mercredi 19 juin 2024

ROUGES SONT LES VENDANGES (ORTF, 1974)

Rouges sont les vendanges est un téléfilm policier en couleur de 107 minutes produit par l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) et diffusé sur sa deuxième chaîne le 16 juillet 1974.

C'est aussi un épisode très particulier de la série policière Les Cinq Dernières Minutes (1958-1996).

Les Cinq Dernières Minutes est une des premières séries de l'histoire de la télévision française. Créée par le journaliste, réalisateur, scénariste et producteur Claude Loursais, elle a été lancée le 1er janvier 1958 sur l'unique chaîne de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française), prédécesseur de l'ORTF. Les Cinq Dernières Minutes est passé par plusieurs changements en trois "périodes" jusqu'à la diffusion par France 2 de son 149ème épisode le 20 décembre 1996. La première période (1958-1973) a été écrite par Loursais qui a dirigé la plupart de ses épisodes avec Fred Kassak, Louis C. Thomas, Michel Lebrun, Maurice-Bernard Endrèbe, Henri Grangé, André Maheux, Jean Cosmos, etc. Cette version a pour acteurs principaux Raymond Souplex dans le rôle du moustachu et ronchon inspecteur/commissaire Antoine Bourrel et Jean Daurand dans celui de l'inspecteur Dupuy. Pierre Collet jouait le brigadier Coulomb
 
À l'origine, Les Cinq Dernières Minutes était un jeu policier diffusé en direct des studios des Buttes-Chaumont. Deux téléspectateurs sélectionnés assistaient à une enquête, puis l'inspecteur leur demandait la solution de l'énigme et comment prouver leur théorie avec la possibilité de revoir deux scènes. Après que Les Cinq Dernières Minutes ait abandonné la diffusion en direct et le format jeu, la série a exploré différents milieux socio-professionnels dans des épisodes tourné en studio et en vidéo ainsi que sur film 16mm pour les extérieurs (Paris, sa banlieue  et les régions). La popularité du programme a atteint des sommets dans les années 1960-1970 et a fait de Raymond Souplex et Jean Daurand des stars de la télé. La phrase fétiche de Bourrel (« Bon Dieu, mais c'est bien sûr! ») est entrée dans le langage courant. La série a été adaptée en Allemagne sous le titre Dem Täter auf der Spur (1967-1973). Les Cinq Dernières Minutes est passé du noir et blanc à la couleur en 1971.
 
Dupuy a graduellement disparu des Cinq Dernières Minutes suite aux problèmes de santé de Jean Daurand. En septembre 1972, Raymond Souplex travaillait sur le 56ème épisode, Un gros pépin dans le chasselas. Un mois après, le tournage a été interrompu par des grèves tournantes à l'ORTF. Les scénarios de deux épisodes, Les griffes de la colombe et Fausse note, étant prêts (1), l'acteur a répété le premier le 20 novembre. Il est mort deux jours plus tard du cancer, à l'age de 71 ans. Claude Loursais decida que l'épisode 56, terminé grâce à des changements de script et au montage, serait le dernier (2). Néanmoins, quatre téléfilms ont été testés entre juillet 1974 et janvier 1975 (pas dans l'ordre de production) sur la deuxième chaîne et Antenne 2: Rouges sont les vendanges, Fausse note, Si ce n'est toi (anciennement Les griffes de la colombe) et Le Coup de pouce. Ces téléfilms, independants des Cinq Dernières Minutes mais construits selon sa "formule", ont présenté aux téléspectateurs de nouveaux détectives sans le fameux thème du générique par Marc Lanjean (3)

Réalisé par Claude Loursais, Rouges sont les vendanges (précédemment titré Les vignobles et Rouges vendanges) a été magistralement écrit par Fred Kassak et Jean Cosmos. Jérôme Lebugue, propriétaire d'un vignoble en Gironde, va épouser Yvette Mussidan, une femme plus jeune que lui. L'ex-maîtresse de Lebugue a le coeur brisé, tout comme le neveu de Jérôme qui aime Yvette. Lorsqu'elle est retrouvée morte sur les terres de Lebugue, le commissaire Le Carré et l'inspecteur Ménardeau enquêtent. Le Carré porte une veste en cuir et a un chien qui s'appelle Rougeole. Ce policier est interprété par Christian Barbier (La Horse, L'Armée des Ombres), devenu célèbre avec le feuilleton de l'ORTF L'Homme du Picardie (1968). Rouges sont les vendanges est en fait la troisième apparition de Marc Eyraud dans le rôle du "columboesque" Ménardeau. Dans Si ce n'est toi, le personnage était le collègue du commissaire Lindet (Henri Lambert) et il était le seul enquêteur de Fausse note.

Rouges sont les vendanges est le meilleur des téléfilms malgré sa longueur (Le Carré et Ménardeau arrivent après 50 minutes). Barbier et Eyraud sont tous les deux parfaits. Ils sont à la tête d'une distribution de qualité, particulièrement Paul Crauchet (Jérôme), Eva Damien (Françoise Lesponne), Michel Subor (Lucien Lesponne) et Jenny Arasse dans le rôle d'Yvette. Le téléfilm a été presque entièrement été tourné dans la ville de Saint-Émilion, d'où des vues de la chapelle de la Trinité et de la cérémonie du Ban des Vendanges organisée par la confrérie de la Jurade. « Nous avons tourné entre septembre et octobre 1973, durant les vendanges. Nous avons dégusté du bon vin, comme vous pouvez l'imaginer, Claude Loursais étant un fin connaisseur. » se souvient Jenny Arasse. Il n'y a pas de musique originale, comme souvent pour les productions de l'ORTF productions. René Taquet est crédité en tant qu'illustrateur sonore de Rouges sont les vendanges. Il était directeur artistique, producteur de musique, fondateur des Disques Magellan (4) et spécialiste de la musique d'illustration (appelée aussi "librairie musicale").

Avec aussi Gérard Lartigau (Olivier Lebugue), Muse Dalbray (Edmée Lebugue), Victor Garrivier (Félix), Henri Virlojeux (Chalumeau), Maria Laborit (Marie Lesponne), Claude Confortès (Joseph), Jacques Serres, Bernard Freyd... Produit par Hélène Rambert et Serge Raggianti. Jean Limousin est le directeur de la photographie. Montage vidéo par Christiane Coutel. Montage film par Marie-Hélène Lacroze. Le Carré et Rougeole en ont fait un autre téléfilm, Le coup de pouce (sans Ménardeau) et Claude Loursais a failli garder Christian Barbier mais ils ne se sont pas entendus sur le plan financier. Les quatre téléfilms sont rétrospectivement considérés comme "la période intermédiaire" des Cinq Dernières Minutes. En 1974, Jacques Debary (Poker d'as) est annoncé comme le commissaire d'une nouvelle série policière de Loursais encore sans titre et dont le tournage du premier épisode a commencé.

Cet épisode, titré Le lièvre blanc aux oreilles noires, a été diffusé par Antenne 2 le 19 mai 1975 dans le cadre des... Cinq Dernières Minutes. Le commissaire Broussard (Jacques Debary) est devenu le commissaire Cabrol parce qu'il existait en réalité un superflic dénommé Broussard. Marc Eyraud est revenu en Ménardeau dans l'épisode suivant pour une association avec Cabrol qui a duré jusqu'en 1991. Pierre Santini (Un juge, un flic) dans le rôle du commissaire Julien Massard et Pierre Hoden (Inspecteur Antoine Barrier) ont constitué le duo final des Cinq Dernières Minutes de 1992 à 1996. Perrette Souplex, la fille de Raymond Souplex, a joué la fille de Bourrel dans un épisode de 1995. Les épisodes de la série Les Cinq Dernières Minutes de 1958 à 1991 sont disponibles sur Madelen, le service de streaming de l'INA. Brigade des Mineurs (1977-1979), la série dramatique sociale créée par  Claude Loursais et mettant en vedette Jean Daurand dans le rôle du commissaire Dupuy, est aussi sur Madelen.
 
(1) Michel Lebrun dans Télé 7 Jours N°744 (20 juillet 1974).
(2) Télé 7 Jours N°767 (3 février 1974).
(3) Arsenic Blues, composé par Marc Lanjean pour le film La Peau de l'ours (1957). 
 
Remerciements spéciaux à Jenny Arasse.
 
 
Voir également: 
 
Muriel Favre - Enquête sur une émission légendaire de la télévision française: Les Cinq Dernières Minutes (1958-1973) dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire (Année 1997).
 
Jacques Baudou et Jean-Jacques Schléret - Meurtres en séries - Les séries policières de la télévision française (Huitième Art, 1990).

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