Remerciements spéciaux à Gonzague Delrue et Delphine Bionne
A la fin du 19ème siècle près de la petite ville de Lonesome Dove au sud du Texas, Augustus "Gus" McCrae et Woodrow F. Call, deux anciens Texas Rangers, s'occupent d'une petite affaire de vente de bétail et de chevaux et vaquent à leurs occupations quotidiennes, assistés de leurs fidèles employés - Joshua Deets et Pea Eye Parker. Mais leurs activités sont au point mort et lorsque Jake Spoon, un ancien compagnon d'armes, débarque et leur fait miroiter les possibilités offertes par l'élevage de bétail dans le Montana, ils décident de s'emparer d'un troupeau au Mexique et de le convoyer jusqu'à leur nouvelle terre promise.
Commence alors un long voyage pour le Montana, un périple bordé d'épreuves, de remises en question et de retrouvailles sur une route faite de périls, de tristesse, de joies et de grandeur. Gus, Woodrow et leurs compagnons s'en vont vers leur destin et écrivent un des derniers chapitres de la grande Histoire de l'Ouest.
LE CHOIX DES SEIGNEURS
« En plus du whisky j'aimerai bien un peu de respect. Je suis le capitaine Augustus McCrae et voici le capitaine Woodrow Call. Si tu tournes la tête tu nous verras plus jeunes quand les gens voulaient qu'on soit sénateurs. Ce qu'on ne tolérait pas c'était un service médiocre. Comme tu le vois on le tolère toujours pas. » (Gus McRae)
Avant d'être une épopée télévisuelle, Lonesome Dove (1989) est un roman de l'écrivain texan Larry McMurtry, un des auteurs américains essentiels du vingtième siècle, lauréat de l'Oscar du meilleur scénario 2006 pour le film Brokeback Mountain. Ses oeuvres ont été adaptées à l'écran dès son premier roman, Horseman, Pass By (1961), devenu deux ans plus tard un film sous le titre de Hud (Le plus sauvage d'entre tous). Citons aussi The Last Picture Show et sa suite, Texasville, adaptés tous les deux au cinéma par Peter Bogdanovich, ou encore Terms of Endearment - filmé par James L. Brooks en 1983 (Tendres passions/Terms of Endearment).
Lonesome Dove est d'abord développé en 1971 par Larry McMurtry comme script d'un long métrage, The Streets of Laredo, que Peter Bogdanovich doit réaliser avec John Wayne dans le rôle de Woodrow Call, James Stewart dans le rôle de Gus McRae et Henry Fonda dans celui de Jake Spoon. Mais Wayne n'est pas intéressé, ce qui met fin au projet et McMurtry rachète le scénario dix ans après pour le transformer en roman. En 1985 la productrice Suzanne De Passe, de Motown Productions, achète 50 000 dollars US les droits du livre pas encore publié afin d'en faire une mini-série, mais les grands réseaux de télévision américains ne sont pas intéressés.
Ils le regrettent cependant lorsque le roman devient un succès de librairie et remporte le prestigieux prix Pulitzer. John Milius et John Huston tentent alors chacun de faire de Lonesome Dove un film mais Suzanne De Passe s'accroche à l'idée de la mini-série et conclut un accord avec CBS. Le réseau et De Passe s'associent avec Qintex Entertainment - la compagnie de l'Australien David Evans - et Robert Halmi Inc, afin de réunir un budget de 20 millions de dollars US pour 6 heures de programme. Ils engagent le scénariste et producteur William D. Wittliff pour adapter le livre de McMurtry, et l'habile Australien Simon Wincer à la réalisation.
« Augustus McRae est sans doute de tous les personnages que j'ai joué mon personnage favori. Peut-être aussi bon que Hamlet. J'ai senti que c'était un privilège de jouer ce rôle. Un grand rôle ».
Le rôle de Woodrow F. Call est proposé au grand acteur américain Robert Duvall (Le Parrain, Apocalypse Now, Sanglantes confessions) qui à la lecture du scénario préfère celui de Gus McRae (1). James Garner (La Grande Evasion, la série Maverick) est choisi pour être Call mais il renonce à cause de problèmes de santé. Le personnage est ensuite proposé à Jon Voight, qui refuse, et c'est finalement Tommy Lee Jones, pas encore immense vedette de cinéma, qui est choisi pour ce qui sera un de ses meilleurs rôles (2).
Le reste de la distribution est à la hauteur du tandem Duvall-Jones, avec des "pointures" du grand écran telles que Danny Glover (Deets), Diane Lane (Lorena "Lorie" Wood), Frederic Forrest (l'Indien Blue Duck) ou Anjelica Huston (Clara Allen). Mais aussi des acteurs familiers de la télévision comme Robert Urich (Dan Tanna dans Vega$, et Spenser dans la série homonyme) - ici à contre-emploi dans le rôle de Jake Spoon - ou l'ex-enfant star Rick Shroder (Newt Dobbs). Ainsi que des talents prometteurs comme Chris Cooper (July Johnson) ou Steve Buscemi.
UVA UVAM VIVENDO MARIA FIT
« Il va me plaire ce cuisinier, c'est un philosophe.
- Je sais, je l'ai engagé pour que t'ai quelqu'un a qui parler. Comme ça nous on va pouvoir travailler sérieusement. » (Gus et Woodrow)
Lonesome Dove est un chapitre de l'histoire d'une amitié entre deux hommes aux caractères diamétralement opposés: Augustus McCrae est un épicurien désinvolte voire oisif, affable et volontiers philosophe (« Plus le violon est ancien, plus la musique est belle »). C'est un homme à femmes qui cache en réalité un romantique contrarié que sa vie et sa carrière ont tenu éloigné de Clara, son grand amour, et qui vit une romance aussi atypique que maladroite avec Lorena Wood, une entraineuse locale.
Woodrow Call, lui, est un meneur d'hommes, travailleur, taciturne et secret dont le contrôle de soi apparent peut voler facilement en éclat. Il refuse d'admettre qu'il est le père du jeune Newt, lequel ignore cette paternité. Gus et Woodrow ont en commun un grand sens de l'honneur, des principes sans faille et un esprit d'aventure qui les a longtemps guidé et qui ne demande qu'à être réveillé lorsque Jake Spoon leur rend visite après 10 ans d'absence.
« Je ne me rappelais pas que le bétail t'intéressait encore. C'est plutôt les entraineuses, les cartes ton faible, non?
- Ouais mais je sais flairer la bonne occasion quand elle se présente. » (Gus et Jake)
Ancien Texas Ranger comme Call et McRae, Spoon est un joueur professionnel, un buveur souvent veule et parfois violent. Si Gus apprécie les petits plaisirs de l'existence, Jake passe son temps à les pourchasser quitte à s'attirer des ennuis et il a dû quitter précipitemment Fort Smith, en Arkensas, après avoir tué accidentellement un dentiste (« Mais une planche de bois n'arrête pas une balle de 50 - Un dentiste si » ) qui était également le maire de la ville et le frère du jeune sheriff, July Johnson. D'ailleurs sur la pression de Peach, sa mégère de belle-soeur, July est contraint de se lancer à la poursuite du joueur.
Spoon vante à ses amis la beauté du Montana et l'opportunité que constituerait l'installation d'un élevage sur ce territoire encore inexploité. Woodrow est séduit (« Moi j'partirai aujourd'hui si je pouvais me mettre des ailes et m'envoler ») mais Gus est plus réticent jusqu'à ce qu'il voit finalement dans ce voyage l'occasion de revoir Clara, l'amour de sa vie, mariée à un éleveur au Nebraska - qui se trouve sur le chemin du Montana. Mais Jake ne part pas avec eux: il a profité de ces retrouvailles pour renouer avec Lorie, laquelle croit voir en lui un moyen de sortir de sa condition et lui a fait promettre de l'enmener à San Francisco. Mais comme dit Gus à Woodrow: « Je crois que Jake s'est défilé bien trop de fois dans sa vie pour qu'on puisse fonder le moindre espoir sur lui ».
L'AVENTURE HUMAINE NE FAIT QUE COMMENCER
« Les gens baptissent des villes n'importe où. C'est aussi notre faute.
- Notre faute?
- On a chassé les Indiens, oui ou non? On a pendu tous les grands bandits. Il ne t'est jamais venu à l'esprit que tout ça ça pouvait être une erreur. On a peut-être trop bien fait notre boulot. C'est vrai, on a tué tous les types qui rendaient ce pays intéressant à vivre. » (Gus et Woodrow)
Editeur de référence de la fiction télévisuelle patrimoniale française, comme du meilleur de la fiction télé britannique contemporaine, Koba Films Vidéo propose aussi de grandes oeuvres de la télévision américaine. Avec Lonesome Dove, Koba nous permet d'apprécier en DVD ce que beaucoup considèrent à juste titre comme la meilleure mini-série de l'Histoire de la télévision, voire le meilleur Western jamais réalisé. 116 semaines de tournage au Texas et au Nouveau-Mexique, 89 acteurs, un millier de figurants, 9 nominations aux Emmy Awards, 7 remportés dont celui de la Meilleure réalisation pour Simon Wincer et de la Meilleure musique pour le grand Basil Poledouris. Sans oublier le Golden Globe de la Meilleure mini-série et celui du Meilleur acteur pour Robert Duvall.
« Je veux aller voir ce pays. Ouais, il le faut. Avant que les banquiers et les avocats aient mis le grapin dessus. » (Woodrow)
Lonesome Dove est diffusé par CBS en quatre parties de 90 minutes du 5 au 8 février 1989 et Leaving (Partir), la première partie, bat des records d'audience au-delà des espérances du réseau. En France la mini-série est diffusée pour la première fois sur la chaîne câblée Canal Jimmy du 29 décembre 1993 au 15 février redécoupée en huit épisodes de 45 minutes. Dieu merci, notre éditeur favori répartit sur deux disques les quatre parties originelles dans de magnifiques copies (version restaurée et en format 16/9) mettant en valeur le travail sublime du directeur de la photo Douglas Milsome.
Comme à son habitude Koba nous propose des sous-titres inédits, mais hormis quelques problèmes d'adaptation supportables, le doublage français est d'une qualité plutôt honorable lorsqu'on sait avec quelle légèreté la plupart des sociétés de doublage ont traité les produits télé pendant une vingtaine d'années jusqu'à la fin des années 1990. Marc de Georgi est impérial sur Gus et Bernard Tiphaine convient étonnamment sur Call. Bernard Woringer double comme il se doit Robert Urich et Nicolas Marié trouve le ton juste sur Dish (D.B. Sweeney). Les voxophiles reconnaîtront également Martine Irzenski (Diane Lane), Pierre Saintons (Danny Glover), Jeanne Val, Thierry Raguenau, etc...
« La raison c'est qu'on a pas été tué, c'est pour ça qu'on nous a oublié. » (Gus)
Western hyper-réaliste mais non dépourvu d'humour, Lonesome Dove est avant tout la chronique épique de destins inflexibles: comme celui d'Elmira, la femme du sheriff Johnson, prête à endurer l'humiliation et la souffrance pour retrouver Dee Boot, son véritable amour. Ou bien celui de Jake Spoon, dont l'errance se termine sous les regards attristés mais lucides de ses anciens camarades (« Il a su bien mourir, finalement »). C'est aussi un hymne à l'amitié de Gus et Woodrow quoi qu'elle ait pu leur en coûter (« Ce qui m'agace c'est qu'il a pu vivre avec toi et j'ai été obligée de m'effacer » déplore Clara) mais aussi une célébration nostalgique et émouvante de la loyauté, de la droiture morale et de la vie en général.
