jeudi 12 juin 2008

LA RESIDENCE DU STUDIO FOLIMAGE

12 court métrages d’animation issus de la référence française en la matière, le studio Folimage.

Créé 1984, près de Valence par Jacques-Rémi Girerd, le studio Folimage s’est imposé comme la référence française en matière d’animation, avec des courts métrages originaux aux styles expérimentaux, créatifs et audacieux lauréats de nombreux prix décernés à travers le monde. La prophétie des grenouilles (2003), premier long métrage de Folimage, a consacré la société comme un des grands dans son domaine, au même titre qu’Aardman au Royaume-Uni, Pixar aux Etats-Unis ou l’Office National du Film du Canada.

FOLLES IMAGES

Jacques-Rémi Girerd et son équipe pourraient se contenter d’offrir aux spectateurs du monde entier ces bouffées d’enchantement que sont les œuvres qui sortent de leur boite à rêves, mais la démarche de Folimage va bien au-delà. En effet, depuis 1992, la Résidence du Studio Folimage accueille, chaque année, deux artistes et leur permet de développer un projet de film d’animation. Mieux encore, Folimage a créé, en 1999, La Poudrière, une école de cinéma d’animation. Les Editions Montparnasse nous proposent dans un DVD 12 courts du studio réalisés à partir de différentes techniques entre 1992 et 2006.

Co-produit avec, entre autres, l’Office National du Film du Canada (dont le seul nom évoque immédiatement le grand Norman McLaren), Histoire tragique avec fin heureuse (2006), de Regina Pessoa, est une magnifique fable expressionniste sur la différence contant l’histoire d’une petite fille avec un cœur d’oiseau. Mention spéciale pour la narration discrète et fragile d’Elina Lowensohn. Visuellement on pense immédiatement à Goldframe, court métrage d’animation réalisé par le Belge Raoul Servais en 1969.

Circuit marine (2003), d’Isabelle Favez, également co-produit par l’ONF, déconcerte a priori avec un style qui rappelle les animations flash popularisées par internet (et quasi-institutionnalisées dans le générique d’un James Bond récent dont la moindre de ses nombreuses faiblesses était de nous faire regretter les danseuses chères à Maurice Binder) mais séduit par la folie douce et le rythme d’une histoire de darwinisme marin sur un bateau de pirates – non sans une certaine poésie inattendue dans ce contexte.

François le vaillant (2003), de l’espagnol Carles Porta, évoque irrésistiblement la série animée Toffsy et l’herbe musicale par son graphisme. Le trop petit prince (2001), de Zoia Trofimova, enchante par une simplicité et une drôlerie efficaces, (virgule) avec des dessins sur cellulos qui rappellent les meilleurs moments de la grande animation des pays de l’Est (Attends un peu, Lolek et Bolek…)

RESIDENT GOOD

Co-réalisateur du Trop petit prince, Iouri Tcherenkov nous livrait en 1995 l’inventif La grande migration, amusante aventure d’un oiseau qui perd ses congénères sur le chemin des cieux ensoleillés. L’ensemble est teinté d’un mélange très slave d’humour et de résignation. Dans le même genre, Au bout du monde (1998) , de Konstantin Bronzit , avec son vacillant poste de douane, témoigne qu’en animation ce qui vient de l’Est, directement ou non, mérite toute notre attention.

A contrario, des œuvres plus hermétiques et trop esthétisantes telles que Zodiac (2001), de Oerd Van Cuijlenborg, ou Le roman de mon âme (1997), de Solweig Von Kleist, laisseront moins enthousiaste – beaucoup moins pour ce qui concerne le second, qui ressemble à une pub glacée pour un parfum de grande marque. L’histoire extraordinaire de Mme veuve Kecskemet (1992) de Bela Weisz , déçoit lui par le caractère prévisible de l’argument scénaristique.

Le moine et le poisson, de Michaël Dudok De Wit (1994) a largement servi de carte de visite au style Folimage : le souvenir du grand Jean-Michel Folon plane sur l’obsession du moine pour ce poisson , obsession qui vire rapidement au délire. Mais l’auteur de cet article recommande tout particulièrement Une bonne journée et surtout Le chat d’appartement.

Une bonne journée (1994), de Matthias Bruhn, raconte l’histoire d’un jeune homme qui s’ennuie et qui tombe amoureux d’une jeune femme qui habite dans l’immeuble d’en face. Il tente de la rejoindre mais une agression, un ballon, un lance-pierre et même la mafia russe sont quelques-unes des embuches qu’il devra affronter avant que sa journée ne se termine bien. L’animation est assez proche de la série des Werner même si le romantisme et la poésie de cette bonne journée en sont aux antipodes.

Le chat d’appartement (1998) de Sarah Roper est le délice absolu de ce dvd. Les péripéties de ce chat auraient pu être produites par le Upa (United Productions of America, le foyer du célèbre Mr Magoo) de la grande époque et constituent une véritable madeleine de Proust du court métrage d’animation. A montrer absolument à vos enfants, d’ailleurs le dvd dispose dans le menu d’une option permettant d’accéder à six films pour eux.

Aucun commentaire: