A la recherche du nouveau Plus belle la vie - l'équivalent français de Coronation Street ou EastEnders - depuis que France 3 a trouvé le filon avec son soap, TF1 a lançé Seconde chance en septembre dernier. Mais le Ugly Betty quotidien de 28 millions d'euros (http://thierryattard.blogspot.com/2009/03/seconde-chance-la-route-deldorado.html) n'a jamais atteint les espérances d'audience de la chaîne et on arrive au terme de ses 180 épisodes.
LES EVADES D'ELDORADO?
M6 a emprunté la route d'Eldorado bien avant TF1, l'été dernier, avec Pas de secrets entre nous. Mais cette production Marathon (compagnie ayant une certaine expertise avec Sous le soleil, vendu dans plus de 100 pays), fut un échec. Maintenant M6 prend stratégiquement avantage du sort de Seconde chance pour proposer Paris 16ème, sa nouvelle tentative.
Un budget estimé de 17 millions d'euros, 180 jours de tournage pour 80 episodes (tournés simultanément par deux équipes), 9 décors créés par une équipe de 70 personnes sous la direction du chef décorateur Jacques Houdin, 26 scénaristes, 7 réalisateurs. Ce sont les chiffres principaux de cette production CALT par Jean-Yves Robin. Cette compagnie est connue pour avoir révolutionné la fiction télé française avec deux séries au format court, Caméra Café (hit global au travers de nombreuses adaptations) et Kaamelott.
Lorène Maréchal (Alexandra Naoum), une jeune femme de province, arrive à Paris avec son oncle Antoine (Richard Gotainer) pour assister aux funérailles de ses parents. Elle est invitée par la distinguée Catherine Cipriani (Alexandra Kazan) dans son luxueux appartement du 16ème arrondissement de Paris. Catherine est l'épouse de Philippe Cipriani (Didier Menin), ténébreux propriétaire de Carialis - une compagnie prospère de navires marchands. Lorène doit découvrir un monde hostile et faire face à un secret que son oncle se sent obligé de lui révéler.
THE BOLD AND THE BEAUTIFUL
M6 fait preuve d'audace en montrant le premier épisode de Paris 16ème sur son site internet avant la première de son soap quotidien le 9 mars (http://www.m6.fr/html/series/paris-16/). Le mini-site sur le programme est très bien fait, avec des vidéos, une présentation des personnages, le "pitch" du feuilleton, une présentation des décors et les statistiques principales. La chaîne semble être assez fière de la chanson du générique, Paris is burning, une chanson du phénomène electro-pop Ladyhawke (la chanteuse Néo-zélandaise Pip Brown) composée en fait il y a deux ans. On peut d'ailleurs voir le clip sur le site.
Depuis que Plus belle la vie a démarré doucement avant de devenir un succès après une remise en forme complète, chaque observateur de cette "Guerre des Soaps" prend soin de ne pas enterrer le nouvel entrant trop tôt. Mais on peut déjà discerner quelques faiblesses dans ce premier épisode, à commencer par une "américanisation subconsciente": la chanson du générique est en Anglais et certains des personnages s'appellent Ethan, Tara ou Chris. Mais nous sommes bien à Paris et nous avons droit aux plans habituels de la Tour Eiffel et du métro.
Autre problème, certains dialogues: « Mon téléphone implose. J'suis le directeur de la communication. Il faut que je communique - Ben communique », ou « Le vrai problème c'est que t'es pauvre », ou encore « Armateur. Ah ça c'est les bateaux, c'est pas les armes ». Et bien sûr Paris 16ème ne peut éviter les clichés du genre, tels le choc des cultures entre l'héroine pauvre et ses hôtes, l'homme de main de Philippe, le confident propriétaire du café et ses commentaires cynico-humoristiques, ou le jeune et brave avocat qui veut faire tomber Philippe pour une affaire de pollution. Il y a aussi certaines attitudes qui évoquent Le coeur a ses raisons, une parodie de Soap Opera par l'humoriste québécois Marc Labrèche (bien connue en France).
DES JOURS ET DES VIES
La frontière entre codes et clichés est mince dans l'univers des Soaps, et les clichés peuvent constituer une force s'ils sont bien gérés. Nous regarderons une demi-douzaine d'épisodes pour voir si nous sommes convaincus, votre humble serviteur étant - comme Maître Chiun - un aficionado des "Beaux drames". Au contraire de Seconde chance, la distribution de Paris 16ème est un des points positifs de ce nouveau feuilleton: Philippe est interprété par Didier Menin, respectable acteur de second plan (1) (remarqué dans Plus belle la vie), qui doit relever le défi de sortir du stéréotype de l'homme d'affaires sans scrupules collé à son téléphone portable. Paris 16ème tient peut-être son Charles Frémont, le personnage interprété par l'excellent Alexandre Fabre dans Plus belle la vie.
Alexandra Kazan (Catherine) a un cv international qui inclut des participations à la version 1989 du Saint (avec Simon Dutton) ou Dracula: The series, ainsi que des rôles réguliers dans des séries françaises. La carrière de Wadeck Stanczak (Alfred Saint-Faye) est une liste impressionnante de rôles divers au cinéma et à la télévision, mais la vraie bonne surprise du casting est Richard Gotainer, plus connu comme chanteur, dans le rôle du sympathique tonton issu des classes populaires. Paris 16ème compte aussi un groupe de nouveaux visages et n'oublions pas que les jeunes et nouveaux talents ont fait le succès d'un soap comme Les Feux de l'Amour dans les années 1970.
Mais atteindre la longévité des Feux de l'Amour doit faire partie des rêves les plus fous de la production. Une des règles cardinales du Soap Opera est le facteur d'identification et parier que les télespectateurs ont envie de regarder un feuilleton sur les résidents du 16ème arrondissement de Paris (« J'ai compris que tu veux que ce soit comme d'habitude: Bling Bling ») est très risqué alors que nous sommes au plus haut de la récession. L'ère des Supersoaps et la fascination pour leurs riches familles est révolue depuis longtemps (demandez donc aux producteurs de Dirty Sexy Money). Les prochains entrants dans la quête pour le nouveau PBLV pourraient consulter les producteurs d'EastEnders, ou de GZSZ (Gute Zeiten Schlechte Zeiten), mais peut-être bien que Plus belle la vie ou Verliebt in Berlin (Le Destin de Lisa/Bruno) étaient des coups de chance ou de la pure magie. Si prochains entrants il y a, au cas où l'éventuel échec de Paris 16ème s'ajouterait à celui du couteux Seconde chance.
(1) Nous préférons pour notre part l'expression anglo-saxonne Character actor, plus respectueuse.
(A suivre)
LES EVADES D'ELDORADO?
M6 a emprunté la route d'Eldorado bien avant TF1, l'été dernier, avec Pas de secrets entre nous. Mais cette production Marathon (compagnie ayant une certaine expertise avec Sous le soleil, vendu dans plus de 100 pays), fut un échec. Maintenant M6 prend stratégiquement avantage du sort de Seconde chance pour proposer Paris 16ème, sa nouvelle tentative.
Un budget estimé de 17 millions d'euros, 180 jours de tournage pour 80 episodes (tournés simultanément par deux équipes), 9 décors créés par une équipe de 70 personnes sous la direction du chef décorateur Jacques Houdin, 26 scénaristes, 7 réalisateurs. Ce sont les chiffres principaux de cette production CALT par Jean-Yves Robin. Cette compagnie est connue pour avoir révolutionné la fiction télé française avec deux séries au format court, Caméra Café (hit global au travers de nombreuses adaptations) et Kaamelott.
Lorène Maréchal (Alexandra Naoum), une jeune femme de province, arrive à Paris avec son oncle Antoine (Richard Gotainer) pour assister aux funérailles de ses parents. Elle est invitée par la distinguée Catherine Cipriani (Alexandra Kazan) dans son luxueux appartement du 16ème arrondissement de Paris. Catherine est l'épouse de Philippe Cipriani (Didier Menin), ténébreux propriétaire de Carialis - une compagnie prospère de navires marchands. Lorène doit découvrir un monde hostile et faire face à un secret que son oncle se sent obligé de lui révéler.
THE BOLD AND THE BEAUTIFUL
M6 fait preuve d'audace en montrant le premier épisode de Paris 16ème sur son site internet avant la première de son soap quotidien le 9 mars (http://www.m6.fr/html/series/paris-16/). Le mini-site sur le programme est très bien fait, avec des vidéos, une présentation des personnages, le "pitch" du feuilleton, une présentation des décors et les statistiques principales. La chaîne semble être assez fière de la chanson du générique, Paris is burning, une chanson du phénomène electro-pop Ladyhawke (la chanteuse Néo-zélandaise Pip Brown) composée en fait il y a deux ans. On peut d'ailleurs voir le clip sur le site.
Depuis que Plus belle la vie a démarré doucement avant de devenir un succès après une remise en forme complète, chaque observateur de cette "Guerre des Soaps" prend soin de ne pas enterrer le nouvel entrant trop tôt. Mais on peut déjà discerner quelques faiblesses dans ce premier épisode, à commencer par une "américanisation subconsciente": la chanson du générique est en Anglais et certains des personnages s'appellent Ethan, Tara ou Chris. Mais nous sommes bien à Paris et nous avons droit aux plans habituels de la Tour Eiffel et du métro.
Autre problème, certains dialogues: « Mon téléphone implose. J'suis le directeur de la communication. Il faut que je communique - Ben communique », ou « Le vrai problème c'est que t'es pauvre », ou encore « Armateur. Ah ça c'est les bateaux, c'est pas les armes ». Et bien sûr Paris 16ème ne peut éviter les clichés du genre, tels le choc des cultures entre l'héroine pauvre et ses hôtes, l'homme de main de Philippe, le confident propriétaire du café et ses commentaires cynico-humoristiques, ou le jeune et brave avocat qui veut faire tomber Philippe pour une affaire de pollution. Il y a aussi certaines attitudes qui évoquent Le coeur a ses raisons, une parodie de Soap Opera par l'humoriste québécois Marc Labrèche (bien connue en France).
DES JOURS ET DES VIES
La frontière entre codes et clichés est mince dans l'univers des Soaps, et les clichés peuvent constituer une force s'ils sont bien gérés. Nous regarderons une demi-douzaine d'épisodes pour voir si nous sommes convaincus, votre humble serviteur étant - comme Maître Chiun - un aficionado des "Beaux drames". Au contraire de Seconde chance, la distribution de Paris 16ème est un des points positifs de ce nouveau feuilleton: Philippe est interprété par Didier Menin, respectable acteur de second plan (1) (remarqué dans Plus belle la vie), qui doit relever le défi de sortir du stéréotype de l'homme d'affaires sans scrupules collé à son téléphone portable. Paris 16ème tient peut-être son Charles Frémont, le personnage interprété par l'excellent Alexandre Fabre dans Plus belle la vie.
Alexandra Kazan (Catherine) a un cv international qui inclut des participations à la version 1989 du Saint (avec Simon Dutton) ou Dracula: The series, ainsi que des rôles réguliers dans des séries françaises. La carrière de Wadeck Stanczak (Alfred Saint-Faye) est une liste impressionnante de rôles divers au cinéma et à la télévision, mais la vraie bonne surprise du casting est Richard Gotainer, plus connu comme chanteur, dans le rôle du sympathique tonton issu des classes populaires. Paris 16ème compte aussi un groupe de nouveaux visages et n'oublions pas que les jeunes et nouveaux talents ont fait le succès d'un soap comme Les Feux de l'Amour dans les années 1970.
Mais atteindre la longévité des Feux de l'Amour doit faire partie des rêves les plus fous de la production. Une des règles cardinales du Soap Opera est le facteur d'identification et parier que les télespectateurs ont envie de regarder un feuilleton sur les résidents du 16ème arrondissement de Paris (« J'ai compris que tu veux que ce soit comme d'habitude: Bling Bling ») est très risqué alors que nous sommes au plus haut de la récession. L'ère des Supersoaps et la fascination pour leurs riches familles est révolue depuis longtemps (demandez donc aux producteurs de Dirty Sexy Money). Les prochains entrants dans la quête pour le nouveau PBLV pourraient consulter les producteurs d'EastEnders, ou de GZSZ (Gute Zeiten Schlechte Zeiten), mais peut-être bien que Plus belle la vie ou Verliebt in Berlin (Le Destin de Lisa/Bruno) étaient des coups de chance ou de la pure magie. Si prochains entrants il y a, au cas où l'éventuel échec de Paris 16ème s'ajouterait à celui du couteux Seconde chance.
(1) Nous préférons pour notre part l'expression anglo-saxonne Character actor, plus respectueuse.
(A suivre)
1 commentaire:
j'ai regarder paris 16eme mais je ne pense pas que cela batteras plus belle la vie il n'y a q' alexandre fabre merci quand meme pour cette exelan commentaire
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