Spécialiste du cinéma et de la télévision, Philippe Lombard a écrit des livres sur Amicalement vôtre, Starsky et Hutch, La Panthère rose, OSS 117, Tintin, Michel Audiard, Louis de Funès, Quentin Tarantino et bien d’autres encore. Dans Ça retourne!, publié aux Éditions La Tengo, il réussit l'impossible: emmener ses lecteurs dans un passionnant voyage à travers l’éternel recommencement de l’histoire du cinéma.
Après Ça tourne mal!, Ça tourne mal... à Hollywood!, Ça c'est tourné près de chez vous! et Ça tourne mal... à la télé!, une tétralogie à propos des coulisses du cinéma et de la télévision sous un angle thématique, Philippe Lombard explore plusieurs décennies de suites, remakes et saga cinématographiques dans un livre "spin-off" astucieusement titré Ça retourne!.
Après tout, l'auteur écrit dans son avant-propos qu'il doit certaines de ses premières émotions de spectateur aux séries de films. Faire des remakes a d'abord été une nécessité industrielle dès la création du cinéma. Puis le public a été invité à revenir rapidement dans les salles avec les serials américains et les feuilletons français (The Purple Mask, Les Vampires, The Masked Rider...) ainsi que l'arrivée de personnages récurrents tels que Maciste, "The Tramp" joué par Charlie Chaplin, ou bien Zorro.
À partir des années 1930, Universal a donné des suites à Dracula, Frankenstein et ses autres monstres. L'Homme invisible, Sherlock Holmes, Tarzan et même Lassie ont participé à la Seconde Guerre mondiale. Les séries et remakes cinématographiques ont continué à prospérer tout au long du 20ème siècle jusqu'à maintenant, alors que les super-héros et les classiques animés de Disney refaits en "live-action " soulignent la tendance. Dans un chapitre sur les réalisateurs et les remakes,
Philippe Lombard examines les filmographies de Marcel Pagnol, Akira Kurosawa, Quentin Tarantino (pour ses influences), Frank Capra, Alfred Hitchcock, etc. Les "franchises" peuvent dépasser leur date de péremption, comme Dracula (avec Christopher Lee), La Panthère rose (avec ou sans Peter Sellers), Emmanuelle (avec deux "m" ou juste un), Death Wish ou Freddy.
En France, Jean-Luc Godard a "détruit" la série des films de Lemmy Caution avec Alphaville (1965) (1). La cage aux folles a triomphé sur la scène parisienne en 1973 avant de devenir trois films coproduits avec l'Italie entre 1978 et 1985 et une version américaine (The Birdcage, 1996). Les États-Unis aiment adapter des films français, cf. La Femme en rouge (The Woman in Red, 1984), basé sur Un éléphant, ça trompe énormément, ou Trois hommes et un bébé (Three Men and a Baby, 1987), tiré de Trois hommes et un couffin. Parfois l'imitation est discutée au tribunal (La mort au large, Running Man, Lock Out). Philippe Lombard s'intéresse également au phénomène de la "Turksploitation" et au curieux cas des faux Terence Hill et Bud Spencer. Ça retourne! s'achève avec l'évocation de Raiders!, un film de fans basé sur Les aventuriers de l'arche perdue.
Comme toujours lorsqu'il s'agit d'un livre de Philippe Lombard, Ça retourne! est bien documenté, intelligemment pensé, plaisamment écrit et formidablement intéressant. L'illustrateur et graphiste Mr Choubi (de son vrai nom Patrick Chevalier) s'est occupé de l'étonnante illustration de l'ouvrage. Philippe Lombard est un collaborateur régulier de la revue Schnock et d'autres publications.
(1) Sept films français (1952-1963) d'après les romans Peter Cheyney, réalisés par Bernard Borderie, avec en vedette l'acteur américain Eddie Constantine dans le rôle de Lemmy Caution. Il a repris le personnage pour Alphaville.
Voir aussi:
https://thierryattard.blogspot.com/2022/12/ca-tourne-mal-la-tele-philippe-lombard.html (Ça tourne mal... à la télé!)
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