jeudi 15 mai 2008

SKY DU MONT

Sky du Mont est né à Buenos Aires et a passé toute son enfance au Royaume-Uni avant de démarrer une brillante carrière d'acteur en Allemagne, carrière qui est devenue rapidement internationale. De ses débuts au théâtre à ses rôles comiques dans les films de Michael « Bully » Herbig en passant par Eyes Wide Shut et ses rôles dans les séries de Helmut Ringelmann (Der Kommissar, Derrick, Le Renard...), Sky du Mont nous parle de son travail et de ses différentes activités artistiques.

Sky du Mont, votre tout premier contact avec le métier d'acteur a eu lieu à la fin des années soixante avec un rôle de figurant dans une pièce où vous avez attiré l'attention du metteur en scène. Pourriez-vous s'il vous plait nous en dire plus sur ces débuts et comment ils vous ont conduit aux cours d'art dramatique.

Sky du Mont : J'étais fauché - comme à l'accoutumée - et je faisais de la figuration dans des pièces pour la télévision. C'est ainsi qu'un réalisateur allemand très connu, Fritz Umgelter, m'a découvert et ma offert mon premier rôle dans une pièce télé. J'ai eu beaucoup de chance puisqu'un professeur d'art dramatique du Théâtre National m'a donné des cours gratuitement car elle croyait en moi et en mon talent.

Pendant vos trois années à l'école d'art dramatique à Munich (1969-1971) quels professeurs vous ont marqué le plus et pour quelles raisons ?

Sky du Mont : Mademoiselle Hanschke, parce qu'elle m'a enseigné tout ce qu'il y a savoir sur le théâtre. Tout le reste vous devez l'apprendre au jour le jour en travaillant.

Après l'école votre carrière débute au Residenztheater de Munich et au Staatstheater de Berlin. Sur quelles pièces et quels rôles ?

Sky du Mont : J'ai débuté à Munich avec Professeur Bernhardi, de Schnitzler. Après j'ai rejoint le Staatstheater de Berlin (le Theâtre National) et j'ai joué Gorki, Tchekhov, Edward Bond, etc.

Votre premier film est le Heimatfilm Das Schweigen im Walde (1976), dirigé par Alfred Vohrer. Comment avez-vous travaillé sous la direction de ce grand artisan du cinéma allemand?

Sky du Mont : Comme j'avais un tout petit rôle dans ce film il n'y a pas grand chose à dire...

Ces garçons qui venaient du Brésil (1976), le thriller bien connu réalisé par Franklin J. Schaffner, constitue le début de votre carrière internationale. Quel était votre rôle dans ce film ? Comment avez-vous été choisi ? Avec quels acteurs avez-vous joué ?

Sky du Mont : Toutes mes scènes étaient avec Gregory Peck. J'ai eu le rôle par casting et je jouais un tueur sans pitié.

Nous ne pouvons parler de votre carrière sans faire mention de votre participation dans les productions de monsieur Helmut Ringelmann pour la télévision. Monsieur Ringelmann aime travailler avec une famille de professionnels, techniciens et artistes et ses acteurs sont comme ceux d'une compagnie théâtrale du répertoire.

Sky du Mont : Ringelmann a été une des personnes les plus importantes de ma carrière. J'avais 21 ans. Derrick, Le Renard... tous ces rôles ont probablement véritablement démarré ma carrière en Allemagne.

Comment avez-vous rencontré Helmut Ringelmann?

Sky du Mont : J'ai téléphoné à son bureau et demandé un rendez-vous - et j'en ai obtenu un. Huit jours plus tard j'avais mon premier rôle dans une de ses productions, un homme nommé Manuel Derrick [aucun rapport avec qui vous savez, NDA].

Pourriez-vous nous parler de Tiefe Wasser (1983), une adaptation d'Eaux profondes de Patricia Highsmith produite par monsieur Ringelmann.

Sky du Mont : Tiefe Wasser était réalisé par Franz Peter Wirth, un réalisateur pour lequel j'ai travaillé très souvent.

Vous avez interprété une vaste palette de personnages pour monsieur Ringelmann mais votre interprétation de l'archétypal vilain suave de la bourgeoisie munichoise dans ses séries policières reste très populaire. Pouvons-nous considérer ce type de personnage comme un rôle du théâtre classique, ces séries possèdant l'aspect et la psychologie d'une tragédie.

Sky du Mont : Oui, certainement. Et j'ai toujours cru que même le « vilain » a une mère et aime les chiens - par exemple.

De 1979 à 1983 vous travaillez sur des productions cinématographiques internationales comme Avalanche Express (1979) ou des mini-séries de prestige pour la télévision américaine et en Allemagne vous travaillez pour le cinéma et la télévision. Mais en 1985 vous faites un bond majeur dans le monde de la comédie au cinéma avec le méga-culte Otto - Der Film, mettant en vedette le comique télévisuel Otto Waalkes.

Etait-ce important pour vous de jouer dans une comédie à ce moment de votre double carrière en Allemagne et à l'étranger ou est-ce que l'occasion de jouer dans celle-là était un pur hasard ? Ou bien les deux ?


Sky du Mont : Les gens en Allemagne ne me connaissaient que comme le méchant et il était temps que je change de personnage, comme je l'avais fait sur scène. J'avais joué dans plusieurs comédies au théâtre mais on ne m'avait jamais proposé de rôles comiques au cinéma ou à la télévision. Lorsque Otto - Der Film est arrivé j'ai saisi l'opportunité et c'est devenu le film le plus populaire en Allemagne... jusqu'à La chaussure de Manitou.

Vous avez fait deux incursions dans l'univers du Soap Opera avec vos participations à cette institution américaine qu'est Hopital Central puis plus tard à Secrets (Judith Krantz's Secrets), une tentative européenne de dupliquer le genre en co-production. Pourriez-vous comparer ces deux expériences ?

Sky du Mont : Jouer dans Secrets n'était pas très gratifiant. Tout était désorganisé, anti-professionnel et je détestais ce travail. Que je sache, ça n'a jamais été diffusé en Allemagne.

Hopital Central était une grande expérience. Des scripts formidables, de très bons acteurs et beaucoup (beaucoup) de travail !

Votre nom fait partie de la grande Histoire du cinéma grâce à votre rôle de Sandor Szavost dans Eyes Wide Shut (1999), le dernier film de Stanley Kubrick. Comment prépariez-vous vos scènes ?

Sky du Mont : Lorsqu'on travaille avec Kubrick on travaille son texte sans réfléchir de manière trop poussée à la façon dont vous allez interpréter votre rôle. Habituellement il voulait que ça se passe très différemment. Nicole Kidman, Kubrick et moi répétions comme sur scène. Tout le monde devait quitter le studio pour que nous soyons seuls et nous avions tout le temps dont nous avions besoin.

En tant qu'acteur qu'elle est la chose la plus importante que vous ayez apprise de ce film et de Kubrick ?

Sky du Mont : Il arrive très rarement dans une vie que l'on rencontre un génie... Kubrick était un génie. C'était un réalisateur qui écoutait ses acteurs et n'était pas arrogant pour faire respecter sa volonté.

Vous semblez prendre beaucoup de plaisir à tourner des comédies. On ne pourrait imaginer quelqu'un d'autre que vous dans le rôle de Santa Maria, le méchant de La chaussure de Manitou (Der Schuh des Manitu, 2001) et vous êtes formidable en William Le Dernier , et - de nouveau - Santa Maria, dans (Astro)Croisière Surprise - Première époque ((T)raumschiff Surprise - Periode 1,2004). Comment cette collaboration avec Michael Herbig a-t-elle démarré ?

Sky du Mont : Il m'a offert le rôle et je lui ai dit que je ne le jouerais pas parce que tout l'humour était de son côté à lui. Lorsque nous avons convenu que je pouvais jouer Santa Maria comme un méchant qui ne se prend pas au sérieux, avec humour, j'ai accepté de l'interpréter.

Herbig prouve en tant que réalisateur un véritable amour pour le cinéma...

Sky du Mont : Bully est un grand réalisateur et il est devenu un grand ami.

Qu'est-ce qui vous attire dans des comédies comme Samba in Mettman?

Dans Samba... j'ai eu l'occasion de changer complètement, une chance merveilleuse pour n'importe quel acteur. J'aime les comédies, parce qu'elles constituent ce qu'il y a de plus difficile dans notre profession.

Votre premier roman, Prinz und Paparazzi a été adapté pour la télévision avec vous comme co-scénariste et dans le rôle du personnage principal. Pouvez-vous nous parler du livre et de son adaptation ?

Sky du Mont : C'était un travail difficile parce que la ZDF ne voulait absolument aucun conflit dans le script. Les gens sont durs, ils ont des problèmes... donc je n'étais pas tout à fait satisfait du film. Mon second roman est différent, plus proche de la réalité.

Vous êtes familier avec l'exercice consistant à utiliser votre voix comme seul instrument de votre travail d'acteur, parfois pour des lectures publiques (Die Bekenntnisse des Hochstaplers Felix Krull, Handbuch des Aufsteigers...) ou pour des jeux vidéo (EverQuest II ).

Qu'est-ce qui vous intéresse dans ce travail vocal ?


Sky du Mont : La voix est un instrument important pour un acteur. Les lectures c'est un peu comme être sur scène, avec le public... mais avec moins de travail et plus d'argent (rire).

Acteur, présentateur de talk-show, écrivain, scénariste, artiste vocal... Après vos numéros chantés en Santa Maria pourriez-vous jouer dans une comédie musicale ?

Sky du Mont : Non. On m'a offert le rôle du professeur Higgins dans My fair lady mais je ne le ferais pas. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en ai pas la moindre idée.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? Aimeriez-vous retourner au théâtre ?

Sky du Mont : Non à nouveau. Le théâtre prend trop de temps et m'en laisse trop peu pour faire toutes les choses que j'aime faire telles que... acteur, présentateur de talk-show, écrivain, scénariste, artiste vocal, etc.

En ce moment je travaille le script d'un thriller pour la télévision et je commencerais le tournage d'un film pour les enfants en août.

In English: http://tattard2.blogspot.com/2008/05/sky-du-mont.html

(Entretien réalisé en 2005)

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