mercredi 2 décembre 2009

LE PAYS DU SOURIRE

[7.08] Diffusé hier soir sur M6, l'épisode 2 de La France a un incroyable talent (LFAIT) - la version française de la franchise Got Talent de Simon Cowell - était en nette amélioration par rapport à l'épisode de la semaine dernière et nous a livré tout ce qu'on peut attendre d'un GT: du très pathétique, de l'extraordinaire, du grotesque, de l'impressionant et, parfois... du vrai talent.

Auparavant titré Incroyable Talent, le GT français s'appelle maintenant La France a un incroyable talent. FremantleMedia, la compagnie de production, et M6 veulent lier la version française à Britain's Got Talent afin de profiter de l'effet SuBo (Susan Boyle). Donc il y a ce nouveau titre, un nouveau logo semblable à celui de la version britannique, un nouveau générique avec le thème et les visuels de BGT mais des monuments français, et un nouveau jury pour cette saison 4.

Les vrais stars de la franchise GT à travers le monde sont les juges. Des saisons précédentes du GT français seul le producteur québécois Gilbert Rozon demeure dans le jury. L'actrice et réalisatrice Valérie Stroh et le comédien et humoriste Smaïn font leur entrée. Dans ce trio, Rozon est le plus proche en personnalité de Simon Cowell ou Piers Morgan (juges de BGT). « Il sera direct et instransigeant » dit la présentation, et il peut se le permettre: il est le fondateur et président du festival Juste pour rire et produit une bonne partie des humoristes francophones.

Soumis à l'approbation du jury de LFAIT en cette deuxième journée d'auditions: un magicien sosie de Michael Jackson (!), un homme qui imite le cri du cochon, un jeune jongleur de feu, une femme boulet de canon, un chanteur corse de 80 ans, des jumelles qui font de la gymnastique rythmique, un marionnetiste, un club de rieurs (ah?) ou un homme qui... euh... qui faisait quoi, déjà?

Le jury a clairement trouvé ses marques. Votre humble serviteur était sceptique quant à l'arrivée de Smaïn comme juge - après tout l'humoriste a joué dans le remake du Schpountz comme le rappelle malicieusement la présentation du comédien. En extérieur pour le spectaculaire et réussi numéro de la femme boulet de canon - une première dans l'histoire de l'émission - Smaïn entame une discussion hilarante avec une dame qui habite dans un logement tout près de là (« J'étais à Guantanamo »). C'est un improvisateur de première classe et il sait s'attirer la sympathie du public des auditions.

Valérie Stroh et Gilbert Rozon ont un regard plus technique si ce n'est "clinique". Mais même une personnalité aussi naturelle que celle de Smaïn ne peut nous faire oublier que l'on déguste une formule de Simon Cowell: "On fait ce métier-là pour découvrir de vrais talents", "C'est (un peu) pour ça que l'émission existe" ou "C'est pour ça qu'on fait cette émission" devraient être bannis une bonne fois pour toute. Je suis certain que quelqu'un chez FremantleMedia France a dû voir Britain’s Got The Pop Factor... - la parodie des programmes de Cowell par Peter Kay.

Parfois, au milieu de cette compilation déprimante voire cauchemardesque que peut être GT émerge un véritable talent, comme celui de la jeune chanteuse/compositeur Léa, originaire de Madagascar. Ou bien Céline, la merveilleuse chanteuse d'opéra (Paul Potts au féminin) dans le climax de l'épisode 2 - il y a toujours un climax dans une émission GT. Mais les décideurs dans les coulisses de la franchise Got Talent devraient faire attention à l'analogie avec The X Factor (même si la version britannique de X Factor 2009 doit énormément à BGT!)

Mes numéros favoris dans cet épisode episode: Les Drôles de mecs, un groupe de breakdance humoristique (encore un, n'oubliez pas que Diversity a remporté BGT 2009) et le génial ventriloque Franky Filing. « La production m'a prêté du matériel tout neuf » dit Franky et ce "matériel" est en fait les deux présentateurs de l'émission, Alex Goude et Sandrine Corman - choisis à la dernière seconde par l'artiste.

Mais que serait donc une opérette sans un couple royal, hein? Les Romanesques (http://www.myspace.com/lesromanesques) est un curieux duo japonais avec des costumes, des chansons et des chorégraphies très kitsch, qui évoque un peu les délires cultes de Mikado (Naufrage en hiver), le Rêveries d'un promeneur solitaire au pied du Fuji-Yama de Jacky ou Toi mon toit d'Elli Medeiros. Leur chanson Zoon-Doco Bushi rappelle Neal Hefti ou les génériques de séries japonaises. Etrange mais amusant, Gwen Stefani devrait les adorer.

La semaine prochaine dans LFAIT: Gros clash entre Gilbert Rozon et Smaïn. Oh, allez! Sérieusement, les gars...

Verdict: 8/10

Voir également:

http://thierryattard.blogspot.com/2009/11/boyle-identity.html

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