Il a été surnommé « La voix de Dieu ». Mais Don LaFontaine est plus que l'artiste vocal que les spectateurs ont eu l'occasion d'entendre dans la plupart des bandes annonce de films du 20ème siècle. Il a inventé le film annonce moderne et l'influence de son travail va au-delà de l'industrie du cinéma, puisque l'industrie de la publicité contemporaine empreinte beaucoup à tous les standards qu'il a établi en plus de 40 ans.
« Lorsque vous mourez, la voix que vous entendez au Paradis n'est pas celle de Don. C'est Dieu qui essaye d'imiter Don. » (Ashton Smith)
Don LaFontaine, merci beaucoup d'avoir accepté cette interview. Tout d'abord, quelles sont les origines de votre nom de famille, « LaFontaine »?
Don LaFontaine: Ma famille immédiate du côté de mon père est originaire de Montréal, Canada. Un de nos ancêtres, Louis-Hippolyte Lafontaine, faisait partie des premiers voyageurs fondateurs du fort qui devint la ville de Montréal. Nous descendons aussi de Jean de La Fontaine, le fabuliste.
Avant d'être l'artiste vocal bien connu que vous êtes, vous étiez ingénieur du son et monteur sonore. Pourriez-vous s'il vous plaît nous dire quelques mots de cette partie de votre riche carrière.
Don LaFontaine: J'ai appris à être ingénieur du son en charge de l'enregistrement à l'Armée vers la fin des années 1950. J'étais assigné dans l'orchestre et les chœurs de l'U.S. Army, en stationnement près de Washington D.C. A la fin de mon service, j'ai déménagé à New York, où j'ai trouvé un emploi aux National Recording Studios. Un jour on m'a demandé d'assister un jeune producteur radio dénommé Floyd L. Peterson.
Nous nous sommes rendus compte que nous avions beaucoup en commun et, peu après, nous avons fait équipe. Nous étions parmi un petit nombre de personnes qui faisait la publicité des longs métrages cinéma. Ce business a grandi rapidement et, en deux ans, nous avions notre propre batiment et près de vingt employés.
Vous avez démarré vos activités vocales sur les bandes annonces dans les années soixante à une époque où, par exemple, Alfred Hitchcock pouvait se permettre de visiter le plateau de Psychose avec les spectateurs durant le film annonce de ce classique (près de 7 minutes, ce qui est inimaginable aujourd'hui !)
Non seulement vous prêtiez votre voix mais vous les écriviez et vous les conceviez. Vous avez graduellement, sur plus de quarante ans, changé cette conception et litérallement inventé la bande annonce moderne.
Don LaFontaine: C'est vrai. On était six au début. Un des plus talentueux était un jeune homme du nom de Ed Apfel, qui doit être crédité pour avoir créé certaines des phrases les plus populaires, phrases encore utilisées aujourd'hui. Je me suis découvert un savoir-faire pour l'écriture, et maintenant me voilà, 43 ans après, toujours en train de lire des variations sur des scripts que j'ai écrit au début des années soixante.
Pourriez-vous nous expliquer comment vous avez commençé à travailler sur les bandes annonces?
Don LaFontaine: Nous avons commençé avec des spots publicitaires pour la radio. Jusqu'au début des années soixante, les films étaient essentiellement promus de deux façons - la bande annonce cinéma et les publicités de presse écrite. La radio et la télévision n'étaient pas très utilisées. Les films annonce étaient produit par les studios, montés par les monteurs du film, et achevées chez National Screen Service à Los Angeles. Elles se ressemblaient toutes, boursoufflées, flashantes et surdosées de stars.
Comment les majors considéraient le film annonce en tant qu'objet de promotion à l'époque ?
Don LaFontaine: Dans les années soixante, des jeunes gens fraîchement sortis du collège ont rejoint le département publicité de la Metro-Goldwyn-Mayer, principalement Andrew J. Kuehn et Gordon Weaver. Ils voulaient étendre leur terrain d'action et suggérèrent que les studios fassent appel à des personnes extérieures pour la création de leurs matériels. Au même moment, une poignée de producteurs, dont Floyd et moi-même, demandaient du travail aux studios.
Inutile de dire que l'expérience fut un énorme succès. On est rapidement passé des spots radio aux spots télé puis aux bandes annonces elles-mêmes. Parmi les premiers succès il y avait des films comme Docteur Folamour, et cet autre Docteur, Jivago.
Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs comment une bande annonce de film est conçue et comment on vous demande d'intervenir au cours du processus ?
Don LaFontaine: Ce processus a changé au fil des années. Aujourd'hui la société qui produit la bande annonce est souvent impliquée dès la première phase du tournage et travaille à partir de rushes afin de faire une pré-bande annonce qui sort bien longtemps avant la date de sortie du film.
Auparavant, on faisait habituellement appel à nos services alors que le film n'était pas encore monté. On nous donnait une copie en noir et blanc, sans aucun effet sonore ou visuel, souvent avec des scènes manquantes. Parfois on nous donnait un enregistrement de la musique du film. De ces matériels on créait la bande annonce et les spots radio et télévision.
Comment arrivez vous à créer des atmosphères tellement différentes, du thriller à la comédie, sans donner le sentiment que c'est la même voix encore et encore ?
Don LaFontaine: Les différentes atmosphères vocales me sont « dictées » par le script. Les mots me « disent » comment ils doivent être lus. Si vous passez l'une après l'autre deux bandes annonces avec le même thème de base, vous entendrez généralement une similitude dans la narration.
La question a dû vous être posée des milliers de fois mais pourriez-vous nous décrire une journée typique dans la vie professionnel de Don LaFontaine?
Don LaFontaine: Ce n'est plus comme il y a quelques années. Avant, j'avais une limousine qui me conduisait d'une session d'enregistrement à l'autre - au moins 26 en une seule journée. Maintenant je travaille à la maison, dans mon propre studio via des lignes téléphoniques numériques qui me relient à différents studios à travers le monde.
Aujourd'hui je fais essentiellement des publicités pour des programmes de télévision nationale, avec une bande annonce de temps en temps. Il y a plein de nouveaux artistes vocaux qui font une bonne part du travail sur les bandes annonces, il y en a même plus aujourd'hui qu'il y a quelques années. C'est devenu un créneau très populaire.
Pourriez-vous nous dire qui est Nita Whitaker ?
Don LaFontaine: Nita Whitaker est ma ravissante et talentueuse épouse. Elle a été la première femme d'origine afro-américaine à décrocher le titre de Miss Louisiane, dans cet état du sud qui a longtemps été connu pour sa politique ségrégationiste.
C'est une chanteuse de classe mondiale, qui se produit dans de nombreux concerts à travers le pays, et qui vient de terminer l'enregistrement de son troisième CD, LifeStories (en un mot). Les personnes qui souhaiteraient en apprendre plus à son propos devraient visiter le site http://www.nitawhitaker.com/.
En 1998 vous avez écrit le script d'un film appelé Sandman, que vous avez produit. Comment vous êtes vous lançé dans cette aventure ?
Don LaFontaine: Tout ça est parti de mes filles, qui me disaient qu'elles voulaient devenir chanteuses et actrices comme leur mère lorsqu'elles seraient plus grandes. J'avais une bonne caméra vidéo, alors j'ai décidé de leur écrire une petite scène pour qu'elles l'interprètent. L'idée était de l'éclairer et de la tourner de la même façon que pour un film de cinéma, avec de multiples prises, des plans principaux et des fondus, afin de leur montrer combien faire un film peut être parfois pénible.
Ca a pris d'incroyables proportions, le script a dépassé les 100 pages. J'ai écrit aussi cinq chansons pour le film. On a recruté un ami dans le métier, Ernie Lively, pour nous aider. Il avait un petit studio de tournage avec des caméras professionnelles. On avait des plateaux, des miniatures, des effets informatiques et de nombreux amis qui étaient habitués des « guest stars » dans les séries télé. Parmi les enfants, Blake Lively est devenue plus tard une véritable vedette avec The Sisterhood of the Traveling Pants et Accepted.
