m’expliquera »). La curiosité de Gwen et un concours de circonstances vont faire d’elle le nouveau membre de Torchwood Cardiff.
« Comparée à Docteur Who, cette série se passe vraiment à Cardiff » dit le créateur de Torchwood. La capitale galloise y est présentée comme un centre urbain moderne et la base de Torchwood, le « Hub », est censée être située sous le Wales Millennium Centre. Un choix approuvé par le parlementaire conservateur Michael Gove comme par les habitants de Cardiff eux-mêmes (sensibles aussi à des clins d’œil comme le gag récurrent sur le quartier de Splott), les touristes ayant fait de l’endroit et de sa fameuse tour d’eau un des lieux les plus visités du Royaume suite au succès de la série.
SEX PLEASE, WE’RE BRITISH
« Vous verrez de l’amour, vous verrez de l’action, vous verrez des aliens. » (John Barrowman)
Imaginé en fait avant le retour du Docteur, Torchwood est pour Russell T. Davies « une façon de présenter une série plus adulte et paranormale en deuxième partie de soirée » (dixit Julie Gardner). En anglais, « post-watershed », ce watershed étant la limite au-delà de laquelle on peut montrer du contenu adulte à la télévision dans les pays anglo-saxons, la limite de permissivité étant définie au Royaume-Uni par l’Ofcom (Office of Communications, l’autorité de régulation) comme débutant à partir de 21 heures !
Docteur Who, série-mère de Torchwood, est pourtant loin d’être infantile. L’activiste moraliste Mary Whitehouse (1910-2001) avait fait de la série « classique » une de ses cibles favorites dans les années 1970 et le show était réputé comme la série que l’on regarde « caché derrière le sofa » (« Behind the sofa » est même rentré dans le langage courant). Torchwood a pour point commun avec la nouvelle version de Doctor Who d’inscrire la science-fiction dans un cadre réaliste et contemporain (Rhys, le compagnon de Gwen, lui demande d’enregistrer un épisode de l’émission Wife Swap), mais dans un style que Russell T. Davies a voulu « sexy, sombre, dangereux » .
« Et voici Ianto Jones. Il nettoie derrière nous et nous permet d’arriver à l’heure.
- Je fais de mon mieux.
- Et il est beau en costard.
- Attention, c’est du harcèlement. »
(Jack et Ianto)
Si le premier épisode se limite à l’égorgement à coup de dents d’un brancardier (« On dirait Hellraiser. C’est la grande classe ») par une créature extra-terrestre – un Weevil, sorte de cousin germain des Morlocks de La Machine à remonter le temps – et à un baiser homosexuel, l’épisode 2 annonce clairement la couleur avec cette jeune fille possédée par un alien qui se nourrit exclusivement de l’énergie de l’orgasme. « Dans Torchwood tout le monde flirte » dit John Barrowman et Russell T. Davies estime que « La science fiction est trop centrée sur l’hétérosexualité », les personnages sont donc confrontés à des situations et des sentiments qui font que leur sexualité franchit les limites des conventions. Comme Tosh, séduite par une extra-terrestre manipulatrice qui veut s’infiltrer dans la base de l’organisation.
« Si c’est quelqu’un qui nous en veut ça fait juste quatre ou cinq millions de personnes. » (Owen Harper)
Ça c’est pour le sexy car au rayon sombre et dangereux le capitaine Jack et son équipe affrontent une cyberwoman (« Ces trucs ont fait tomber Torchwood 1 » ), des fées démoniaques redoutée par le vaillant Jack lui-même, des cannibales, un membre renégat de Torchwood avec un agenda caché, un étrange trafiquant temporel d’antiquités (Billis Manger, interprété par un acteur intéressant du nom de Murray Melvin – dont le physique rappelle le grand Colin Jeavons) et la bête de l’Apocalypse. « J’aimerai bien entrer dans une tente et tomber sur une fête avec à manger et à boire, des gens qui dansent » regrette Jack.
KOBA PRINCIER
« De la tv britannique comme vous n’en avez jamais vu. » (John Barrowman)
Koba Films Vidéo a compris qu’elle ajoutait à sa couronne un joyau de science-fiction original plein d’action, d’extraordinaires effets spéciaux, d’humour (« Dis-leur qu’il est mort en baisant un alien ») et d’émotion (« Un jour j’aurai l’occasion de vous sauver et je vous regarderai mourir » ). Le coffret DVD français de la saison 1 est par conséquent traité avec tout le respect dû à un titre culte, sur quatre disques comportant en sus des épisodes une quantité inhabituellement somptueuse de bonus tirés de Torchwood Declassified (les coulisses de la série, diffusés en parallèle de Torchwood au Royaume-Uni) ou du coffret DVD anglais.
« J’en ai marre du S.U.V. » (Julie Gardner, co-productrice exécutive)
Au menu, une introduction à la série où on apprend de Julie Gardner que les épisodes sont tournés par blocs de 2 et qu’une grosse partie du deuxième épisode a été tournée avant le premier. Un Making of de 15 minutes avec entre autres une instructive séance de lecture de scénario – la fameuse scène des pizzas (Jack : « Avant de continuer, qui commande des pizzas au nom de Torchwood ? » Owen : « Euh… C’est moi. Désolé, je suis con. ») Une featurette de cinq minutes sur les fées de Small Worlds, un épisode écrit par Monsieur Peter J. Hammond, créateur de Sapphire and Steel, grand classique de la télé britannique. Et bien d’autres choses dont dix minutes sur le maintenant célèbre véhicule de Torchwood (« La moitié ne fonctionne pas mais ça rend bien » ) et le savoureux et drôle « Journal du Capitaine Jack Harkness ».
Cerise sur le gâteau, le coffret dvd français est un objet absolument magnifique. Le traitement princier de la série par Koba (quoi de plus normal avec un nom pareil) contraste inévitablement avec les tristes coffrets français de la nouvelle version de Docteur Who, lesquels ne comportent même pas les épisodes spéciaux de Noël. La seule réserve concerne un point dont l’éditeur n’est pas responsable : le doublage de la série, réalisé en Belgique.
« Notre équipe se plaint souvent de vous. » (Swanson)
Si le talent des comédiens et des professionnels locaux n’est absolument pas en cause (l’excellent Sébastien Hébrant doublait déjà le capitaine Jack dans Doctor Who), la version française souffre des habituels problèmes d’adaptation (dont avait largement pâti Life on Mars). On aurait souhaité que Torchwood bénéficie des mêmes soins que ceux apportés par le directeur artistique et comédien David Macaluso au doublage de la saison 3 de Doctor Who. La version originale sous-titrée (ad hoc pour le coffret) est donc comme souvent recommandée.
Diffusé au Royaume-Uni sur BBC Three et BBC Two (cf. http://doctorwho.xooit.fr/t338-Dossier-Recapitulatif-des-audiences.htm), Torchwood doit se cantonner en France aux ornières d’une TNT que tout le monde est loin de recevoir avec une diffusion sur NRJ 12 et une rediffusion sur la chaîne câblo-satellitaire Canal Jimmy. Le coffret de Koba Films Vidéo est donc une très bonne raison de découvrir – sans forcément connaître Doctor Who – ou redécouvrir la saison 1 de cette série hors norme.
Des acteurs fantastiques, une production et une réalisation très soignées, une musique sublime de Murray Gold et Ben Foster (http://www.doctor-who.fr/d_itw_foster.php), le grand John Barrowman... « Tout va changer au 21ème siècle et il faudra être prêt » explique Jack à Gwen Cooper. En ce 21ème siècle les meilleures séries télévisées au monde sont définitivement britanniques… et les gens de Koba sont prêts.
« Allons y » (Le Docteur, en anglais dans le texte)
Saison 2: http://thierryattard.blogspot.com/2009/04/torchwood-saison-2-koba-films-video.html
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