Dans un monde semblable au nôtre sauf que l'espèce humaine n'a jamais développé l'aptitude à dire des mensonges, tout le monde dit ce qu'il pense même si c'est pénible à entendre ou embarassant. Jusqu'au jour où une chose étrange arrive à Mark Bellison (Ricky Gervais).The Invention of Lying est né en tant que première version d'un script écrit par le nouveau venu Matthew Robinson. La productrice Lynda Obst a réussi à convaincre l'idole de Robinson, le génie comique britannique Ricky Gervais - co-créateur des séries comiques The Office et Extras - de le lire. Finalement Gervais et Matthew Robinson ont écrit et réalisé le film ensemble.
Mark Bellison est un scénariste dont la carrière ne décolle pas. Dans un monde où la tromperie, la flatterie ou même la fiction, les films sont des moments de l'Histoire lus par des narrateurs à la manière d'une présentation de Masterpiece Theatre. Bellison est amoureux de la charmante Anna McDoogles (Jennifer Garner) mais elle ne dîne avec lui que pour faire plaisir à sa mère et parce qu'elle redoute de passer le restant de sa vie toute seule, même si elle ne le trouve pas du tout séduisant.
Il perd son job parce que son dernier scénario était "déprimant" (la Peste noire!) et il est sur le point d'être expulsé. Lorsqu'il est à la banque pour fermer son compte, Mark demande plus que son solde sans le moindre début de soupçon de l'employée. Il teste son nouveau pouvoir sur ses amis puis au casino, réalise qu'il peut faire le bien autour de lui et plus tard vend à son ex-patron (Jeffrey Tambor) le meilleur script jamais écrit. Une histoire de vaisseau spatial, avec une armée ninja et un dinosaure robot... au 14ème siècle.
Mais le vrai moment de gloire de Mark Bellison se produit lorsqu'il décrit avec emphase à sa mère mourante (Fionnula Flanagan) toutes les choses "merveilleuses" qui arrivent après la mort. Il devient une célébrité planétaire et fortunée mais ne peut toujours pas conquérir le coeur d'Anna, la jeune femme étant freinée par ses préjugés en matière de génétique - malgré ses sentiments grandissants pour lui.
The Invention of Lying est une comédie sociale astucieuse. Dans le monde de Mark Bellison un sans-abri dans la rue tient un carton sur lequel il y a écrit: "Je ne comprends pas pourquoi je suis sans-abri et pas vous". La maison de retraite est "Un endroit triste pour personnes âgées désespérées". Les publicités sont honnêtes ou désillusionnées ("Pepsi, lorsqu'il n'y a pas de Coca").
Gervais est à son sommet lorsqu'il s'agit des rapports humains, particulièrement sur le lieu de travail: la secrétaire de Mark le déteste ouvertement, son patron est un pleutre et son rival professionnel et sentimental, Brad Kessler (incroyable Rob Lowe) est la quintessence de la superficialité. Le film est aussi un enrichissant, émouvant et poétique conte philosophique avec des réflexions sur les préjugés, la religion ou la créativité. Son seul point faible est certainement la romance entre le héros et Anna.
The Invention of Lying n'est pas le Menteur menteur de Ricky Gervais mais plutôt son Un jour sans fin et le comédien aux multiples facettes est entouré par une excellente distribution. Louis C.K. dans le rôle de Greg (le meilleur ami de Mark), et Jonah Hill dans celui de Frank - un voisin que Mark sauve du suicide - sont fabuleux. Et il y a de savoureuses apparitions de Tina Fey, Stephen Merchant, Edward Norton, ou Philip Seymour Hoffman. Hoffman est le barman de Mark et Greg dans une scène qui pourrait servir d'audition à Gervais pour le rôle de Homer dans un film live des Simpsons.
Le DVD zone 1 contient le très bon doublage francophone fait au Québec avec le talentueux Tristan Harvey, qui devrait être l'unique voix de Ricky Gervais en Français. Virtuellement ignoré par le box office américain, The Invention of Lying est sorti confidentiellement dans les salles françaises cette semaine.
http://www.dvdverdict.com/reviews/inventionlying.php
http://www.comingsoon.net/news/interviewsnews.php?id=58294
http://www.tristanharvey.com/
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