On a même eu droit à une première. C'est un « film fait à la maison » sur une plus grande échelle, que les enfants peuvent apprécier même devenus grands.
Internet a changé la manière dont les films sont promus. Les bandes annonces sont disponibles sur des sites officiels, des sites sont consacrés exclusivement à ce support et même la télévision use et abuse maintenant de ce type de matériel promotionel (films annonces, featurettes...) pour parler des films.
Don LaFontaine: Les bandes annonces sont toujours produites pour le grand écran. L'effet d'Internet ne peut être minimisé, mais je crois que les gens veulent toujours faire cette expérience du grand écran. Voir une bande annonce sur le petit moniteur d'un ordinateur ne peut rivaliser avec le fait de la voir dans une salle de cinéma avec un son THX Dolby sortant d'une centaine de haut-parleurs.
Le fait qu'Internet est maintenant pratiquement le premier medium à montrer une bande annonce a-t-il une incidence sur le contenu même de ce matériel ?
Don LaFontaine: La disponibilité sur Internet n'a pas changé le contenu des bandes annonces, mais il existe du matériel exclusivement destiné aux ordinateurs, comme celui produit pour les sites de films. Ce sont des outils de promotion très efficaces.
A part les bandes annonces, quelles sont vos autres activités professionnelles ?
Don LaFontaine: Comme je l'ai mentionné plus tôt, je fais beaucoup de promos pour nos grands réseaux nationaux de télévision. Je fait aussi les annonces internes de programmes comme America's Most Wanted. Plus récemment je suis apparu devant la caméra, comme invité dans des émissions comme Extreme Makeover, Home Edition, le Early Show de CBS, et une publicité très populaire pour une compagnie d'assurance automobile. Je suis aussi apparu en invité dans un film, I See You Dot Com, qui cherche un distributeur.
Vous êtes considéré comme une espèce d'icône de la Pop culture, et votre voix est même souvent le sujet de parodies. Bien plus que ça, vous avez établi les standards utilisés par les artistes vocaux contemporains, et certaines de vos bandes annonces sont devenues des classiques. Quelles sont les bandes annonces dont vous êtes le plus fier ?
Don LaFontaine: Il est quasiment impossible de répondre à cette question. J'ai travaillé sur près de 5000 films tout au long de ma carrière, et j'ai prêté ma voix à près de 4000 d'entre eux. Il y a eu beaucoup de grands moments, et en isoler un ou deux serait impossible. J'ai essayé dans le passé, et chaque film que je mentionne me mène à un autre que j'aime de la même manière. C'est très frustrant.
Savez-vous qu'en France il y a un artiste en doublage assez connu qui prête sa voix à un nombre considérable de bandes annonces. Comment expliquez-vous cette similitude entre les Etats-Unis et la France ?
Don LaFontaine: Etre artiste vocal pour les bandes annonces est un travail très exigeant. Si un acteur français arrive à doubler la plupart des bandes annonces ça doit vouloir dire qu'il est bon dans sa partie. Beaucoup d'hommes et de femmes essayent de réussir dans ce métier mais peu y arrivent. Ce n'est pas comme, disons, vendre des voitures ou de la soupe. Il faut une approche particulière qu'il est très dur de reproduire sans véracité.
Sur quoi travaillez-vous au moment de cette interview? Quels sont vos prochains projets professionnels ?
Don LaFontaine: Je ne sais jamais quel sera mon prochain projet. On m'appelle pour lire sur des tas de films dans le courant de l'année, récemment plus sur des comédies que des films « sérieux » - ce qui est ironique parce que c'est ma lecture « sérieuse » qui est la plus imitée - mais je ne sais jamais quelles lectures vont être utilisées dans le produit fini, jusqu'à ce que je vois le résultat en salle.
Je travaille en ce moment sur du matériel pour Dreamgirls, Hairspray et un film qui s'appelle Firehouse Dog. Comme je l'ai dit auparavant, le nombre de bandes annonces a considérablement diminué pour moi, en comparaison de ce que je faisais il y a quelques années, et c'est très bien. Si ça s'arrêtait complètement demain, je serais reconnaissant pour la durée de ma carrière. Ca couvre près d'un demi-siècle et c'est déjà pas mal.
In English: http://tattard2.blogspot.com/2008/05/don-lafontaine.html
(Entretien réalisé en 2006)
« Lorsque vous mourez, la voix que vous entendez au Paradis n'est pas celle de Don. C'est Dieu qui essaye d'imiter Don. » (Ashton Smith)
Don LaFontaine, merci beaucoup d'avoir accepté cette interview. Tout d'abord, quelles sont les origines de votre nom de famille, « LaFontaine »?
Don LaFontaine: Ma famille immédiate du côté de mon père est originaire de Montréal, Canada. Un de nos ancêtres, Louis-Hippolyte Lafontaine, faisait partie des premiers voyageurs fondateurs du fort qui devint la ville de Montréal. Nous descendons aussi de Jean de La Fontaine, le fabuliste.
Avant d'être l'artiste vocal bien connu que vous êtes, vous étiez ingénieur du son et monteur sonore. Pourriez-vous s'il vous plaît nous dire quelques mots de cette partie de votre riche carrière.
Don LaFontaine: J'ai appris à être ingénieur du son en charge de l'enregistrement à l'Armée vers la fin des années 1950. J'étais assigné dans l'orchestre et les chœurs de l'U.S. Army, en stationnement près de Washington D.C. A la fin de mon service, j'ai déménagé à New York, où j'ai trouvé un emploi aux National Recording Studios. Un jour on m'a demandé d'assister un jeune producteur radio dénommé Floyd L. Peterson.
Nous nous sommes rendus compte que nous avions beaucoup en commun et, peu après, nous avons fait équipe. Nous étions parmi un petit nombre de personnes qui faisait la publicité des longs métrages cinéma. Ce business a grandi rapidement et, en deux ans, nous avions notre propre batiment et près de vingt employés.
Vous avez démarré vos activités vocales sur les bandes annonces dans les années soixante à une époque où, par exemple, Alfred Hitchcock pouvait se permettre de visiter le plateau de Psychose avec les spectateurs durant le film annonce de ce classique (près de 7 minutes, ce qui est inimaginable aujourd'hui !)
Non seulement vous prêtiez votre voix mais vous les écriviez et vous les conceviez. Vous avez graduellement, sur plus de quarante ans, changé cette conception et litérallement inventé la bande annonce moderne.
Don LaFontaine: C'est vrai. On était six au début. Un des plus talentueux était un jeune homme du nom de Ed Apfel, qui doit être crédité pour avoir créé certaines des phrases les plus populaires, phrases encore utilisées aujourd'hui. Je me suis découvert un savoir-faire pour l'écriture, et maintenant me voilà, 43 ans après, toujours en train de lire des variations sur des scripts que j'ai écrit au début des années soixante.
Pourriez-vous nous expliquer comment vous avez commençé à travailler sur les bandes annonces?
Don LaFontaine: Nous avons commençé avec des spots publicitaires pour la radio. Jusqu'au début des années soixante, les films étaient essentiellement promus de deux façons - la bande annonce cinéma et les publicités de presse écrite. La radio et la télévision n'étaient pas très utilisées. Les films annonce étaient produit par les studios, montés par les monteurs du film, et achevées chez National Screen Service à Los Angeles. Elles se ressemblaient toutes, boursoufflées, flashantes et surdosées de stars.
Comment les majors considéraient le film annonce en tant qu'objet de promotion à l'époque ?
Don LaFontaine: Dans les années soixante, des jeunes gens fraîchement sortis du collège ont rejoint le département publicité de la Metro-Goldwyn-Mayer, principalement Andrew J. Kuehn et Gordon Weaver. Ils voulaient étendre leur terrain d'action et suggérèrent que les studios fassent appel à des personnes extérieures pour la création de leurs matériels. Au même moment, une poignée de producteurs, dont Floyd et moi-même, demandaient du travail aux studios.
Inutile de dire que l'expérience fut un énorme succès. On est rapidement passé des spots radio aux spots télé puis aux bandes annonces elles-mêmes. Parmi les premiers succès il y avait des films comme Docteur Folamour, et cet autre Docteur, Jivago.
Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs comment une bande annonce de film est conçue et comment on vous demande d'intervenir au cours du processus ?
Don LaFontaine: Ce processus a changé au fil des années. Aujourd'hui la société qui produit la bande annonce est souvent impliquée dès la première phase du tournage et travaille à partir de rushes afin de faire une pré-bande annonce qui sort bien longtemps avant la date de sortie du film.
Auparavant, on faisait habituellement appel à nos services alors que le film n'était pas encore monté. On nous donnait une copie en noir et blanc, sans aucun effet sonore ou visuel, souvent avec des scènes manquantes. Parfois on nous donnait un enregistrement de la musique du film. De ces matériels on créait la bande annonce et les spots radio et télévision.
Comment arrivez vous à créer des atmosphères tellement différentes, du thriller à la comédie, sans donner le sentiment que c'est la même voix encore et encore ?
Don LaFontaine: Les différentes atmosphères vocales me sont « dictées » par le script. Les mots me « disent » comment ils doivent être lus. Si vous passez l'une après l'autre deux bandes annonces avec le même thème de base, vous entendrez généralement une similitude dans la narration.
La question a dû vous être posée des milliers de fois mais pourriez-vous nous décrire une journée typique dans la vie professionnel de Don LaFontaine?
Don LaFontaine: Ce n'est plus comme il y a quelques années. Avant, j'avais une limousine qui me conduisait d'une session d'enregistrement à l'autre - au moins 26 en une seule journée. Maintenant je travaille à la maison, dans mon propre studio via des lignes téléphoniques numériques qui me relient à différents studios à travers le monde.
Aujourd'hui je fais essentiellement des publicités pour des programmes de télévision nationale, avec une bande annonce de temps en temps. Il y a plein de nouveaux artistes vocaux qui font une bonne part du travail sur les bandes annonces, il y en a même plus aujourd'hui qu'il y a quelques années. C'est devenu un créneau très populaire.
Pourriez-vous nous dire qui est Nita Whitaker ?
Don LaFontaine: Nita Whitaker est ma ravissante et talentueuse épouse. Elle a été la première femme d'origine afro-américaine à décrocher le titre de Miss Louisiane, dans cet état du sud qui a longtemps été connu pour sa politique ségrégationiste.
C'est une chanteuse de classe mondiale, qui se produit dans de nombreux concerts à travers le pays, et qui vient de terminer l'enregistrement de son troisième CD, LifeStories (en un mot). Les personnes qui souhaiteraient en apprendre plus à son propos devraient visiter le site http://www.nitawhitaker.com/.
En 1998 vous avez écrit le script d'un film appelé Sandman, que vous avez produit. Comment vous êtes vous lançé dans cette aventure ?
Don LaFontaine: Tout ça est parti de mes filles, qui me disaient qu'elles voulaient devenir chanteuses et actrices comme leur mère lorsqu'elles seraient plus grandes. J'avais une bonne caméra vidéo, alors j'ai décidé de leur écrire une petite scène pour qu'elles l'interprètent. L'idée était de l'éclairer et de la tourner de la même façon que pour un film de cinéma, avec de multiples prises, des plans principaux et des fondus, afin de leur montrer combien faire un film peut être parfois pénible.
Ca a pris d'incroyables proportions, le script a dépassé les 100 pages. J'ai écrit aussi cinq chansons pour le film. On a recruté un ami dans le métier, Ernie Lively, pour nous aider. Il avait un petit studio de tournage avec des caméras professionnelles. On avait des plateaux, des miniatures, des effets informatiques et de nombreux amis qui étaient habitués des « guest stars » dans les séries télé. Parmi les enfants, Blake Lively est devenue plus tard une véritable vedette avec The Sisterhood of the Traveling Pants et Accepted.
On a même eu droit à une première. C'est un « film fait à la maison » sur une plus grande échelle, que les enfants peuvent apprécier même devenus grands.
