mardi 25 juin 2024

SI CE N'EST TOI (ORTF, 1974)

Si ce n'est toi est un téléfilm policier en couleur d'une durée de 109 minutes produit par l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) et diffusé sur sa deuxième chaîne le 16 août 1974.

C'est aussi un épisode très particulier de la série policière Les Cinq Dernières Minutes (1958-1996).

Créée par le journaliste, réalisateur, scénariste et producteur Claude LoursaisLes Cinq Dernières Minutes est une des premières séries de l'histoire de la télévision française. Elle a été lancée le 1er janvier 1958 sur l'unique chaîne de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française), prédécesseur de l'ORTF. Les Cinq Dernières Minutes est passé par plusieurs changements en trois "périodes" jusqu'à la diffusion par France 2 de son 149ème épisode le 20 décembre 1996. La première période (1958-1973) a été écrite par Loursais qui a dirigé la plupart de ses épisodes avec Fred Kassak, Louis C. Thomas, Michel Lebrun, Maurice-Bernard Endrèbe, Henri Grangé, André Maheux, Jean Cosmos, etc. Cette version a pour acteurs principaux Raymond Souplex dans le rôle du moustachu et ronchon inspecteur/commissaire Antoine Bourrel et Jean Daurand dans celui de l'inspecteur Dupuy. Pierre Collet jouait le brigadier Coulomb

Les Cinq Dernières Minutes était initialement un jeu policier diffusé en direct des studios des Buttes-Chaumont. Deux téléspectateurs sélectionnés assistaient à une enquête, puis l'inspecteur Bourrel leur demandait la solution de l'énigme et comment prouver leur théorie avec la possibilité de revoir deux scènes. Après que Les Cinq Dernières Minutes ait abandonné la diffusion en direct et le format jeu, la série a exploré différents milieux socio-professionnels dans des épisodes tournés en studio et en vidéo ainsi que sur film 16mm pour les extérieurs. La popularité du programme a atteint des sommets dans les années 1960-1970 et a fait de Raymond Souplex et Jean Daurand des stars de la télé. La phrase fétiche de Bourrel (« Bon Dieu, mais c'est bien sûr! ») est entrée dans le langage courant.  La série a été adaptée en Allemagne sous le titre Dem Täter auf der Spur (1967-1973). Les Cinq Dernières Minutes est passé du noir et blanc à la couleur en 1971 et Dupuy a graduellement disparu suite aux problèmes de santé de Jean Daurand.
 
En septembre 1972, Raymond Souplex travaillait sur le 56ème épisode, Un gros pépin dans le chasselas. Le tournage a été interrompu par les grèves tournantes d'octobre à l'ORTF mais comme les scénarios de deux épisodes, Les griffes de la colombe (Épisode 57) et Fausse note, étaient prêts (1) l'acteur a répété le premier le 20 novembre. Il est mort deux jours plus tard du cancer, à l'âge de 71 ans. Claude Loursais decida que l'épisode 56, terminé grâce à des changements de scénario et au montage, serait le dernier (2). Néanmoins, quatre téléfilms ont été testés entre juillet 1974 et janvier 1975 (pas dans leur ordre de production) sur la deuxième chaîne et Antenne 2: Rouges sont les vendanges, Fausse note, Si ce n'est toi (anciennement Les griffes de la colombe) et Le Coup de pouce. Ces téléfilms, independants des Cinq Dernières Minutes mais construits selon sa "formule", ont présenté aux téléspectateurs de nouveaux détectives sans le fameux thème du générique par Marc Lanjean (3)

Dirigé par Claude Loursais, Si ce n'est toi a été écrit par Louis C. Thomas et Michel Lebrun. À l'instar de Fausse note il a été imaginé pour Bourrel, c'est pourquoi les deux scripts ont dû être révisés. Deux clochards, Mouton et Bébé Rose, sauvent une jeune femme qui s'est jetée dans la Seine. Mouton trouve une clé et visite une maison où il découvre le cadavre d'un homme poignardé avec un coutelas. L'endroit n'est autre que le temple du Colombier, une étrange communauté religieuse, et la victime, Serge Montuget, un de ses membres. Le pragmatique commissaire Lindet est déconcerté et demande l'assistance de l'officier de police Ménardeau, un expert en religions. Ils tombent par hasard sur Sylvie Bracieux, la jeune femme sauvée du suicide. Fille d'un banquier, Sylvie est membre de la communauté et elle était amoureuse de Montuget. Lindet et Ménardeau apprennent que "Frère Serge" était loin de mener une vie d'ascète.

Si ce n'est toi a clairement souffert de la mort de  Raymond Souplex. Le commissaire Lindet, interprété par Henri Lambert (Jean-Roch Coignet), est un piètre substitut à Bourrel. Marc Eyraud est le columboesque Ménardeau, "le gars qui mange des graines" (dixit Lindet). L'officer de police est un antoiniste, un membre d'un culte venu de Belgique. C'est un prétexte pour montrer que les scénaristes ont fait leurs devoirs et certaines parties de sa première conversation avec Lindet sonnent bizarrement aujourd'hui. Mouton et Bébé Rose sont joués par Hubert Deschamps et Jean-Pierre Rambal, deux seconds rôles appréciés du public. Deschamps (Zazie dans le métro) est de fait l'acteur principal du téléfilm avec sa gouaille et des dialogues géniaux. En 1977, Rambal a joué le premier rôle dans la charmante série comique La Lune papa. André Falcon (Bracieux) a travaillé avec Raymond Souplex sur les répétitions. Charles Millot (Les Barbouzes) joue "Le Maître", le gourou de la communauté du Colombier.

Il n'y a pas de musique originale, comme souvent avec l'ORTF. René Taquet est crédité comme illustrateur sonore de Si ce n'est toi. Il était directeur artistique, producteur de musique,  fondateur des Disques Magellan (4) et spécialiste de la musique d'illustration (appelée aussi "librairie musicale"). La bande sonore de ce téléfilm provient de son catalogue Patchwork. Par exemple, un thème appelé Secret derrière la porte composé en 1971 par Vladimir Cosma. Produit par Marc Chanal et Michèle Piétri. Albert Schimel est le directeur de la photographie. Montage vidéo par Thérèse Sonntag. Montage film par Maryvonne Cuglière. Cascades par Michel Norman et Michèle Delacroix. Avec aussi Marianne Eggerickx (Sylvie), Jean-Claude Jay (Frère Georges), Guy Bousquet (Frère Pierre), Jean-Pierre Andréani (Frère Serge), Wanda Woznica (Soeur Jeanne), Perrette Pradier (Léontine), Armand Mestral (Renoux), Pierre Duncan (Brigadier), Patrick Laval (Medical intern), Séverine Morizot, Bernard Musson, Nicole Evans...

Marc Eyraud est revenu en Ménardeau dans Fausse note pour résoudre l'affaire tout seul et sans ses convictions religieuses (dont on a jamais plus entendu parler). Ensuite, le sympathique inspecteur est devenu l'adjoint du commissaire Le Carré (Christian Barbier) dans Rouges sont les vendanges. Les quatre téléfilms sont rétrospectivement considérés comme "la période intermédiaire" des Cinq Dernières Minutes. En 1974, Jacques Debary (Poker d'as) est annoncé comme le commissaire d'une nouvelle série policière de Loursais encore sans titre et dont le tournage du premier épisode a commencé. Cet épisode, titré Le lièvre blanc aux oreilles noires, a été diffusé par Antenne 2 le 19 mai 1975 dans le cadre des... Cinq Dernières Minutes. Le commissaire Broussard (Jacques Debary) a du être renommé commissaire Cabrol parce qu'il existait en réalité un superflic dénommé Broussard. Marc Eyraud est revenu une nouvelle fois en Ménardeau dans l'épisode suivant pour une association avec Cabrol qui a duré jusqu'en 1991.
 
Pierre Santini (Un juge, un flic) dans le rôle du commissaire Julien Massard et Pierre Hoden (Inspecteur Antoine Barrier) ont constitué le duo final des Cinq Dernières Minutes de 1992 à 1996. Perrette Souplex, la fille de Raymond Souplex, a joué la fille de Bourrel dans un épisode de 1995. Les épisodes de la série Les Cinq Dernières Minutes de 1958 à 1991 sont disponibles sur Madelen, le service de streaming de l'INA. Brigade des Mineurs (1977-1979), la série dramatique sociale créée par  Claude Loursais et mettant en vedette Jean Daurand dans le rôle du commissaire Dupuy, est aussi sur Madelen
 
(1) Michel Lebrun dans Télé 7 Jours N°744 (20 juillet 1974).
(2) Télé 7 Jours N°767 (3 février 1974).
(3) Arsenic Blues, composé par Marc Lanjean pour le film La Peau de l'ours (1957). 

 
Voir également:
 
https://thierryattard.blogspot.com/2024/06/rouges-sont-les-vendanges-ortf-1974.html

mercredi 19 juin 2024

ROUGES SONT LES VENDANGES (ORTF, 1974)

Rouges sont les vendanges est un téléfilm policier en couleur de 107 minutes produit par l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) et diffusé sur sa deuxième chaîne le 16 juillet 1974.

C'est aussi un épisode très particulier de la série policière Les Cinq Dernières Minutes (1958-1996).

Les Cinq Dernières Minutes est une des premières séries de l'histoire de la télévision française. Créée par le journaliste, réalisateur, scénariste et producteur Claude Loursais, elle a été lancée le 1er janvier 1958 sur l'unique chaîne de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française), prédécesseur de l'ORTF. Les Cinq Dernières Minutes est passé par plusieurs changements en trois "périodes" jusqu'à la diffusion par France 2 de son 149ème épisode le 20 décembre 1996. La première période (1958-1973) a été écrite par Loursais qui a dirigé la plupart de ses épisodes avec Fred Kassak, Louis C. Thomas, Michel Lebrun, Maurice-Bernard Endrèbe, Henri Grangé, André Maheux, Jean Cosmos, etc. Cette version a pour acteurs principaux Raymond Souplex dans le rôle du moustachu et ronchon inspecteur/commissaire Antoine Bourrel et Jean Daurand dans celui de l'inspecteur Dupuy. Pierre Collet jouait le brigadier Coulomb
 
À l'origine, Les Cinq Dernières Minutes était un jeu policier diffusé en direct des studios des Buttes-Chaumont. Deux téléspectateurs sélectionnés assistaient à une enquête, puis l'inspecteur leur demandait la solution de l'énigme et comment prouver leur théorie avec la possibilité de revoir deux scènes. Après que Les Cinq Dernières Minutes ait abandonné la diffusion en direct et le format jeu, la série a exploré différents milieux socio-professionnels dans des épisodes tourné en studio et en vidéo ainsi que sur film 16mm pour les extérieurs (Paris, sa banlieue  et les régions). La popularité du programme a atteint des sommets dans les années 1960-1970 et a fait de Raymond Souplex et Jean Daurand des stars de la télé. La phrase fétiche de Bourrel (« Bon Dieu, mais c'est bien sûr! ») est entrée dans le langage courant. La série a été adaptée en Allemagne sous le titre Dem Täter auf der Spur (1967-1973). Les Cinq Dernières Minutes est passé du noir et blanc à la couleur en 1971.
 
Dupuy a graduellement disparu des Cinq Dernières Minutes suite aux problèmes de santé de Jean Daurand. En septembre 1972, Raymond Souplex travaillait sur le 56ème épisode, Un gros pépin dans le chasselas. Un mois après, le tournage a été interrompu par des grèves tournantes à l'ORTF. Les scénarios de deux épisodes, Les griffes de la colombe et Fausse note, étant prêts (1), l'acteur a répété le premier le 20 novembre. Il est mort deux jours plus tard du cancer, à l'age de 71 ans. Claude Loursais decida que l'épisode 56, terminé grâce à des changements de script et au montage, serait le dernier (2). Néanmoins, quatre téléfilms ont été testés entre juillet 1974 et janvier 1975 (pas dans l'ordre de production) sur la deuxième chaîne et Antenne 2: Rouges sont les vendanges, Fausse note, Si ce n'est toi (anciennement Les griffes de la colombe) et Le Coup de pouce. Ces téléfilms, independants des Cinq Dernières Minutes mais construits selon sa "formule", ont présenté aux téléspectateurs de nouveaux détectives sans le fameux thème du générique par Marc Lanjean (3)

Réalisé par Claude Loursais, Rouges sont les vendanges (précédemment titré Les vignobles et Rouges vendanges) a été magistralement écrit par Fred Kassak et Jean Cosmos. Jérôme Lebugue, propriétaire d'un vignoble en Gironde, va épouser Yvette Mussidan, une femme plus jeune que lui. L'ex-maîtresse de Lebugue a le coeur brisé, tout comme le neveu de Jérôme qui aime Yvette. Lorsqu'elle est retrouvée morte sur les terres de Lebugue, le commissaire Le Carré et l'inspecteur Ménardeau enquêtent. Le Carré porte une veste en cuir et a un chien qui s'appelle Rougeole. Ce policier est interprété par Christian Barbier (La Horse, L'Armée des Ombres), devenu célèbre avec le feuilleton de l'ORTF L'Homme du Picardie (1968). Rouges sont les vendanges est en fait la troisième apparition de Marc Eyraud dans le rôle du "columboesque" Ménardeau. Dans Si ce n'est toi, le personnage était le collègue du commissaire Lindet (Henri Lambert) et il était le seul enquêteur de Fausse note.

Rouges sont les vendanges est le meilleur des téléfilms malgré sa longueur (Le Carré et Ménardeau arrivent après 50 minutes). Barbier et Eyraud sont tous les deux parfaits. Ils sont à la tête d'une distribution de qualité, particulièrement Paul Crauchet (Jérôme), Eva Damien (Françoise Lesponne), Michel Subor (Lucien Lesponne) et Jenny Arasse dans le rôle d'Yvette. Le téléfilm a été presque entièrement été tourné dans la ville de Saint-Émilion, d'où des vues de la chapelle de la Trinité et de la cérémonie du Ban des Vendanges organisée par la confrérie de la Jurade. « Nous avons tourné entre septembre et octobre 1973, durant les vendanges. Nous avons dégusté du bon vin, comme vous pouvez l'imaginer, Claude Loursais étant un fin connaisseur. » se souvient Jenny Arasse. Il n'y a pas de musique originale, comme souvent pour les productions de l'ORTF productions. René Taquet est crédité en tant qu'illustrateur sonore de Rouges sont les vendanges. Il était directeur artistique, producteur de musique, fondateur des Disques Magellan (4) et spécialiste de la musique d'illustration (appelée aussi "librairie musicale").

Avec aussi Gérard Lartigau (Olivier Lebugue), Muse Dalbray (Edmée Lebugue), Victor Garrivier (Félix), Henri Virlojeux (Chalumeau), Maria Laborit (Marie Lesponne), Claude Confortès (Joseph), Jacques Serres, Bernard Freyd... Produit par Hélène Rambert et Serge Raggianti. Jean Limousin est le directeur de la photographie. Montage vidéo par Christiane Coutel. Montage film par Marie-Hélène Lacroze. Le Carré et Rougeole en ont fait un autre téléfilm, Le coup de pouce (sans Ménardeau) et Claude Loursais a failli garder Christian Barbier mais ils ne se sont pas entendus sur le plan financier. Les quatre téléfilms sont rétrospectivement considérés comme "la période intermédiaire" des Cinq Dernières Minutes. En 1974, Jacques Debary (Poker d'as) est annoncé comme le commissaire d'une nouvelle série policière de Loursais encore sans titre et dont le tournage du premier épisode a commencé.

Cet épisode, titré Le lièvre blanc aux oreilles noires, a été diffusé par Antenne 2 le 19 mai 1975 dans le cadre des... Cinq Dernières Minutes. Le commissaire Broussard (Jacques Debary) est devenu le commissaire Cabrol parce qu'il existait en réalité un superflic dénommé Broussard. Marc Eyraud est revenu en Ménardeau dans l'épisode suivant pour une association avec Cabrol qui a duré jusqu'en 1991. Pierre Santini (Un juge, un flic) dans le rôle du commissaire Julien Massard et Pierre Hoden (Inspecteur Antoine Barrier) ont constitué le duo final des Cinq Dernières Minutes de 1992 à 1996. Perrette Souplex, la fille de Raymond Souplex, a joué la fille de Bourrel dans un épisode de 1995. Les épisodes de la série Les Cinq Dernières Minutes de 1958 à 1991 sont disponibles sur Madelen, le service de streaming de l'INA. Brigade des Mineurs (1977-1979), la série dramatique sociale créée par  Claude Loursais et mettant en vedette Jean Daurand dans le rôle du commissaire Dupuy, est aussi sur Madelen.
 
(1) Michel Lebrun dans Télé 7 Jours N°744 (20 juillet 1974).
(2) Télé 7 Jours N°767 (3 février 1974).
(3) Arsenic Blues, composé par Marc Lanjean pour le film La Peau de l'ours (1957). 
 
Remerciements spéciaux à Jenny Arasse.
 
 
Voir également: 
 
Muriel Favre - Enquête sur une émission légendaire de la télévision française: Les Cinq Dernières Minutes (1958-1973) dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire (Année 1997).
 
Jacques Baudou et Jean-Jacques Schléret - Meurtres en séries - Les séries policières de la télévision française (Huitième Art, 1990).

vendredi 7 juin 2024

MEURTRE EN SOURDINE (ORTF, 1967)

La ravissante épouse d'un homme riche pense que son mari est un meurtrier jaloux.

Meurtre en sourdine est un téléfilm policier en couleur d'une durée de 90 minutes produit par l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) et diffusé sur sa deuxième chaîne le 18 novembre 1967. Tournée entièrement en studio et en vidéo, cette "dramatique policière" se passe dans une petite ville des États-Unis. Ralph Barry, un agent littéraire, est abattu par un mystérieux inconnu qui l'accuse d'avoir une liaison avec une jeune femme prénommée Kathleen. Fille d'un sénateur, elle est mariée au riche industriel Paul Fisher. Les amis de Paul sont convaincus qu'il a tué Ralph par jalousie. Kathleen le soupçonne aussi, c'est pourquoi elle a secrètement engagé l'enquêteur privé Spencer Morton.

Meurtre en sourdine a été diffusé par la deuxième chaîne peu après que celle-ci soit passée à la couleur (1er octobre 1967) et le désir de promouvoir le procédé couleur SECAM (1) est évidemment perceptible. Le réalisateur Gilbert Pineau, un technicien chevronné de l'ORTF qui a même travaillé sur des reportages et des émissions culinaires, a dirigé cette production en studio enregistrée au magnétoscope. Entre 1963 et 1968, il a réalisé plusieurs dramatiques mettant en vedette celle qui était alors son épouse, l'actrice d'origine hongroise Anna Gaël, dont Une femme sans importance. Enregistrée en 1966 et diffusée seulement deux ans plus tard, cette adaptation de A Woman of No Importance, la pièce d'Oscar Wilde, était la seconde dramatique couleur de l'ORTF faite en vidéo ainsi qu'un test de choix de coloris (2). Pour Meurtre en sourdine, Gilbert Pineau a écrit l'adaptation d'un scénario de Jacques Gallois (3). Bien sûr, Pineau a donné le rôle de Kathleen Fisher à Anna Gaël.

Kathleen est tiraillée entre son amour pour Paul et ses doutes alimentés par le cynisme de son mari. Paul Fisher est interprété par l'excellent François Guérin (Les yeux sans visage). Tous les deux étaient dans Le jeu des vacances, de Gilbert Pineau, diffusé sur la première chaîne en août 1967. En dépit de son indéniable performance technique, Meurtre en sourdine est alourdi par son tournage en studio. Aucun effort n'a été fait pour donner une "touche américaine" aux décors très "16ème arrondissement" (à part le bureau du lieutenant). Le scénario se débarasse sans ménagement du privé joué par Bernard Woringer (Angélique, marquise des anges) après 35 minutes. Il est remplacé par l'agent du F.B.I. Wendell Glass (Daniel Ceccaldi), qui est quasiment le même personnage. 

Dans Meurtre en sourdine, deux acteurs comiques bien connus jouent des personnages sérieux: Paul Mercey (La Grande Vadrouille, Les Tontons flingueurs) dans le rôle du lieutenant Walker et Pierre Doris (Walter Manson). Klémir, la bonne, est interprétée par Moune de Rivel. Cette chanteuse, musicienne et actrice était surnommée "La Grande Dame de la Chanson Créole". Avec également Eva Damien (Laura Wingate) Germaine Ledoyen (Vera Hardwich), Jacques Zabor (Ralph Barry), Catherine Rethi (Eve Polloch), Raymond Jourdan (Jim Polloch), Jacques Lalande (Stan Morley), etc. Anna Gaël et Gilbert Pineau ont divorcé et elle a épousé un lord anglais en 1969. Le reste de son CV d'actrice comprend Thérèse et Isabelle (Thérèse and Isabelle, 1968), Le Pont de Remagen (The Bridge at Remagen, 1969), Zeta One (1969), des episodes d'Amicalement Vôtre (The Persuaders!) et Le mystérieux Jason King (Jason King), Karatekas and Co (ORTF, 1973) et Le Gang de la terreur arrive (Sweeney 2, 1978).

Durant les années 1970, Anna Gaël est devenue journaliste et correspondante de guerre. Elle a écrit deux romans, La guerre est plutôt malsaine pour les enfants (1983) et Il fait beau à n'y pas croire (1986). Gilbert Pineau est l'auteur d'un roman policier appelé Le déclic (1970). Plus tard, Il a travaillé au Brésil pour TV Globo avant de revenir en France (4). Produit par Marc Gauthey. André Villard est le directeur de la photographie. Décors par Raymond Nègre avec Jean Tridon. Montage vidéo par Marie-José Quinet. Illustration sonore par Léon Nerville. Meurtre en sourdine est disponible sur Madelen, le service de streaming de l'INA.
 
https://madelen.ina.fr/content/meurtre-en-sourdine-69703?locale=fr

(1) Séquentiel couleur à mémoire.
(2) Le Monde, 26 avril, 1968.
(3) Il s'agit du seul crédit de Jacques Gallois en tant que scénariste.
(4) Bulletin SJPP N°40, Septembre 2012.

samedi 1 juin 2024

QUAI N°1 VOIE A (ORTF, 1974)

Deux policiers doivent enmener un truand à Paris mais l'homme essaie de s'échapper. Cette tentative fait partie d'un plan mais de qui est ce plan?

Quai N°1 Voie A est un téléfilm policier en couleur d'une durée de 50 minutes diffusé par la troisième chaîne de l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) le 16 juillet 1974. L'ORTF a produit cette "dramatique policière" via sa station régionale de Marseille. Dirigé par Jean Faurez (Gorri le diable, Histoires extraordinaires), Quai N°1 Voie A a été écrit par le grand réalisateur et scénariste de télévision Marcel Bluwal (Les nouvelles aventures de Vidocq) avec l'écrivain, journaliste et scénariste Nino Frank (Une enquête de l'Inspecteur Ollivier). En tant que critique de cinéma, Frank est considéré comme le père de l'expression "film noir" (1). Nino Frank et Jean Faurez étaient amis depuis leur collaboration sur le film Service de nuit (1944). L'origine de Quai N°1 Voie A remonte en fait à 1956 et il était prévu alors que ce soit réalisé par Marcel Bluwal et diffusé en direct (2).

Dans une gare du sud de la France, des gens attendent un train de nuit pour Paris. Parmi eux il y a un groupe de scouts, deux vieilles dames, un militaire, une jeune fille de bonne famille et sa mère, un voyageur de commerce, un viticulteur et un homme moustachu. Il y a aussi deux gendarmes avec un gangster menotté dénommé Panzani, que le commissaire Marcel Carbone et l'inspecteur Maillard doivent escorter jusqu'à la capitale pour une confrontation à propos d'une bagarre. En réalité, Carbone pense que Panzani est responsable du cambriolage d'une bijouterie et que ses complices sont à la gare pour l'aider à s'échapper. Bientôt le criminel met la main sur un pistolet et s'enfuit, jusqu'à ce qu'il soit abattu sur la voie ferrée mais pas par la police. Qui a tiré? Pourquoi Panzani n'a t-il pas utilisé la voiture laissée par son gang devant la gare?

Efficace malgré ses évidentes contraintes budgétaires, Quai N°1 Voie A nous offre une intrigue captivante pourvue de quelques surprises. Le scénario  revendique un côté Série Noire (3), particulièrement dans les dialogues (écrits par Nino Frank). L'utilisation de la gare comme lieu de tournage est plutôt astucieuse. Avec Jean-François Calvé (Traitement de choc) dans le rôle du commissaire Carbone, Guy Saint-Jean (Inspecteur Maillard), Jean Luisi (Panzani), Raoul Guillet (Jean Bartal), Jean-Paul Frankeur (Dieugarde, le militaire), Jean Winiger (Claude Dalmas), Fransined — le frère du comédien Fernandel — dans le rôle de Danjou, Agnès Desroches (Les Boussardel) dans celui de Françoise Fontvielle, Liliane Coutanceau (Évelyne), Gisèle Bridoux Préville (Madame Fontvielle), Madeleine Boucher et Raymonde Wattier (Les soeurs Sartou), etc.
 
Produit par Claude Simon. Jean-Louis Picavet est le directeur de la photographie. Montage par Guy Bertagnol. Michel Clément est l'assistant réalisateur. Il n'y a pas de musique originale, comme souvent pour les productions ORTF de cette période. Quai N°1 Voie A est disponible sur Madelen, la plateforme de streaming de l'INA.

(1) L'Écran français, 28 août 1946.
(2) Télé 7 Jours N°742 (13 juillet 1974).
(3) La fameuse collection de romans policiers créée par Marcel Duhamel en 1945.

 
Voir aussi: