Grande Bretagne, Grande Bretagne, [imaginez la voix de Tom Baker] Grande Bretagne, terre natale d'America's Got Talent, Jason Statham, Little Britain USA... et de State of Play. Quelqu'un, je ne me souviens plus qui (puisse cette personne bien vouloir excuser ma mémoire défaillante), a écrit que la chaîne BBC America était le foyer des futures séries américaines - ou quelque chose dans ce genre. Mais c'est valable également pour les films.
Le remake US de State of Play, le classique de la BBC avec John Simm, qui met en vedette Russell Crowe, est sorti ce week-end en Amérique du nord. Merci à notre ami canadien Furious D et à son formidable blog (http://dknowsall.blogspot.com/2009/04/hollywood-babble-on-on-270-is-smart.html) pour avoir attiré notre attention sur cet article du Los Angeles Times titré Un sort déprimant pourrait attendre 'State of Play' (http://www.latimes.com/entertainment/la-et-word16-2009apr16,0,395527.story).
Eh bien, les fidèles lecteurs de la version française de ce blog connaissent déjà mes réserves à propos de ce remake cinématographique. Depuis mon article sur la saison 1 de Life on Mars, en fait - Brad Pitt était alors lié au projet. John Horn écrit: « Une partie de la probable contre-performance de "State of Play" sera sans doute imputée à Crowe, l'Australien âgé de 45 ans - qui est en surpoids et débraillé dans le rôle du journaliste d'investigation - mais c'est loin d'être le seul problème. Le genre de "State of Play" est tout aussi problématique: film dramatique de haut niveau, un genre qui est en train de devenir une relique des grands studios ».
Furious D objecte poliment que « c'est difficile d'être un thriller lorsque vous êtes plus prévisible que les marées ». Il n'y a heureusement aucune règle qui exige que le personnage ressemble à un mannequin de chez Calvin Klein, par conséquent la forme physique de Russell Crowe est indifférente. Mais ma perplexité va grandissante lorsque je lis ici et là que le principal problème de State of Play est que le thriller élaboré est un genre qui ne marche pas au box office. « Ouais mais nan, mais ouais... » répondrait Vicky Pollard de Little Britain. Hollywoodland est une industrie où les "Franchises" sont perçues comme le Ticket d'Or mais où les studios proposent cycliquement le pire et le meilleur dans bien des genres, depuis les Blockbusters jusqu'aux films indépendants ou dits indépendants.
Prenons par exemple l'année 2006: Big Mama 2, Nanny McPhee, Scary Movie 4, mais aussi les excellents V for Vendetta, Slevin ou le sophistiqué Inside Man - L'homme de l'intérieur (http://thierryattard.blogspot.com/2008/06/croupier-inside-man.html) - avec un budget de production de 45 millions de dollars US et un box office total de plus de 184 millions de dollars (http://www.boxofficemojo.com/movies/?id=insideman.htm) pour Universal, le studio à l'origine du film State of Play. Si l'idée c'est qu'il n'y a plus de place pour un nouvel Inside Man, j'espère que non mais nous sommes en récession, les comédies se portent plus que bien, et les compagnies de productions scannent tous les comic books afin de trouver un nouveau Dark Knight.
Mais peut-être que le karma de State of Play US pourrait être résumé en trois mots: Life on Mars. Le film, réalisé par le talentueux Kevin McDonald (Le dernier roi d'Ecosse) arrive par pur hasard juste après l'annulation de la version US de Life on Mars - la série de la BBC avec... John Simm et Philip Glenister (qui jouait un policier dans le State of Play original!) Ces tentatives américaines de refaire des séries britanniques pouvaient sembler commercialement pertinentes lorsque ces séries passaient aux Etats-Unis exclusivement en syndication ou sur PBS, mais avec BBC America, le DVD et internet, tout Américain intéressé par ce que la télévision britannique peut offrir a vu Life on Mars.
Et pourquoi se donner la peine de faire des adaptations américaines d'oeuvres si profondément britanniques comme Blackpool, avec David Morrissey - qui interprétait si brillamment le polititicien dans State of Play - ou State of Play, avec ses intrigues à Whitehall et les spécificités de la presse du Royaume-Uni. Particulièrement quand il y a dans ce dernier Simm et Morrissey, deux des plus grands acteurs britanniques de ce siècle.
D'après ce que je comprends de la lecture de différents articles, le "plus" produit du film serait l'accent sur l'opposition entre journalisme papier et les blogs mais eh, les gars, The Times They Are A-Changin - comme disait le barde. Et qu'est-ce qu'un traitement sous l'angle du thriller politique à l'Américaine pourrait ajouter? On a tout vu dans le genre depuis Les Hommes du Président jusqu'à la version 2004 d'Un crime dans la tête (http://thierryattard.blogspot.com/2008/05/un-crime-dans-la-tete-2004.html). « Parce que c'est toujours un sinistre contractant de la défense. Et si ce n'est pas le cas, c'est une cabale de la CIA ou du FBI. Ou bien les militaires. Ou alors c'est quelque autre méchant de la finance (les compagnies pharmaceutiques ou de la chimie sont des choix populaires) » écrit Furious D.
D'après Deadline Hollywood Daily, le blog de Nikki Finke, State Of Play s'est placé N°2 vendredi 17 mais avec seulement 4,5 millions de dollars pour 2803 salles, et pour un week-end sous-performant probablement à 14 millions de dollars(http://www.deadlinehollywooddaily.com/tweens-take-zac-efron-to-1-friday-while-serious-state-of-play-snags-2/). Nous verrons quelles seront ses recettes totales mais « Est-ce que la vedette initiale, Brad Pitt, aurait fait la différence au box office? » demande Nikki, avant de répondre elle-même à la question.
Etonamment, l'intérêt de Hollywood pour les séries télévisées britanniques ne semble pas diminuer après Life on Mars et State of Play. Warner Brothers envisage un remake grand écran de Primeval (http://www.broadcastnow.co.uk/news/2009/04/itvs_primeval_to_get_hollywood_treatment.html). Si la saison 3 de cette série naguère bonne continue à réinventer les produits de la syndication américaine des années 1990, deux épisodes mis bout à bout seraient certainement moins chers.
http://www.stateofplaymovie.net/
Mise à jour (20 avril): Il semblerait que certains observateurs soient pour le moment plutôt satisfaits du box office de State of Play, donc préparez vous pour Château de cartes - Le film, Affaires d'états (The State Within) redux et Best of Masterpiece Theatre - La comédie musicale!
Le remake US de State of Play, le classique de la BBC avec John Simm, qui met en vedette Russell Crowe, est sorti ce week-end en Amérique du nord. Merci à notre ami canadien Furious D et à son formidable blog (http://dknowsall.blogspot.com/2009/04/hollywood-babble-on-on-270-is-smart.html) pour avoir attiré notre attention sur cet article du Los Angeles Times titré Un sort déprimant pourrait attendre 'State of Play' (http://www.latimes.com/entertainment/la-et-word16-2009apr16,0,395527.story).
Eh bien, les fidèles lecteurs de la version française de ce blog connaissent déjà mes réserves à propos de ce remake cinématographique. Depuis mon article sur la saison 1 de Life on Mars, en fait - Brad Pitt était alors lié au projet. John Horn écrit: « Une partie de la probable contre-performance de "State of Play" sera sans doute imputée à Crowe, l'Australien âgé de 45 ans - qui est en surpoids et débraillé dans le rôle du journaliste d'investigation - mais c'est loin d'être le seul problème. Le genre de "State of Play" est tout aussi problématique: film dramatique de haut niveau, un genre qui est en train de devenir une relique des grands studios ».
Furious D objecte poliment que « c'est difficile d'être un thriller lorsque vous êtes plus prévisible que les marées ». Il n'y a heureusement aucune règle qui exige que le personnage ressemble à un mannequin de chez Calvin Klein, par conséquent la forme physique de Russell Crowe est indifférente. Mais ma perplexité va grandissante lorsque je lis ici et là que le principal problème de State of Play est que le thriller élaboré est un genre qui ne marche pas au box office. « Ouais mais nan, mais ouais... » répondrait Vicky Pollard de Little Britain. Hollywoodland est une industrie où les "Franchises" sont perçues comme le Ticket d'Or mais où les studios proposent cycliquement le pire et le meilleur dans bien des genres, depuis les Blockbusters jusqu'aux films indépendants ou dits indépendants.
Prenons par exemple l'année 2006: Big Mama 2, Nanny McPhee, Scary Movie 4, mais aussi les excellents V for Vendetta, Slevin ou le sophistiqué Inside Man - L'homme de l'intérieur (http://thierryattard.blogspot.com/2008/06/croupier-inside-man.html) - avec un budget de production de 45 millions de dollars US et un box office total de plus de 184 millions de dollars (http://www.boxofficemojo.com/movies/?id=insideman.htm) pour Universal, le studio à l'origine du film State of Play. Si l'idée c'est qu'il n'y a plus de place pour un nouvel Inside Man, j'espère que non mais nous sommes en récession, les comédies se portent plus que bien, et les compagnies de productions scannent tous les comic books afin de trouver un nouveau Dark Knight.
Mais peut-être que le karma de State of Play US pourrait être résumé en trois mots: Life on Mars. Le film, réalisé par le talentueux Kevin McDonald (Le dernier roi d'Ecosse) arrive par pur hasard juste après l'annulation de la version US de Life on Mars - la série de la BBC avec... John Simm et Philip Glenister (qui jouait un policier dans le State of Play original!) Ces tentatives américaines de refaire des séries britanniques pouvaient sembler commercialement pertinentes lorsque ces séries passaient aux Etats-Unis exclusivement en syndication ou sur PBS, mais avec BBC America, le DVD et internet, tout Américain intéressé par ce que la télévision britannique peut offrir a vu Life on Mars.
Et pourquoi se donner la peine de faire des adaptations américaines d'oeuvres si profondément britanniques comme Blackpool, avec David Morrissey - qui interprétait si brillamment le polititicien dans State of Play - ou State of Play, avec ses intrigues à Whitehall et les spécificités de la presse du Royaume-Uni. Particulièrement quand il y a dans ce dernier Simm et Morrissey, deux des plus grands acteurs britanniques de ce siècle.
D'après ce que je comprends de la lecture de différents articles, le "plus" produit du film serait l'accent sur l'opposition entre journalisme papier et les blogs mais eh, les gars, The Times They Are A-Changin - comme disait le barde. Et qu'est-ce qu'un traitement sous l'angle du thriller politique à l'Américaine pourrait ajouter? On a tout vu dans le genre depuis Les Hommes du Président jusqu'à la version 2004 d'Un crime dans la tête (http://thierryattard.blogspot.com/2008/05/un-crime-dans-la-tete-2004.html). « Parce que c'est toujours un sinistre contractant de la défense. Et si ce n'est pas le cas, c'est une cabale de la CIA ou du FBI. Ou bien les militaires. Ou alors c'est quelque autre méchant de la finance (les compagnies pharmaceutiques ou de la chimie sont des choix populaires) » écrit Furious D.
D'après Deadline Hollywood Daily, le blog de Nikki Finke, State Of Play s'est placé N°2 vendredi 17 mais avec seulement 4,5 millions de dollars pour 2803 salles, et pour un week-end sous-performant probablement à 14 millions de dollars(http://www.deadlinehollywooddaily.com/tweens-take-zac-efron-to-1-friday-while-serious-state-of-play-snags-2/). Nous verrons quelles seront ses recettes totales mais « Est-ce que la vedette initiale, Brad Pitt, aurait fait la différence au box office? » demande Nikki, avant de répondre elle-même à la question.
Etonamment, l'intérêt de Hollywood pour les séries télévisées britanniques ne semble pas diminuer après Life on Mars et State of Play. Warner Brothers envisage un remake grand écran de Primeval (http://www.broadcastnow.co.uk/news/2009/04/itvs_primeval_to_get_hollywood_treatment.html). Si la saison 3 de cette série naguère bonne continue à réinventer les produits de la syndication américaine des années 1990, deux épisodes mis bout à bout seraient certainement moins chers.
http://www.stateofplaymovie.net/
Mise à jour (20 avril): Il semblerait que certains observateurs soient pour le moment plutôt satisfaits du box office de State of Play, donc préparez vous pour Château de cartes - Le film, Affaires d'états (The State Within) redux et Best of Masterpiece Theatre - La comédie musicale!
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