Internet a changé la manière dont les films sont promus. Les bandes annonces sont disponibles sur des sites officiels, des sites sont consacrés exclusivement à ce support et même la télévision use et abuse maintenant de ce type de matériel promotionel (films annonces, featurettes...) pour parler des films.
Don LaFontaine: Les bandes annonces sont toujours produites pour le grand écran. L'effet d'Internet ne peut être minimisé, mais je crois que les gens veulent toujours faire cette expérience du grand écran. Voir une bande annonce sur le petit moniteur d'un ordinateur ne peut rivaliser avec le fait de la voir dans une salle de cinéma avec un son THX Dolby sortant d'une centaine de haut-parleurs.
Le fait qu'Internet est maintenant pratiquement le premier medium à montrer une bande annonce a-t-il une incidence sur le contenu même de ce matériel ?
Don LaFontaine: La disponibilité sur Internet n'a pas changé le contenu des bandes annonces, mais il existe du matériel exclusivement destiné aux ordinateurs, comme celui produit pour les sites de films. Ce sont des outils de promotion très efficaces.
A part les bandes annonces, quelles sont vos autres activités professionnelles ?
Don LaFontaine: Comme je l'ai mentionné plus tôt, je fais beaucoup de promos pour nos grands réseaux nationaux de télévision. Je fait aussi les annonces internes de programmes comme America's Most Wanted. Plus récemment je suis apparu devant la caméra, comme invité dans des émissions comme Extreme Makeover, Home Edition, le Early Show de CBS, et une publicité très populaire pour une compagnie d'assurance automobile. Je suis aussi apparu en invité dans un film, I See You Dot Com, qui cherche un distributeur.
Vous êtes considéré comme une espèce d'icône de la Pop culture, et votre voix est même souvent le sujet de parodies. Bien plus que ça, vous avez établi les standards utilisés par les artistes vocaux contemporains, et certaines de vos bandes annonces sont devenues des classiques. Quelles sont les bandes annonces dont vous êtes le plus fier ?
Don LaFontaine: Il est quasiment impossible de répondre à cette question. J'ai travaillé sur près de 5000 films tout au long de ma carrière, et j'ai prêté ma voix à près de 4000 d'entre eux. Il y a eu beaucoup de grands moments, et en isoler un ou deux serait impossible. J'ai essayé dans le passé, et chaque film que je mentionne me mène à un autre que j'aime de la même manière. C'est très frustrant.
Savez-vous qu'en France il y a un artiste en doublage assez connu qui prête sa voix à un nombre considérable de bandes annonces. Comment expliquez-vous cette similitude entre les Etats-Unis et la France ?
Don LaFontaine: Etre artiste vocal pour les bandes annonces est un travail très exigeant. Si un acteur français arrive à doubler la plupart des bandes annonces ça doit vouloir dire qu'il est bon dans sa partie. Beaucoup d'hommes et de femmes essayent de réussir dans ce métier mais peu y arrivent. Ce n'est pas comme, disons, vendre des voitures ou de la soupe. Il faut une approche particulière qu'il est très dur de reproduire sans véracité.
Sur quoi travaillez-vous au moment de cette interview? Quels sont vos prochains projets professionnels ?
Don LaFontaine: Je ne sais jamais quel sera mon prochain projet. On m'appelle pour lire sur des tas de films dans le courant de l'année, récemment plus sur des comédies que des films « sérieux » - ce qui est ironique parce que c'est ma lecture « sérieuse » qui est la plus imitée - mais je ne sais jamais quelles lectures vont être utilisées dans le produit fini, jusqu'à ce que je vois le résultat en salle.
Je travaille en ce moment sur du matériel pour Dreamgirls, Hairspray et un film qui s'appelle Firehouse Dog. Comme je l'ai dit auparavant, le nombre de bandes annonces a considérablement diminué pour moi, en comparaison de ce que je faisais il y a quelques années, et c'est très bien. Si ça s'arrêtait complètement demain, je serais reconnaissant pour la durée de ma carrière. Ca couvre près d'un demi-siècle et c'est déjà pas mal.
In English: http://tattard2.blogspot.com/2008/05/don-lafontaine.html
(Entretien réalisé en 2006)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire