vendredi 24 février 2012

PHONE GAME

La deuxième saison de Profession négociateur (Kidnap and Ransom) a débuté hier soir. Trevor Eve (Meurtres en sommeil) joue le négociateur de libération d'otages Dominic King dans ce thriller en trois épisodes d'ITV1 produit par sa compagnie Projector Pictures et créé par Patrick Harbinson (24, Law and Order, Urgences).

Ecrite par Harbinson et réalisée par Andy Wilson, la première saison (diffusée en janvier 2011) était l'équivalent très efficace, bien documenté et captivant d'un bon roman de Frederick Forsyth. Eve interprétait avec brio un professionnel de haut niveau faisant face à des doutes dans son travail et dans sa vie personnelle et affrontant le plus dangereux des adversaires, en la personne de l'intelligent et invisible Alexander Willard (John Hannah en grande forme).

« Thank you for doing this.
- Don't thank me, thank the insurance company. »

La saison 2 s'ouvre avec Dominic King sur un lac dans lequel il jette ce qui semble être un corps. Flashback deux semaines plus tôt, King est à Srinagar (dans le Cachemire indien) pour la libération d'une famille britannique. Mais la police arrive pendant la remise de rançon, les ravisseurs s'emparent d'un bus de touristes et prennent les passagers en otage. Dominic tente de négocier leur libération pendant que son associée Angela Beddoes (Helen Baxendale) doit défendre la position de Dom contre le ministre des affaires étrangères (Owen Teale) ainsi que l'ex-femme de Dominic, Sophie (Natasha Little), haut fonctionnaire au Foreign Office. L'identité d'un des passagers britanniques pourrait poser des problèmes supplémentaires et l'officier de la police locale en charge est rapidement rejointe par les forces spéciales de la National Security Guard.

La plus grande énigme de ce premier épisode c'est que la série est sponsorisée par une compagnie d'assurance et pas par un opérateur de téléphonie mobile. Trevor Eve a l'air de dire une part considérable de son texte à son portable dans ce nouvel opus assez rythmé écrit par Michael Crompton (Affaires non classées). Il est très regrettable que Kidnap and Ransom gagne en action ce que la série perd en complexité et en originalité. L'Afrique du Sud passe de façon étonnante pour le Cachemire mais avec un effet indésirable: Profession négociateur tend à ressembler à Strike Back: Project Dawn, tourné également là-bas, moins les pitreries de Scott et Stonebridge. L'acteur sud-africain David Dennis, qui joue Hiresh Mehta, était aussi dans Strike Back.

Pour l'instant cette nouvelle saison de Kidnap and Ransom se présente comme une resucée des précédentes prises d'otages du grand comme du petit écran, avec son lot de clichés et Dom King en Steve McGarrett de la négociation (« I know you wanna go and shoot them because it's how you do things in Kashmir. ») Espérons pour le bien de notre intérêt que le "body bag" du début contenait son ex, son associée, ou mieux, le ministre des affaires étrangères. La photo de Mike Spragg et la musique de Philip Miller (avec un thème de Christian Henson) sont superbes.

La deuxième saison de Kidnap and Ransom est réalisée par David Drury (Ashes to Ashes) et produite par Trevor Hopkins (Strike Back: Project Dawn). Trevor Eve et Rachel Gesua en sont les producteurs exécutifs.

http://www.radiotimes.com/episode/pmkqp/kidnap-and-ransom--series-2---episode-1

http://www.theartsdesk.com/tv/kidnap-and-ransom-series-2-itv1
http://channelhopping.onthebox.com/2012/02/23/kidnap-and-ransom-series-2-episode-1-review/
http://www.televisual.com/blog-detail/Turning-Cape-Town-into-Kashmir-for-Kidnap-and-Ransom_bid-333.html

lundi 13 février 2012

HELDEN

Diffusée en Allemagne sur Sat.1, la série policière à succès Der letzte Bulle arrive en France le mois prochain sur Direct 8 sous le titre de Mick Brisgau.

« Ich, ich glaub' das zu träumen
die Mauer Im Rücken war kalt. » (David Bowie)

Michael "Mick" Brisgau (Henning Baum), flic de la Kripo à Essen, se réveille après un coma de 20 ans et se retrouve dans un monde qui a radicalement changé. Chouchou des médias, qui l'ont surnommé "Der Koma-Bulle", Mick récupère son job mais il est placé sous la surveillance de la psychologue de la police Tanja Haffner (Proschat Madani). Archétype du superflic macho des années 1980, il est contraint d'ajuster ses méthodes à celles de la police moderne. Son patron est son ancien partenaire Martin Ferchert (Helmfried von Lüttichau) et il doit s'entendre avec son nouveau coéquipier, le jeune et politiquement correct Andreas Kringge (Maximilian Grill).

L'épouse de Brisgau, Lisa (Floriane Daniel), vit avec le médecin légiste Roland Meisner (Robert Lohr) après avoir attendu son mari pendant cinq ans. Et leur fille Isabelle (Luise Risch), que Mick n'a connu que bébé, est maintenant une jeune femme. Mick Brisgau est devenu un étranger dans un monde étrange où chaque jour comporte son lot de découvertes: le GPS, la fermeture centralisée, les téléphones cellulaires, l'analyse ADN, etc. Diffusé depuis avril 2010 sur la chaîne privée Sat.1, Der letzte Bulle a été créé par Stefan Scheich et Robert Dannenberg sur la base de deux idées principales: ce qu'un homme des années 1980 penserait de nous et de notre société. Et un personnage de "vrai héros" ayant de solides principes tels que la loyauté, la franchise et un grand sens de la justice (1).

Avant d'être atteint d'une balle dans la tête, Brisgau était la réponse d'Essen à Don Johnson (il y a une scène dans laquelle une infirmière doit expliquer Miami Vice à une jeune collègue). Un flic à la Schimanski qui porte des bottes de cowboy et conduit une
Opel Diplomat B verte des années 1970 - à partir du troisième épisode. Il fume toujours dans les salles d'interrogatoire ce qui agace son partenaire, lequel apprend à travailler avec "l'inspecteur Harry". En 2011, Henning Baum a reçu le Bayerische Fernsehpreis du meilleur acteur de série. Les scénaristes en chef Stefan Scheich et Robert Dannenberg ont été également récompensés.

Der letzte Bulle, dont la troisième saison a démarré la semaine dernière en Allemagne, est une série agréable avec une distribution solide, des histoires plaisantes, des personnages appréciables, de bons dialogues, et une formidable BO bourrée de standards de la décennie 80 (Queen, Cyndi Lauper, Phil Collins...) La chanson du générique n'est autre que Real Wild Child par Iggy Pop. Mick Brisgau, qui arrive en France le 5 mars, est produit par ITV Studios Germany - anciennement Granada Produktion - avec Greensky Films pour Sat.1. La série est distribuée par SevenOne International (2).

(1) http://tvwhat.serien-load.de/der-letzte-bulle-live-chat-mit-den-drehbuchautoren-stefan-scheich-und-robert-dannenberg-spoiler/
(2) The Box Distribution pour les droits francophones.

[MAJ - 5 mars] Annoncé pour aujourd'hui à 17h40 mais reporté au 19 mars à 15h30! (http://www.direct8.fr/program/mick-brisgau-le-come-back-d-un-super-flic/).

http://www.sat1.de/tv/der-letzte-bulle
http://www.youtube.com/watch?v=6LHRtdpqHKA (Bande-annonce Direct 8)
http://www.youtube.com/watch?v=im-l627K32Q (Générique)

samedi 11 février 2012

TIMBRÉ (KOBA FILMS)

L'escroc Moite von Lipwig sévit à Ankh-Morpork, cité du Disque-Monde. Ses nombreuses arnaques lui valent la pendaison mais il se réveille devant le seigneur Vétérini, qui lui fait une proposition qu'il ne peut pas refuser: remettre sur pied le bureau de poste, où les lettres s'entassent par millions. Une tâche pour laquelle il est assisté par le vieux préposé Liard et Yves, son assistant collectionneur d'épingles. Monsieur Lapompe, un golem, est chargé d'empêcher Lipwig de fuir ses obligations.

Mais le sinistre Jeanlon Sylvère, patron du système qui a supplanté le courrier (les "clacs"), ne tolère aucune concurrence. Et Adora Belle Chercoeur, fumeuse invétérée et directrice du Comptoir des golems, résiste au bagout du nouveau receveur des postes.

« J'ai toujours su que les dieux avaient le sens de l'humour. Sinon pourquoi nous auraient-ils posé sur une tortue géante? »

Koba Films nous propose de visiter un univers original et drôle avec la sortie en DVD de Timbré (Going Postal), mini-série de 2010 tirée de l'oeuvre de l'écrivain britannique Terry Pratchett publiée en 2004 (1). Le livre fait partie des Annales du Disque-Monde (Discworld), cycle de Fantasy humoristique qui a débuté en 1983 avec La Huitième Couleur (The Colour of Magic). Le Disque-monde compte une quarantaine de volumes publiés en France par L'Atalante depuis 1993 et traduits par Patrick Couton. Going Postal est le troisième Pratchett adapté par The Mob Film Company pour la chaîne anglaise payante Sky One, après Hogfather en 2006 (diffusé en France sous le titre Les Contes du Disque-Monde) et The Colour of Magic en 2008. Cette fois l'adaptation est due au tandem de scénaristes Richard Kurti et Bev Doyle (Nick Cutter et les portes du temps, Robin des Bois).

« Oh, tu as l'air de t'y connaître en épingles, Yves.
- Non monsieur. Je sais tout ce qui faut savoir sur les épingles. L'an dernier les épingleries d'Ankh-Morpork ont fabriqué 27 880 972 épingles.»


C'est en Hongrie sous la direction du réalisateur Jon Jones (Cold Feet) que les personnages de Timbré prennent vie grâce à une formidable distribution. Richard Coyle (Strange, Coupling) interprète Moite von Lipwig. Après Jeremy Irons dans The Colour of Magic c'est Charles Dance qui devient le seigneur Vétérini, patricien de la cité. Le préposé "novice" Tollivier Liard a les traits d'Andrew Sachs, alias Manuel dans L'hôtel en folie (Fawlty Towers). Loin de Poirot, le grand David Suchet ajoute un autre rôle de méchant à son CV avec Jeanlon Sylvère (« Rappelez moi d'avoir l'air suffisamment apeuré. ») Claire Foy, vue dans Little Dorrit, joue le rôle d'Adora Chercoeur (Est-ce que vos parents étaient stupides ou simplement cruels? ») et Ian Bonar celui d'Yves Hertellier. On note aussi la présence de Steve Pemberton (Whitechapel, The League of Gentlemen) et Tamsin Greig (Black Books).

« Je sais que ça fait un bout de temps mais la poste va finalement rouvrir ses portes. D'ailleurs je suis le nouveau receveur.
-
Oh monsieur, je suis navrée. Je suis désolée pour vous»

Tout peut arriver à Ankh-Morpork, capitale marchande du Disque-Monde. Un arnaqueur peut se faire trimballer par un golem (« Je n'éprouve pour vous que de la sympathie, cher monsieur Lipwig. »), trouver la rédemption coiffé d'une casquette ailée, inventer le timbre-poste, échapper à un assassin sosie du comte Orlok dans Nosferatu (« J'aime collectionner les receveurs des postes décédés. ») et rencontrer l'amour. Les lettres murmurent tandis que la culpabilité et le remord sont projetés sous forme de films muets. Les cigarettes peuvent tuer plus efficacement que le chocolat. Le meilleur policier de la ville est une femme loup-garou et un dieu crocodile dénommé Offler se fait offrir des saucisses en sacrifice (« Une offrande exceptionnelle pour une prière exceptionnelle. »)

« Comment les dieux osent-ils se mobiliser contre moi. Je ne me souviens pas leur avoir donné la permission. »

Mais l'univers de Terry Pratchett n'est pas aussi éloigné du nôtre qu'il en a l'air: les banques y font faillite (« Le maudit août noir. La faillite de la Coopérative du chou, ça vous parle? »). Un monopole à la qualité de service dégradée ne se préoccupe que de ses actionnaires et lance l'"ère de mobilité" en matière de communication. D'ailleurs la rivalité entre la Compagnie interurbaine des clics-clacs et la poste d'Ankh-Morpork rappelle la concurrence entre internet et le courrier papier. Il y a même des "pirates informatiques" (le Gnou sur le Dos) à l'origine du virus (un "défaut") qui frappe les clacs. La publicité est présente et Sylvère met au point un plan "marketing" pour contrer Moite.

« Ingénieux.
- Merci.
- Je parlais de moi, pour vous avoir nommé receveur.
»

Koba Films nous gâte avec cette fable pleine de folie douce et de joie de vivre au rythme endiablé et à l'humour ravageur dont la musique est du talentueux compositeur John Lunn (2). Going Postal est réparti sur deux disques et visible aussi bien en version française - réalisée en Belgique - qu'en version originale sous-titrée ou non. Sont proposés en bonus des entretiens avec Terry Pratchett (qui fait une sympathique apparition dans la mini-série), la productrice et le réalisateur ainsi que les acteurs. Mais également des scènes coupées et un bétisier. Petit conseil, la deuxième partie est à regarder jusqu'à la dernière minute. Oh, la tenue inclut aussi un couvre-chef.

« Prévenez moi s'il vous prend l'envie d'en faire une autre. »

(1) Et en France quatre ans plus tard.
(2) Qui a composé ensuite la bande originale de Downton Abbey.

http://www.kobafilms.fr/
http://www.terrypratchett.co.uk/
http://www.l-atalante.com/catalogue/la_dentelle_du_cygne/timbre/48/564/terry_pratchett/revue.html

Voir aussi:

http://www.l-atalante.com/auteur/49/terry_pratchett/detail.html
http://www.telegraph.co.uk/culture/tvandradio/7779540/Meeting-the-stars-and-writer-of-Going-Postal.html
http://sky1.sky.com/going-postal
http://patrickcouton.fr/

jeudi 2 février 2012

SCOOBY-DOO, WHERE ARE YOU?

Inspecteur Barnaby (Midsomer Murders) - Saison 15, Episode 1: The Dark Rider. Un cavalier sans tête désignant ses victimes avant de les laisser à un sort funeste apporte la terreur à Quitewell Hall, demeure de l'aristocratique famille DeQuetteville. Mais rien n'empêche ses occupants de monter la reconstitution d'une bataille de la Guerre civile anglaise, pour le grand agacement de leurs riches voisins. Barnaby et Jones enquêtent sur les secrets de la demeure ancestrale pendant que la femme de John, Sarah, doit veiller à l'authenticité historique de la reconstitution.

« Well, good luck with the local... locals. »

Depuis 1997 les riches et excentriques habitants du fictif comté de Midsomer expérimentent à tour de rôle les manières les plus horribles d'être assassinés, sans la moindre plainte du conseil de sécurité de l'ONU. Mais la formule de Midsomer Murders a étonnamment survécu au départ de sa vedette originale (John Nettles dans le rôle du DCI Tom Barnaby). Elle a même survécu à une soi-disante controverse après des paroles peu inspirée de son producteur Brian True-May (1), désormais remplacé pour cette quinzième saison qui a débuté hier soir sur ITV1.

« Witness said the horse rider had no head.
- Drunk or stoned?
- I was on duty, sir. »


Arrivé durant la saison 13 aux côtés de son cousin Tom et en charge du registre des décès de Midsomer depuis la saison suivante, le DCI John Barnaby (joué par l'excellent Neil Dudgeon) est de retour avec le DS Ben Jones (Jason Hughes). Un membre de la famille DeQuetteville tombe du toit de Quitewell Hall, ce qui inaugure une série d'évènements dramatiques. Le principal suspect pourrait-il être le fantôme de Geoffrey DeQuetteville sur un cheval gris? Ecrit par Michael Aitkens, responsable de la transition entre le premier DCI Barnaby et son successeur, The Dark Rider ouvre la saison 15 avec tout ce qu'un fan de Midsomer peut désirer: des meurtres extravagants, de sombres secrets de famille, une superbe demeure (en réalité Knebworth House dans le Hertfordshire), et une bonne dose d'humour pince-sans-rire.

James Callis, de Battlestar Galactica, interprète les jumeaux Toby et Julian DeQuetteville (!) Eleanor Bron joue Lady Isobel DeQuetteville, la Violet Crawley locale (« Lady Isobel would you mind sitting down and shutting up, just for once? ») William Gaunt (No Place Like Home, Les Champions) est Sir Ludo DeQuetteville, le mari d'Isobel. Raquel Cassidy, Kerry Fox, Natalie Mendoza, et Paul Ritter font également partie de la distribution. Les fans de Torchwood reconnaîtront Murray Melvin (Bilis Manger dans la saison 1) en Bentham DeQuetteville, le malheureux frère de Ludo qui a l'idée toute aussi malheureuse d'aller fixer une bannière au beau milieu de la nuit.

« We are in a much smaller community now. We're bound to overlap sometimes. Live with it and please don't involve the dog. »

La reconstitution de la bataille, tournée avec quatre caméras, a été rendue possible grâce aux organisateurs d'évènements historiques The Sealed Knot - dont 200 des membres ont été utilisés comme figurants. Sarah Barnaby (Fiona Dolman) commente mais perd son calme lorsque la vérité historique se transforme en une scène du Casino Royale de 1967. Au milieu du chaos, un des personnages est attiré en dehors de la propriété et tué par une gargouille qui tombe fort commodément sur sa tête. Réalisé par Alex Pillai cet épisode d'ouverture est produit pour la première fois par Jo Wright, qui fut responsable des fictions à la BBC, London Weekend Television et Talkback Thames. Son CV comprend Les règles de l'art, 55 degrés nord, Le Seigneur du temps, ou Othello.

Inspecteur Barnaby est produit par Bentley Productions, une compagnie du groupe All3Media, pour ITV1. 6,1 millions de téléspectateurs (HD et +1 compris) ont regardé The Dark Rider. Donc quelques résidents du comté de Midsomer County auront le droit de mourir un autre jour.

« That is a sense of community, Jones. One goes mad, they all go mad. It's a wonderful little world out here. »

(1) http://www.guardian.co.uk/media/2011/mar/15/midsomer-murders-producer-race-row

http://www.itv.com/presscentre/presspacks/midsomermurdersdarkrider/default.html
http://www.radiotimes.com/news/2012-01-26/new-midsomer-murders-producer-jo-wright-the-series-should-represent-its-audience
http://midsomermurders.org/midsomer.htm
http://www.knebworthhouse.com/
http://www.thesealedknot.org.uk/

mercredi 1 février 2012

UN MARI IDÉAL (KOBA FILMS)

Londres, 1895. Etoile montante de la politique anglaise, Sir Robert Chiltern (Jeremy Northam) est réputé pour son intégrité et vénéré par son épouse Lady Gertrude (Cate Blanchett). Mais l'intrigante Madame Cheveley (Julianne Moore) menace de révéler l'origine de sa réussite s'il ne change pas un discours aux Communes. Il se tourne alors vers son ami Lord Arthur Goring (Rupert Everett), un dandy oisif et philosophe qui fuit le mariage au grand dam de son père et surtout de Mabel (Minnie Driver), la soeur de Robert.

Charmante comédie romantique adaptée de l'oeuvre d'Oscar Wilde par le réalisateur et scénariste anglais Oliver Parker, Un mari idéal (An Ideal Husband, 1999) sort cette semaine en DVD chez l'excellent éditeur Koba Films.

« Vous savez Arthur, j'aimerais presque être vous parfois.
- Et moi Robert, j'aimerais presque que vous le soyez. Si ce n'est que vous feriez probablement quelque chose de ma vie ce qui serait absolument intolérable.
- Vous pourriez toujours vous marier.
- C'est justement le toujours qui m'effraie. »

WILDE AT HEART

« J'ai toujours adoré parler de rien, père. C'est le seul sujet que je possède. »

Oliver Parker débute sa carrière comme acteur au théâtre et à la télévision avant de réaliser trois courts métrages dans les années 1990 et de se faire remarquer grâce à son premier long métrage, une adaptation d'Othello de William Shakespeare (1995) avec Laurence Fishburne, Irène Jacob et Kenneth Brannagh. Pour son second film il s'intéresse à Un mari idéal (An Ideal Husband), pièce comique d'Oscar Wilde créée en 1895. Inspirée par le scandale de Panama, cette satire sociale mêle corruption politique et sentiments dans un débordement de ces bons mots qui sont la marque de fabrique de l'auteur irlandais. Parker est séduit par la résonnance contemporaine de l'oeuvre et de ses thèmes: la tolérance, le pardon et l'acceptation de l'ambiguïté de l'existence.

« Pas encore marié?
- Redemandez le moi dans une demi-heure. »

Son scénario change différentes choses et ajoute certaines scènes pour donner de l'unité au film, comme le discours à la Chambre des Communes ou le pari. « J'ai joué Wilde et Shakespeare moi-même, donc je ne me considère pas comme étranger au matériel, » explique le scénariste et réalisateur. « Je me sens comme un initié ayant la passion de livrer ce qu'il ressent comme l'essence de ces pièces, qui tendent à être bien plus dynamiques qu'elles n'en ont souvent l'air. Et si vous les travaillez pour un nouveau medium sans aucune altération alors vous ne rendez pas service à la pièce. Ca me paraît évident. Vous devez faire quelque chose ou bien Othello durerait quatre heures! » (1)

BORN TO BE WILDE

« Vous avez 36 ans.
- Chut! Voyons! Je n'en avoue que 32. »

Oliver Parker bénéficie d'une distribution exceptionnelle dominée par l'acteur anglais Rupert Everett au sommet de son art dans le rôle de Lord Goring, dandy qui cache ses qualités de coeur derrière son attitude débonnaire et son cynisme affecté (« S'aimer soi-même c'est le début d'une longue histoire d'amour. » ) Everett est l'incarnation même de l'esprit de l'oeuvre d'Oscar Wilde, qu'il a interprété sur scène notamment en Français sous la direction de Jérôme Savary dans L'Importance d'être Constant (The Importance of Being Earnest) en 1996. Il reprendra même le rôle d'Algernon dans l'adaptation cinématographique de cette pièce par Parker en 2002.

« Bonjour Lord Goring. Soyez frivole autant qu'il vous siéra. »

Cate Blanchett est toute en justesse en épouse aimante et idéaliste face à une Julianne Moore venimeuse à souhait en aventurière familière des cercles du pouvoir (« Je ne suis pas aussi noire et vile que vous le pensez. ») Jeremy Northam est parfait en Sir Robert et Minnie Driver apporte beaucoup de charme aux délicieuses réparties entre Mabel et Arthur. Les cinéphiles et téléphiles avertis apprécieront en outre la présence de solides talents tels que Peter Vaughan (Phipps), Lindsay Duncan (Lady Markby) ou bien Jeroen Krabbé (le baron Arnheim). Les libertés prises par Oliver Parker avec la pièce servent son film, orné de clins d'oeil élégants à Wilde. Dont cette représentation de L'Importance d'être Constant à laquelle assistent les personnages.

Un mari idéal est une comédie savoureuse, subtile et divertissante pourvue de tout ce qu'on peut aimer chez Oscar Wilde sans pour autant être révérencieuse à l'égard du maître. Le DVD de Koba Films permettra d'apprécier le film dans son indispensable version originale, sous-titrée ou pas.

« Continuez à être cet idéal. »

(1) http://www.combustiblecelluloid.com/intop.shtml

http://www.kobafilms.fr/

Voir aussi:

http://noemicsiki.suite101.com/an-ideal-husband-film-versus-play-a362615
http://www.oscholars.com/RBA/sixteen/16.9/wilde.htm