lundi 15 juillet 2024

7 HOMMES EN ENFER (ANTENNE 2, 1981)

Le monde est au bord d'un conflit nucléaire et le Président de la République française doit prendre une importante décision.

7 hommes en enfer est un téléfilm français de politique-fiction d'une durée de 75 minutes écrit et dirigé pour Antenne 2 par l'écrivain, scénariste et réalisateur Youri Komerovsky (alias Youri), connu pour la série à destination de la jeunesse intitulée Le monde enchanté d'Isabelle (1973) (1). Youri a aussi travaillé sur des séries comme Les Cinq Dernières minutes, Les enquêtes du commissaire Maigret ou Messieurs les jurés. Il a même dirigé un jeune Gérard Depardieu dans L'Inconnu (1973) et Linda Thorson (Chapeau melon et bottes de cuir) dans Les palmiers du métropolitain (1978). 
 
Tourné au printemps 1979 (2), 7 hommes en enfer a été diffusé par Antenne 2 le 14 mai 1981. La confrontation entre les deux superpuissances atomiques est à son comble et un pays allié de la France est directement menacé. La dissuasion nucléaire semble être la seule solution pour le président français. Il convoque le Premier ministre, trois ministres importants, le chef d'état-major des armées et le patron du renseignement au milieu de la nuit pour avoir leur avis et les informer de son choix. Soudain, une sirène avertissant d'une attaque nucléaire incite les sept hommes à descendre dans l'abri anti-atomique présidentiel. Bientôt, ils éprouvent le besoin d'évaluer la situation à l'extérieur et décident d'y envoyer trois d'entre eux, vétus de combinaisons contre les radiations.

L'idée du scénario est venue à Youri à une époque où les tensions entre l'Union soviétique et les États-Unis étaient une préoccupation quotidienne en Europe. 7 hommes en enfer débute par un vrai micro-trottoir où des gens dans la rue sont interrogés sur la possibilité d'une Troisième guerre mondiale. Le scénariste/réalisateur a fait beaucoup de recherches mais la chaîne, qui a financé 7 hommes en enfer, s'est inquiétée du coût des décors qu'il avait à l'esprit. Youri a réduit le délai de tournage à 16 jours pour consacrer plus de moyens à sa vision du projet (3). Le résultat souffre d'évidentes limites budgétaires mais est racheté par un scénario intelligent, servi par une brillante distribution, et un retournement final désabusé.

Christian Barbier (La Horse, L'Armée des Ombres) joue le rôle de Guillaume, le ministre des affaires étrangères. Barbier est devenu célèbre avec L'Homme du Picardie (1968), feuilleton de l'ORTF,  et il a failli devenir le successeur de Raymond Souplex dans Les Cinq Dernières Minutes (4). Le ministre de la défense Daniel est interprété par le grand acteur de théâtre, de cinéma et de télévision Michel Vitold (L'homme qui revient de loin, Judex). L'acteur de second rôle Jacques Lalande a une courte mais efficace participation vers la fin dans le rôle du Délegué. Avec également François Darbon (Le ministre de l'intérieur Simon), Maurice Garrel (General Karr, chef d'état-major des armées), Paul Guers (Premier ministre Philippe), Claude Mann (Hollandy, le chef du renseignement), Georges Marchal (Le président), etc.

Produit par Christian Chivot et Évelyne HamelIl n'y a pas de musique originale, comme souvent avec les productions de la télé française de l'époque. Illustration sonore par James Madelon. René Mathelin est le directeur de la photographie. Montage par Huguette Ajax et Michel Fournier. Décors par Bernard Thomassin.

(1) Également une série de livres écrits par Youri.
(2) (3) Télé 7 Jours N°1093 (9 mai 1981)

jeudi 11 juillet 2024

LES CINQ DERNIÈRES MINUTES: LA MÉMOIRE LONGUE (ANTENNE 2, 1975)

Le commissaire Cabrol et l'inspecteur Ménardeau, de la police judiciaire, enquêtent sur un meurtre dans le monde des brocanteurs.

La mémoire longue est un épisode de la série de téléfilms policiers Les Cinq Dernières Minutes (1958-1996).
 
Créée par le journaliste, réalisateur, scénariste et producteur Claude LoursaisLes Cinq Dernières Minutes est une des premières séries de l'histoire de la télévision française. Elle a été lancée le 1er janvier 1958 sur l'unique chaîne de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française), prédécesseur de l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) Les Cinq Dernières Minutes est passé par beaucoup de changements en trois "périodes" jusqu'à la diffusion par France 2 de son 149ème épisode le 20 décembre 1996. La première période (1958-1973) a été écrite par Claude Loursais qui a dirigé la plupart de ses épisodes avec Fred Kassak, Louis C. Thomas, Michel Lebrun, Maurice-Bernard Endrèbe, Henri Grangé, André Maheux, Jean Cosmos, etc. Cette version a pour acteurs principaux Raymond Souplex dans le rôle de l'inspecteur/commissaire Antoine Bourrel et Jean Daurand dans celui de l'inspecteur Dupuy.
 
La popularité des Cinq Dernières Minutes  a atteint des sommets dans les années 1960-1970 et a fait de Raymond Souplex et Jean Daurand des stars de la télé. La phrase fétiche de Bourrel (« Bon Dieu, mais c'est bien sûr! ») est entrée dans le langage courant. La série a été adapté en Allemagne (Dem Täter auf der Spur, 1967-1973). Les Cinq Dernières Minutes est passé du noir et blanc à la couleur en 1971 et Dupuy a graduellement disparu suite aux problèmes de santé de Jean Daurand. À la suite de la mort de Souplex en 1972, quatre téléfilms ont été testés par Loursais  entre juillet 1974 et janvier 1975 (pas dans l'ordre de production) sur la deuxième chaîne et Antenne 2: Rouges sont les vendanges, Fausse note, Si ce n'est toi et Le Coup de pouce. Ces téléfilms, indépendants des Cinq Dernières Minutes mais construits selon sa "formule", ont présenté aux téléspectateurs de nouveaux détectives sans le fameux thème du générique par Marc Lanjean (1).
 
En 1974, Jacques Debary (Poker d'as) est annoncé comme le commissaire d'une nouvelle série policière de Loursais encore sans titre et dont le tournage du premier épisode a commencé. Cet épisode, titré Le lièvre blanc aux oreilles noires, a été finalement diffusé par Antenne 2 le 19 mai 1975 dans le cadre d'une version relancée des Cinq Dernières Minutes. Le commissaire Broussard (Jacques Debary) a dû être renommé Cabrol parce qu'il existait en réalité un superflic dénommé Broussard. Dirigé par Claude Loursais et écrit par le romancier et scénariste Jean Chatenet, La mémoire longue est le deuxième épisode de ce que les magazines télé ont appelé "Les Nouvelles Cinq Dernières Minutes". L'acteur Marc Eyraud revient dans le rôle de l'inspecteur Ménardeau, vu dans Si ce n'est toi, Fausse note et Rouges sont les vendanges.
 
Martin Lagache, un petit brocanteur, et son amie Thérèse volent un coffret de cylindres de phonographe pendant le déménagement du riche antiquaire Gilles Pierrefort. Bientôt, Martin se comporte comme s'il avait reçu une grosse somme d'argent. Pierrefort, furieux, débarque à la boutique de jeune homme pour le voir mais Lagache est retrouvé mort poignardé. Cabrol et Ménardeau interrogent deux brocanteurs pittoresques, Georgette et Félix, et font la connaissance de Gilles Pierrefort. Lorsqu'il est arrivé durant l'été 1974, Ménardeau a très vite été comparé à Columbo. Son créateur Claude Loursais, irrité par cette comparaison, a argué que l'inspecteur est apparu avant le lieutenant américain (2). Sauf que le détective débraillé interprété par Peter Falk a été vu pour la première fois à la télévision française en décembre 1972.
 
Claude Loursais a probablement arrêté d'être agacé car La mémoire longue est influencé par Columbo au-delà de la présence de Ménardeau, même si le meurtrier n'est pas connu dès le début. Le grand acteur de théâtre, télévision et cinéma Jean Topart (Rocambole) est fabuleux dans le rôle de Gilles Pierrefort. Topart avait une voix extraordinaire, qui lui a permis de travailler énormément pour la radio et le doublage. L'antiquaire est la réponse de Jean Chatenet aux riches vilains de Columbo. Bien sûr, Cabrol et Ménardeau s'engagent dans une confrontation psychologique avec lui. À un moment, Ménardeau dit qu'il doit parler à sa femme. Officiellement baptisé Cabrol à partir de cet épisode, le commissaire est moins "abrupt" que dans Le lièvre blanc aux oreilles noires. Le fumeur de Gitanes Maïs a maintenant le sens de l'humour.

Anémone interprète Thérèse. L'actrice a joué des petits rôles dans trois épisodes des Cinq Dernières Minutes à la suite, celui-là compris. Dans les années 1980, elle est devenue une vedette du grand écran et elle a eu une carrière diversifiée avec des films tels que Le père Noël est une ordure (1982) ou Le grand chemin (1988). Dans le premier son personnage s'appelle aussi Thérèse. Avec également René Lefevre (Félix), Georgette Anys (Georgette), Bernard Allouf (Martin Lagache), Liliane Gaudet, Nono Zammit, Henri Crémieux... Produit par Jean Le Coz. Il n'y a pas de musique originale, comme souvent avec les productions de la télé française de l'époque. Pierre Mareschal est le directeur de la photographie. Montage vidéo par Christiane Coutel. Montage film par M-L Stockhrasen. Le duo Cabrol-Ménardeau a tiré sa révérence en 1991, pour être remplacé par Pierre Santini (Un juge, un flic) dans le rôle du commissaire Julien Massard et Pierre Hoden (Inspecteur Antoine Barrier) de 1992 à 1996. 
 
Les épisodes de la série Les Cinq Dernières Minutes de 1958 à 1991 sont disponibles sur Madelen, le service de streaming de l'INA. La période Cabrol-Ménardeau a été diffusée en Allemagne sur ZDF sous le titre de Kommissar Cabrol ermittelt - Die Fälle des Monsieur Cabrol
 
(1) Arsenic Blues, composé par Marc Lanjean pour le film La Peau de l'ours (1957).
(2) Télé 7 Jours N°793 (10 mai 1975).

lundi 8 juillet 2024

FAUSSE NOTE (ORTF, 1974)

Fausse note est un téléfilm policier en couleur d'une durée de 95 minutes produit par l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) et diffusé sur sa deuxième chaîne le 1er août, 1974.

C'est aussi un épisode très particulier de la série policière Les Cinq Dernières Minutes (1958-1996).
 
Créée par le journaliste, réalisateur, scénariste et producteur Claude LoursaisLes Cinq Dernières Minutes est une des premières séries de l'histoire de la télévision française. Elle a été lancée le 1er janvier 1958 sur l'unique chaîne de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française), prédécesseur de l'ORTF. Les Cinq Dernières Minutes est passé par beaucoup de changements en trois "périodes" jusqu'à la diffusion par France 2 de son 149ème épisode le 20 décembre 1996. La première période (1958-1973) a été écrite par Loursais qui a dirigé la plupart de ses épisodes avec Fred Kassak, Louis C. Thomas, Michel Lebrun, Maurice-Bernard Endrèbe, Henri Grangé, André Maheux, Jean Cosmos, etc. Cette version a pour acteurs principaux Raymond Souplex dans le rôle de l'inspecteur/commissaire Antoine Bourrel et Jean Daurand dans celui de l'inspecteur Dupuy. Pierre Collet jouait le brigadier Coulomb

Les Cinq Dernières Minutes était initialement un jeu policier diffusé en direct. Deux téléspectateurs sélectionnés assistaient à une enquête, puis l'inspecteur Bourrel leur demandait la solution de l'énigme et comment prouver leur théorie avec la possibilité de revoir deux scènes. Après que Les Cinq Dernières Minutes ait abandonné la diffusion en direct et le format jeu, la série a exploré différents milieux socio-professionnels dans des épisodes tournés en studio et en vidéo ainsi que sur film 16mm pour les extérieurs. La popularité du programme a atteint des sommets dans les années 1960-1970 et a fait de Raymond Souplex et Jean Daurand des stars de la télé. La phrase fétiche de Bourrel (« Bon Dieu, mais c'est bien sûr! ») est entrée dans le langage courant. La série a même été adapté en Allemagne (Dem Täter auf der Spur, 1967-1973). Les Cinq Dernières Minutes est passé du noir et blanc à la couleur en 1971 et Dupuy a graduellement disparu suite aux problèmes de santé de Jean Daurand.
 
En septembre 1972, Raymond Souplex travaillait sur le 56ème épisode, Un gros pépin dans le chasselas. Le tournage a été interrompu par les grèves tournantes d'octobre à l'ORTF mais comme les scénarios de deux épisodes, Les griffes de la colombe (Épisode 57) et Fausse note, étaient prêts (1) l'acteur a répété le premier le 20 novembre. Il est mort deux jours plus tard du cancer, à l'âge de 71 ans. Claude Loursais decida que l'épisode 56, terminé grâce à des changements de scénario et au montage, serait le dernier (2). Néanmoins, quatre téléfilms ont été testés entre juillet 1974 et janvier 1975 (pas dans l'ordre de production) sur la deuxième chaîne et Antenne 2: Rouges sont les vendanges, Fausse note, Si ce n'est toi (anciennement Les griffes de la colombe) et Le Coup de pouce. Ces téléfilms, independants des Cinq Dernières Minutes mais construits selon sa "formule", ont présenté aux téléspectateurs de nouveaux détectives sans le fameux thème du générique par Marc Lanjean (3)
 
Dirigé par Claude Loursais, Fausse note a été écrit par Louis C. Thomas et Michel Lebrun. Comme Si ce n'est toi il a été imaginé pour Bourrel, donc les deux scripts ont dû être révisés. Gilbert Gauthier, un flamboyant musicien et compositeur, est abattu dans son appartement insonorisé. Curieusement, le meurtre a été enregistré par le magnétophone de Gauthier. L'officier de police principal Ménardeau est en charge de l'enquête. L'excellent Marc Eyraud est de retour dans le rôle du "columboesque" Ménardeau après la première apparition de son personnage en assistant du détective principal de Si ce n'est toi. Ses convictions religieuses, qui ne sont plus mentionnées, sont remplacées par un sens de l'humour cynique. La présence de véritables musiciens vient enrichir un bon scénario, à commencer par celle du trompettiste jamaïcain de jazz Sonny Grey dans le rôle d'Aristote. L'accordéoniste et joueur de trombonne Charles Verstraete fait une apparition non créditée dans un flashback. Le violoniste Gérard Jarry parle avec Ménardeau.

Le clarinettiste Julien Froment est joué par l'inoubliable Guy Marchand. Acteur, chanteur et musicien, il a travaillé pour les plus grands réalisateurs et son CV inclut le rôle  principal dans la série policière Nestor Burma (1991-2003), d'après les romans de Léo Malet. Alain Mottet (Vidocq) nous livre une superbe performance dans le rôle d'Igor Cléry. Henri-Jacques Huet, un familier des Cinq Dernières Minutes dans différents rôles, revient et cette fois il est la victime. Jean-François Rémi, de la Comédie-Française, interprète Richard Barnett. Il faisait partie de la distribution régulière de la série de science-fiction Aux frontières du possible (ORTF, 1971-1974). Florence Blot (Un curé de choc), actrice de second rôle appréciée du public, joue la concierge et a une scène fabuleuse avec  Marc Eyraud/Ménardeau. Avec aussi Laurence Vincendon (Sophie Cléry), Gilles Guillot (L'ingénieur du son), Jeanne Herviale (Madeleine), Claude Bertrand (Thoreau), Nono Zammit (Doudou), etc.

Produit par Pierre Monzat et Michelle Piétri. Music par le compositeur, chef d'orchestre et pianiste Jean-Claude Pelletier. Michel Carré est le directeur de la photographie. Montage vidéo par Christiane Coutel. Montage film par Roger Taconnat. Les quatre téléfilms sont rétrospectivement considérés comme "la période intermédiaire" des Cinq Dernières Minutes. En 1974, Jacques Debary (Poker d'as) est annoncé comme le commissaire d'une nouvelle série policière de Loursais encore sans titre et dont le tournage du premier épisode a commencé. Cet épisode, titré Le lièvre blanc aux oreilles noires, a été diffusé par Antenne 2 le 19 mai 1975 dans le cadre des... Cinq Dernières Minutes. Le commissaire Broussard (Jacques Debary) a dû être renommé Cabrol parce qu'il existait en réalité un superflic dénommé Broussard. Marc Eyraud est revenu une nouvelle fois en Ménardeau dans l'épisode suivant pour une association avec Cabrol qui a duré jusqu'en 1991.
 
Pierre Santini (Un juge, un flic) dans le rôle du commissaire Julien Massard et Pierre Hoden (Inspecteur Antoine Barrier) ont constitué le duo final des Cinq Dernières Minutes de 1992 à 1996. Perrette Souplex, la fille de Raymond Souplex, a joué la fille de Bourrel dans un épisode de 1995. Les épisodes de la série Les Cinq Dernières Minutes de 1958 à 1991 sont disponibles sur Madelen, le service de streaming de l'INA
 

lundi 1 juillet 2024

DES YEUX PAR MILLIERS BRAQUÉS SUR NOUS (ORTF, 1971)

Un acteur vedette d'une série télé populaire est piégé dans un étrange hôtel.

Des yeux par milliers braqués sur nous est un téléfilm fantastique en noir et blanc d'une durée de 85 minutes produit par l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française) et diffusé sur sa première chaîne le 27 février 1971. Un tireur embusqué prend pour cible un match de football lorsqu'il est arrêté par un commissaire à la fin d'un épisode d'une série. Sa vedette, Raymond, conduit pour rejoindre un couple d'amis à la campagne. Sa voiture  tombe en panne et il disparait alors qu'il cherchait de l'aide. L'acteur se réveille dans un hôtel ultra-moderne où le temps s'écoule plus vite, les balcons sont fermés par un mur de verre transparent et les clients se promènent en tournant litéralement en rond à l'intérieur de l'hôtel quand ils veulent se ballader.
 
Les employés sont invisibles bien que leur travail soit toujours fait. À la grande surprise de Raymond, aucun client n'éprouve le besoin d'aller dehors. Les téléviseurs dans les chambres diffusent les rêves les plus fous des clients et l'ascenseur ne va jamais au-delà du premier étage. Seul un homme semble avoir des réponses et il montre à Raymond qu'ils sont observés. "Raymond" est interprété par Raymond Souplex (1), d'abord connu pour la série radiophonique Sur le banc (1937-1940, 1949-1963) puis, de 1958 à sa mort en 1972, pour le rôle qui a fait de lui une superstar de la télé: le commissaire Antoine Bourrel dans la série policière Les Cinq Dernières Minutes (1958-1996). Des yeux par milliers braqués sur nous a été écrit par Henri Grangé (2) et André Maheux, qui ont travaillé sur Les Cinq Dernières Minutes jusqu'en 1964-1965. Après,  ils ont écrit le feuilleton à succès de l'ORTF  L'Homme du Picardie (1968).
 
Alain Boudet, qui a dirigé Des yeux par milliers braqués sur nous,  était un des grands réalisateurs de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française) et de son successeur l'ORTF. Son téléfilm Le navire étoile (1962), écrit par Michel Subiela, était le premier programme de science-fiction de la télévision française. Boudet a réalisé le téléfilm fantastique Bouclage (1968), qu'il a écrit avec son collaborateur fréquent Christian-Daniel Watton, ainsi que trois épisodes de l'anthologie fantastique de Michel Subiela intitulée Le Tribunal de l'impossible (1967-1974). Henri Grangé et André Maheux ont imaginé Des yeux par milliers braqués sur nous avec Raymond Souplex à l'esprit (3). L'acteur le plus célèbre de la télévision française admettait qu'il ne pouvait échapper à la notoriété apportée par Les Cinq Dernières Minutes. La scène où Raymond demande au réalisateur s'il pourrait jouer un évèque est inspirée d'une anecdote réelle (4).
 
Les clients de l'hôtel sont tous nommés d'après des personnages d'épisodes des Cinq Dernières minutes écrits par Grangé et Maheux. Le duo tente souvent la parodie, particulièrement lorsque quelqu'un est assassiné et l'un des clients se trouve être un véritable commissaire interprété par Guy Tréjean. Tréjean a joué le commissaire Lambert dans la série policière Allô Police (1966-1970). Sauf que l'exercice de style des scénaristes ne colle pas avec la vision du réalisateur Alain Boudet, elle-même limitée par les contraintes budgétaires et le tournage des deux tiers du téléfilm aux studios Cognacq-Jay. Le sentiment constant, justifié ou non, que Des yeux par milliers braqués sur nous a été influencé par Le Prisonnier et La quatrième dimension est déroutant. En tout cas, il est facile de repérer des clins d'oeil à Fritz Lang et Franz Kafka. Finalement, le téléfilm veut être beaucoup trop de choses à la fois.

Jacques Debary (Le réalisateur) et Marc Eyraud (Monsieur Grisolles), ont été les acteurs principaux des Cinq Dernières Minutes entre 1975 et 1991. Avec aussi Jean Leuvrais (Cazères), Jean Daniel (Poujol), Anna Gaylor (Madame Grisolles), Jacqueline Jefford et Fulbert Janin (Les Bretenoux), Catherine Rich et Van Doude (Les Dennevy), Françoise Bonneau et Guy Naigeon (Les Crégut), Jean Clarieux, Liliane Gaudet, etc. Pierre Gout est le directeur de production. Louis Miaille est le directeur de la photographie. Montage par Guy Fitoussi et Françoise Bac. Décors par Jean-Baptiste Hughes et Constantin Hagondokoff. Il n'y a ni musique originale ni illustration sonore. Des yeux par milliers braqués sur nous et les épisodes des Cinq Dernières Minutes de 1958 à 1991 sont disponibles sur Madelen, le service de l'INA.
 
(1) Le personnage est crédité en tant que "Raymond" mais une assistante l'appelle "Monsieur Souplex".
(2) Parfois écrit "Henry Grangé".
(3) (4) Télé 7 Jours N°566 (27 février 1971).
 
 
Voir également:
 
https://thierryattard.blogspot.com/2024/06/rouges-sont-les-vendanges-ortf-1974.html