lundi 1 juillet 2024

DES YEUX PAR MILLIERS BRAQUÉS SUR NOUS (ORTF, 1971)

Un acteur vedette d'une série télé populaire est piégé dans un étrange hôtel.

Des yeux par milliers braqués sur nous est un téléfilm fantastique en noir et blanc d'une durée de 85 minutes produit par l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) et diffusé sur sa première chaîne le 27 février 1971. Un tireur embusqué prend pour cible un match de football lorsqu'il est arrêté par un commissaire à la fin d'un épisode d'une série. Sa vedette, Raymond, conduit pour rejoindre un couple d'amis à la campagne. Sa voiture  tombe en panne et il disparait alors qu'il cherchait de l'aide. L'acteur se réveille dans un hôtel ultra-moderne où le temps s'écoule plus vite, les balcons sont fermés par un mur de verre transparent et les clients se promènent en tournant litéralement en rond à l'intérieur de l'hôtel quand ils veulent se ballader.
 
Les employés sont invisibles bien que leur travail soit toujours fait. À la grande surprise de Raymond, aucun client n'éprouve le besoin d'aller dehors. Les téléviseurs dans les chambres diffusent les rêves les plus fous des clients et l'ascenseur ne va jamais au-delà du premier étage. Seul un homme semble avoir des réponses et il montre à Raymond qu'ils sont observés. "Raymond" est interprété par Raymond Souplex (1), d'abord connu pour la série radiophonique Sur le banc (1937-1940, 1949-1963) puis, de 1958 à sa mort en 1972, pour le rôle qui a fait de lui une superstar de la télé: le commissaire Antoine Bourrel dans la série policière Les Cinq Dernières Minutes (1958-1996). Des yeux par milliers braqués sur nous a été écrit par Henri Grangé (2) et André Maheux, qui ont travaillé sur Les Cinq Dernières Minutes jusqu'en 1964-1965. Après,  ils ont écrit le feuilleton à succès de l'ORTF  L'Homme du Picardie (1968).
 
Alain Boudet, qui a dirigé Des yeux par milliers braqués sur nous,  était un des grands réalisateurs de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française) et de son successeur l'ORTF. Son téléfilm Le navire étoile (1962), écrit par Michel Subiela, était le premier programme de science-fiction de la télévision française. Boudet a réalisé le téléfilm fantastique Bouclage (1968), qu'il a écrit avec son collaborateur fréquent Christian-Daniel Watton, ainsi que trois épisodes de l'anthologie fantastique de Michel Subiela intitulée Le Tribunal de l'impossible (1967-1974). Henri Grangé et André Maheux ont imaginé Des yeux par milliers braqués sur nous avec Raymond Souplex à l'esprit (3). L'acteur le plus célèbre de la télévision française admettait qu'il ne pouvait échapper à la notoriété apportée par Les Cinq Dernières Minutes. La scène où Raymond demande au réalisateur s'il pourrait jouer un évèque est inspirée d'une anecdote réelle (4).
 
Les clients de l'hôtel sont tous nommés d'après des personnages d'épisodes des Cinq Dernières minutes écrits par Grangé et Maheux. Le duo tente souvent la parodie, particulièrement lorsque quelqu'un est assassiné et l'un des clients se trouve être un véritable commissaire interprété par Guy Tréjean. Tréjean a joué le commissaire Lambert dans la série policière Allô Police (1966-1970). Sauf que l'exercice de style des scénaristes ne colle pas avec la vision du réalisateur Alain Boudet, elle-même limitée par les contraintes budgétaires et le tournage des deux tiers du téléfilm aux studios Cognacq-Jay. Le sentiment constant, justifié ou non, que Des yeux par milliers braqués sur nous a été influencé par Le Prisonnier et La quatrième dimension est déroutant. En tout cas, il est facile de repérer des clins d'oeil à Fritz Lang et Franz Kafka. Finalement, le téléfilm veut être beaucoup trop de choses à la fois.

Jacques Debary (Le réalisateur) et Marc Eyraud (Monsieur Grisolles), ont été les acteurs principaux des Cinq Dernières Minutes entre 1975 et 1991. Avec aussi Jean Leuvrais (Cazères), Jean Daniel (Poujol), Anna Gaylor (Madame Grisolles), Jacqueline Jefford et Fulbert Janin (Les Bretenoux), Catherine Rich et Van Doude (Les Dennevy), Françoise Bonneau et Guy Naigeon (Les Crégut), Jean Clarieux, Liliane Gaudet, etc. Pierre Gout est le directeur de production. Louis Miaille est le directeur de la photographie. Montage par Guy Fitoussi et Françoise Bac. Décors par Jean-Baptiste Hughes et Constantin Hagondokoff. Il n'y a ni musique originale ni illustration sonore. Des yeux par milliers braqués sur nous et les épisodes des Cinq Dernières Minutes de 1958 à 1991 sont disponibles sur Madelen, le service de l'INA.
 
(1) Le personnage est crédité en tant que "Raymond" mais une assistante l'appelle "Monsieur Souplex".
(2) Parfois écrit "Henry Grangé".
(3) (4) Télé 7 Jours N°566 (27 février 1971).
 
 
Voir également:
 
https://thierryattard.blogspot.com/2024/06/rouges-sont-les-vendanges-ortf-1974.html 

Aucun commentaire: