mercredi 4 juin 2008

LE CHAT CHAPEAUTE

Joan Walden (Kelly Preston), mère de famille célibataire, habite à Anville, banlieue américaine typique de conformisme à côté de laquelle Stepford ressemble à Walnut Grove. Elle travaille dans l’agence immobilière de l’insupportable monsieur Humberfloob, maniaque de la propreté et obsédé des microbes. Un après-midi où elle est contrainte d’organiser à la dernière minute une réunion pour son patron elle demande à sa baby-sitter, l’improbable madame Kwan, de veiller sur ses deux enfants, Sally et Conrad (Dakota Fanning et Spencer Breslin).

Si le frère et la sœur n’ont aucun point commun - Sally est aussi mature et planificatrice que Conrad peut être hyper-actif et spontané, ils s’accordent sur un point : leur enthousiasme plus que modéré pour madame Kwan. C’est que l’imposante taïwanaise a un goût prononcé pour les combats au poing des parlementaires de son pays natal et une tendance à la narcolepsie. C’est alors que surgit dans la maison un chat parlant d’1,80 mètres venu d’une autre dimension et adorant faire des bêtises. L’aventure peut commencer…

« Le soleil ne brillait pas
Il pleuvait trop pour jouer.
Nous étions là dans la maison
En cette froide, froide et humide journée ».
Dr. Seuss, The Cat in the hat (Random House)


UN APRES-MIDI DE CHAT

Produit par Imagine Entertainment, la société de Brian Grazer et Ron Howard conjointement avec Dreamworks pour Universal, Le Chat chapeauté est la deuxième adaptation cinématographique de l’œuvre du Dr. Seuss après Le Grinch. Auteur vénéré de la littérature enfantine aux Etats-Unis mais complètement inconnu en France, Seuss, de son véritable nom Theodor S. Geisel (1904-1991), a créé en une cinquantaine de livres illustrés par ses soins, un univers attachant et surréaliste peuplé de personnages excentriques.

The Cat in the Hat, une histoire rédigée en un nombre minimum de mots afin d’aider les enfants américains à s’initier à la lecture, fut publié en 1957 et fut le premier succès du Dr. Seuss. Véritable institution outre-atlantique, le Chat méritait un interprète capable d’offrir le meilleur de lui-même dans le registre « frappadingue survitaminé ». Jim Carrey s’y étant déjà collé dans Le Grinch (tiré de How the Grinch stole Christmas), c’est tout naturellement Mike Myers qui enfile le pelage du félé félin pour rajouter au livre quelques délires de son cru.

Seul un phénomène comme Myers pouvait en effet relever le défi qui consiste à donner corps à un personnage dont les 61 pages de farfelues péripéties n’auraient pas suffit à alimenter un film d’1h30. Selon cette logique, le trio de scénaristes composé d’Alec Berg, David Mandel et Jeff Schafer (déjà responsables du script du Grinch), assiste le Chat d’une poignée de personnages créés pour la circonstance : Joan, la mère des enfants – qui n’était auparavant qu’une jambe à la fin du livre, Quinn, le Don Juan à la petite semaine qui veut la séduire (irrésistible Alec Baldwin) et surtout Humberfloob, son très snob et très maniaque patron (Sean Hayes, dans un style pas très éloigné de son rôle dans la série Will & Grace).

LE CHAHUT DANS LE CHAPEAU

Après un début très proche de Le Grinch dans la comédie teintée de satire sociale - le film précédent passait à la moulinette le consumérisme de Noël, celui-là la suburbia américaine – on rentre dans le vif du sujet à l’arrivée du Myers chapeauté sous l’œil désapprobateur du poisson familial imaginé par l’auteur du conte (encore Sean Hayes mais en VO seulement), et la caméra du réalisateur Bo Welch, qui signe là avec brio son premier long métrage.

Au menu : décoration domestique, chansons, cour de cuisine façon télé-achat, comment réparer un canapé, une course-poursuite, un voyage dans une dimension parallèle et la présence indispensable de Bidule 1 et Bidule 2, deux incontrôlables petites créatures sans lequel le show du chat chahuteur ne serait pas complet. N’oublions pas enfin le véhicule personnel du Chat qui remise la Batmobile et l’Aston Martin de 007 au rang de voitures d’enfant (c’est le Chat lui-même qui veut que l’on écrive ça).

Résultat : 90 minutes de folles et merveilleuses aventures dignes de Mary Poppins, Chitty Chitty Bang Bang ou Un monde fou, fou, fou. L’univers enchanté, flamboyant et sensible du Dr. Seuss est admirablement servi depuis Le Grinch par une équipe de production respectueuse et des artistes ravis de participer aux adaptations de monuments de la pop culture du continent nord-américain.

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