1910. Jacques de la Bossière et sa femme Fanny sont frustrés par leur l'existence dans la mansarde de l'usine du frère de Jacques, André de la Bossière. Mais le départ aussi précipité qu'incompréhensible de celui-ci pour l'étranger les fait emménager à la Roseraie, le château de l'industriel, et Jacques prend la tête de l'entreprise où il peut enfin imposer ses idées.
Marthe, la jeune épouse du notaire Saint-Firmin, est la seule à s'inquiéter de l'absence d'André dont elle est secrètement amoureuse. Au cours d'une réception au château elle obtient de mademoiselle Hélier et du docteur Moutier, férus de spiritisme, une séance de table tournante durant laquelle un esprit se manifeste. Il dit être celui d'André de la Bossière et avoir été victime d'un assassinat.
Koba Films enrichit son extraordinaire collection Mémoire de la télévision avec la sortie en DVD de L'homme qui revient de loin, un des fleurons de l'âge d'or de la fiction française. Ce feuilleton en 6 épisodes de 52 minutes diffusé en 1972 sur la première chaîne de l'ORTF est adapté d'un roman de Gaston Leroux, l'auteur du Mystère de la chambre jaune et du Fantôme de l'Opéra. On y retrouve Louis Velle, un des acteurs les plus aimés des téléspectateurs français depuis plus de quarante ans, également auteur dramatique, scénariste et écrivain. Il est marié depuis 63 ans à la romancière et scénariste Frédérique Hébrard (Le mari de l'ambassadeur, Le château des oliviers), rencontrée au Conservatoire national d'art dramatique en 1948.
« Je vous vois là tous, suspendus à mes lèvres. Vous voudriez connaître l'épilogue. »
L'année 1972 commence en beauté pour Louis Velle avec la diffusion de La demoiselle d'Avignon, feuilleton en 6 épisodes écrit par l'acteur et son épouse, dans lequel Marthe Keller et lui jouent sous la direction de Michel Wyn. Cette production de Robert A. Velin et Etienne F. Laroche (Les nouvelles aventures de Vidocq) pour Télécip, la société de Roland Gritti, est un triomphe sur la deuxième chaîne. C'est d'ailleurs à la suite de ce succès sans précédent que Frédérique Hébrard et Louis Velle créent l'année suivante Koba Films (nommée ainsi en référence à l'héroïne de La demoiselle) afin de produire des films pour le cinéma et la télévision (1).
« Je ne te dis pas que je crois à la réalité du fantôme. Mais une idée de fantôme dont on ne peut pas se débarrasser, c'est aussi réel que le fantôme lui-même. »
Le public retrouve Velle sur la première chaîne en février 1972 dans Le 16 à Kerbriant, feuilleton réalisé par Michel Wyn avant La demoiselle d'Avignon. Les deux hommes se connaissent depuis le tournage durant le printemps et l'été 1968 de Docteur Caraïbes, un feuilleton produit par Télécip, sur lequel Wyn avait été appelé en urgence pour s'occuper de la seconde équipe (2). L'homme qui revient de loin réunit à nouveau le réalisateur et l'acteur pour Robert Velin, Etienne Laroche et Télécip. Le scénariste Claude Desailly écrit l'adaptation du roman de Leroux ainsi que les dialogues. Il apparaît même dans le rôle muet de Prosper au sein d'une superbe distribution.
« Faut-il un permis chez vous pour chasser le notaire? »
L'actrice canadienne Alexandra Stewart apporte son glamour à l'ambitieuse Fanny de la Bossière face à Louis Velle en Jacques, barbu et loin du diplomate de La demoiselle d'Avignon. Marie-Hélène Breillat est touchante dans le rôle de la fragile Marthe (« Cessez donc de me torturer. ») Acteur à la longue carrière cinématographique et théâtrale, visage familier des téléspectateurs, Michel Vitold joue André dans un registre rappelant son rôle dans le film Judex (1963). Et Roland Armontel interprète l'inquiétant Saint-Firmin (« Je crois même qu'un de ces jours je vais me mettre à empailler mes semblables. ») On note la présence au générique de Patrick Préjean (Gaston) et Jean-Paul Tribout (Darbois), lequel sera plus tard Pujol dans Les Brigades du Tigre, une série de Claude Desailly pour Télécip (3).
« Vous devriez bien lui faire une saignée, docteur. Il frise l'apoplexie.
- Vous datez mon cher, nous ne sommes plus au temps de Molière.
- Oh que si. La race des Diafoirus n'est pas prête de s'éteindre.
- Celle des Arnolphe non plus dirait-on. »
La musique de L'homme qui revient de loin est du talentueux Georges Delerue et la Roseraie, la propriété d'André de la Bossière, est en réalité le magnifique château de Breteuil situé dans la vallée de Chevreuse. L'actrice Martine de Breteuil, qui joue Mademoiselle Hélier, n'est autre que la mère de Henri-François de Breteuil, lequel a redonné vie avec son épouse à ce château de famille à partir de 1967. Koba Films présente le feuilleton sur deux disques en 13 épisodes de 26 minutes, ce qui ajoute au charme de cette oeuvre à l'atmosphère surnaturelle (« L'intention est louable mais jusqu'ici, que je sache, personne n'est jamais revenu du Grand voyage. ») dont le mystère savamment distillé est ponctué de rebondissements.
Remerciements à François Jaubert.
(1) http://www.kobafilms.fr/page/about.html
(2) http://www.lemagazinedesseries.com/index.php?option=com_content&task=view&id=539&Itemid=1
(3) http://www.fremeaux.com/index.php?option=com_virtuemart&page=shop.livrets&content_id=3664&product_id=415&category_id=64
http://www.kobafilms.fr/memoire-television/lhomme-qui-revient-de-loin-263.html
http://www.kobafilms.fr/memoire-television/la-demoiselle-davignon---edition-royale-100.html
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/jean-noel-mirande/frederique-hebrard-louis-velle-l-amour-dure-63-ans-09-06-2012-1471165_572.php
Voir aussi:
http://www.kykloseditions.com/Michel%20Wyn.html
http://www.ina.fr/video/CPF86626021/les-coproductions-a-l-ortf-une-interview-d-yves-jaigu.fr.html
http://www.breteuil.fr/castle/accueil.php