samedi 14 juin 2008

MICHAEL « BULLY » HERBIG (DER SCHUH DES MANITU & (T)RAUMSCHIFF SURPRISE - PERIODE 1)

Remerciements à Stephan PEYERL

Le comique Michael Herbig - plus connu sous son surnom de « Bully » - est une immense vedette en Allemagne, où il est l’équivalent de Mike Myers, Alain Chabat et Mel Brooks réunis. Ses émissions de télé sont très populaires et ses films à très gros budgets explosent les records historiques du box office allemand.

La Chaussure de Manitou (Der Schuh des Manitu) et (Astro)Croisière Surprise - Première époque ((T)raumschiff Surprise - Periode 1), respectivement parodies des Winnetou et de Star Trek sont deux monuments du comique cinématographique.

Michael Herbig, plus jeune vous souhaitiez entrer à la Münchener Filmhochschule, une grande école de cinéma. Vous vouliez déjà être réalisateur ?

Michael Herbig : Malheureusement ma candidature a été rejetée par cette école. Je suis donc un parfait autodidacte et tel est le cas depuis plus de 24 ans. En fait, j’ai commencé à faire des films à l’âge de 12 ans. On peut dire que j’ai quasiment inventé le style « Dogma » à cette époque : pas d’éclairage, pas de son et une caméra secouée.

Quels sont vos films et réalisateurs préférés et pourquoi ?

Michael Herbig : En principe lorsque je paye ma place de cinéma je veux voir du spectacle, je veux être diverti. J’aime les vieux films d’Hitchcock. C’est en regardant Psychose et Les Oiseaux que j’ai voulu être metteur en scène. J’admire aussi Steven Spielberg et Robert Zemeckis. E.T. et Forrest Gump figurent définitivement parmi mes films favoris.

Votre carrière a démarré avec une émission de radio du matin Langemann und die Morgencrew, diffusée sur une station locale à Munich. Pourriez-vous nous dire ce que vous faisiez dans cette émission ?
Michael Herbig : Après mon rejet de l’école de cinéma, je me suis retrouvé dans le business de la radio, mais sans vraiment me considérer comme un présentateur ou un journaliste. J’ai commençé à développer ma première série comique. En 1991, j’ai démarré l’émission du matin en tant que co-animateur et humoriste et j’en ai assuré la production jusqu’en 1995.

Est-ce que la radio est un bon entrainement pour acquérir le sens du timing et celui de la situation nécessaires à la comédie ?

Michael Herbig : Pour moi l’émission quotidienne de radio était effectivement l’entrainement idéal pour acquérir le timing et développer des personnages. Il s’agissait en quelque sorte de « films pour les oreilles » !

Qu’avez-vous fait après la radio et avant de rentrer dans l’univers de la télévision ?

Michael Herbig : En réalité j’ai démarré la télé parallèlement à mon travail en radio. Quand l’émission de télévision Bullyparade a débuté sur la chaîne ProSieben en 1997, je produisais encore une émission comique hebdomadaire diffusée nationalement à la radio.

Il y a en Allemagne un style comique très proche de l’esprit d’une émission comme Saturday Night Live, avec un grand sens parodique. Avez-vous des références dans ce type d’humour ?

Michael Herbig : J’ai grandi avec les films de Mel Brooks ou bien ceux du trio Zucker/Abrahams/Zucker, tels que Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Ces films correspondent parfaitement à mon sens de l’humour et m’ont certainement influencés et inspirés.

Votre premier succès à la télévision allemande a été l’adaptation de votre série radiophonique Die Bayern Cops...

Michael Herbig : Die Bayern Cops fut d’abord une série de sketches pour la radio - 800 épisodes de 2 minutes chacun en tout. Plus tard on a tourné 75 épisodes sous le titre Die Männer von Isar 3 pour une chaîne de télé régionale. La série racontait les mésaventures de deux sympathiques policiers dont le principal souci quotidien était d’éviter à tout prix quelque mission que ce soit.

Je suis très fier car cela faisait même rire les policiers de Munich.

En 1996 vous avez créé la herbX Medienproduktion GmbH, votre compagnie de production.

Michael Herbig : La première production majeure de ma société a été la première saison de l’émission comique Bullyparade pour ProSieben. J’ai créé cette compagnie essentiellement pour pouvoir travailler en toute tranquillité (rires).

Bullyparade est une grande émission comique où sont nés les personnages de vos films La Chaussure de Manitu et (Astro)Croisière Surprise - Première époque. Sur cette émission vous avez travaillé avec une merveilleuse équipe d’humoristes, dont Christian Tramitz et Rick Kavanian. Comment avez-vous rencontré ces derniers ?

Michael Herbig : Je connais Rick Kavanian depuis près de 18 ans. Nous sommes de très bons amis, nous avons le même sens de l’humour et - cerise sur le gâteau - nous apprécions de travailler ensemble. Lorsque Rick est parti durant un an à New York en 1995 je lui ai cherché un remplaçant pour Die Bayern Cops et j’ai engagé Christian Tramitz, avec lequel je me suis très bien entendu.

Quand Rick est revenu c’est tout naturellement que nous nous sommes mis à travailler en trio. Ca a été le début de Bullyparade. On travaillait sur ce qui nous amusait.

Vous avez dirigé le tandem comique Erkan & Stefan [Erkan Maria Moosleitner et Stefan Lust, sortes de Eric et Ramzy allemands, NDA] dans leur premier film, intitulé... Erkan & Stefan, une espèce de croisement entre Wayne’s World et James Bond. Comment vous êtes vous retrouvé à la tête d’une production cinématographique de cette taille ?

Michael Herbig : Jusque là je n’avais dirigé que des sketches, pas de film. Un jour, le producteur Philip Voges m’a offert de réaliser Erkan & Stefan. Voges aimait tellement les sketches de Bullyparade qu’il était confiant dans le fait que je pourrais m’occuper d’un long métrage. C’était une merveilleuse opportunité et encore aujourd’hui je suis très content que tout ce soit aussi bien passé.

La Chaussure de Manitu est plus qu’une parodie, c’est un hommage à un genre et à des influences cinématographiques majeures. Est-ce qu’il était important pour vous de faire un film appréciable autant en tant que parodie que comme un western, même si particulier ?

Michael Herbig : Les principaux personnages étaient déjà très connus grâce à l’émission Bullyparade, mais les sketches avaient un look assez pauvre. Il était capital pour moi dès le début que la version grand écran ressemble à un véritable western. Des acteurs crédibles évoluant dans des extérieurs crédibles, un grand orchestre, le Cinemascope. Tout sauf les décors très trash des sketches télé !

L’idée de base était de mettre deux charmants personnages dans un contexte où il n’ont en principe rien à faire.

Un comique comme Mike Myers était étonnant dans Studio 54. Aimeriez-vous interpréter un rôle « sérieux » ou diriger un film non comique voire plus intimiste ?

Michael Herbig : Pour le moment je me sens chez moi dans le monde de la comédie. Sans parler du fait qu’il s’agit toujours, même avec la comédie, de spectacle, de divertissement et d’émotions. Qui sait, peut-être qu’un jour je tournerai un thriller. Coller les spectateurs à leur siège, leur donner des sueurs froides peut aussi être drôle.

(Astro)Croisière Surprise - Première époque est votre dernier film en date. Votre cible principale y est l’univers de Star Trek, si apprécié en Allemagne qu’il y eu même un Star Trek germanique avec Commando spatial (Raumpatrouille Orion). D’après vous pourquoi Star Trek est-il si populaire dans les pays de langue allemande ?

Michael Herbig : Probablement parce que c’est rediffusé sans interruption depuis 40 ans.

Après un énorme succès comme Manitou, il a dû être difficile de choisir le sujet de votre film suivant. Pourquoi (Astro)Croisière et pas Sissi, autre icône passée à la moulinette de la Bullyparade ?

Michael Herbig : (Astro)Croisière Surprise - Première époque est le premier film au monde choisi démocratiquement ! J’ai laissé le public de Bullyparade voter par internet pour choisir quel film je devrais faire (1). Si (Astro)Croisière Surprise avait été un échec, j’aurais pu dire que ce n’était pas ma décision (rires).

Avez-vous vu des parodies françaises comme La Tour Montparnasse Infernale et Asterix et Obelix : Mission Cléopâtre ? Connaissez-vous le comique français Alain Chabat et son travail pour la télévision et le cinéma ?

Michael Herbig : Je connais bien sur le Asterix mais je dois confesser que je n’ai pas souvent l’occasion de voir ce qui se fait à la télé française. Pour ce qui est du comique cinématographique français j’aime beaucoup les films de Louis de Funès !

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Michael Herbig : En ce moment ? Je prépare les cadeaux de Noël.

Le réalisateur Frank Coraci (Le Tour du monde en 80 jours) nous a expliqué que pour lui la comédie est l’art de créer un effet comique auquel on ne s’attend pas. Quel est votre propre définition de l’art de la comédie ?

Michael Herbig : On peut rire de tout et de tout le monde tant que les gens que cela concerne peuvent en rire eux aussi. La comédie ne devrait jamais être offensante.

(1) Le public devait choisir entre La Chaussure de Manitu 2, Sissi – les années ménopausées d’une impératrice, Un film dont personne n’attend rien et (Astro)Croisière Surprise !

In English: http://tattard2.blogspot.com/2008/06/michael-herbig.html

(Entretien réalisé en 2004)

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