Véritable roman télévisuel, Lonesome Dove rappelle cette époque où les grands réseaux américains avaient de réelles ambitions qualitatives. La mini-série a donné naissance a plusieurs suites dont la plus récente, Commanche Moon, date de 2008. Koba Films Vidéo a sorti également Lonesome Dove - Le crépuscule (Streets of Laredo, 1995) et Lonesome Dove - Les jeunes années (The Outlaw Years, 1996). Nous vous les recommandons et nous vous en parlerons prochainement.
« On dit que vous êtes un visionnaire
- Je serais un visionnaire, vous dites. Ouais, drôle de vision» (Le journaliste et Woodrow)
A voir absolument: Les archives personnelles de Bill Wittliff, scénariste et producteur exécutif de Lonesome Dove, avec d'intéressants documents de travail (http://alkek.library.txstate.edu/swwc/ld/ldexhibit.html) - En Anglais. Une de ces collections qui font l'honneur des universités américaines.
(1) Alain Carrazé et Jean-Jacques Schleret, Les Grandes séries américaines de 1970 à nos jours (Huitième Art).
(2) Ils se rattraperont plus tard: Voight dans Return to Lonesome Dove (1993) et Garner dans Streets of Laredo.
Commence alors un long voyage pour le Montana, un périple bordé d'épreuves, de remises en question et de retrouvailles sur une route faite de périls, de tristesse, de joies et de grandeur. Gus, Woodrow et leurs compagnons s'en vont vers leur destin et écrivent un des derniers chapitres de la grande Histoire de l'Ouest.
LE CHOIX DES SEIGNEURS
« En plus du whisky j'aimerai bien un peu de respect. Je suis le capitaine Augustus McCrae et voici le capitaine Woodrow Call. Si tu tournes la tête tu nous verras plus jeunes quand les gens voulaient qu'on soit sénateurs. Ce qu'on ne tolérait pas c'était un service médiocre. Comme tu le vois on le tolère toujours pas. » (Gus McRae)
Avant d'être une épopée télévisuelle, Lonesome Dove (1989) est un roman de l'écrivain texan Larry McMurtry, un des auteurs américains essentiels du vingtième siècle, lauréat de l'Oscar du meilleur scénario 2006 pour le film Brokeback Mountain. Ses oeuvres ont été adaptées à l'écran dès son premier roman, Horseman, Pass By (1961), devenu deux ans plus tard un film sous le titre de Hud (Le plus sauvage d'entre tous). Citons aussi The Last Picture Show et sa suite, Texasville, adaptés tous les deux au cinéma par Peter Bogdanovich, ou encore Terms of Endearment - filmé par James L. Brooks en 1983 (Tendres passions/Terms of Endearment).
Lonesome Dove est d'abord développé en 1971 par Larry McMurtry comme script d'un long métrage, The Streets of Laredo, que Peter Bogdanovich doit réaliser avec John Wayne dans le rôle de Woodrow Call, James Stewart dans le rôle de Gus McRae et Henry Fonda dans celui de Jake Spoon. Mais Wayne n'est pas intéressé, ce qui met fin au projet et McMurtry rachète le scénario dix ans après pour le transformer en roman. En 1985 la productrice Suzanne De Passe, de Motown Productions, achète 50 000 dollars US les droits du livre pas encore publié afin d'en faire une mini-série, mais les grands réseaux de télévision américains ne sont pas intéressés.
Ils le regrettent cependant lorsque le roman devient un succès de librairie et remporte le prestigieux prix Pulitzer. John Milius et John Huston tentent alors chacun de faire de Lonesome Dove un film mais Suzanne De Passe s'accroche à l'idée de la mini-série et conclut un accord avec CBS. Le réseau et De Passe s'associent avec Qintex Entertainment - la compagnie de l'Australien David Evans - et Robert Halmi Inc, afin de réunir un budget de 20 millions de dollars US pour 6 heures de programme. Ils engagent le scénariste et producteur William D. Wittliff pour adapter le livre de McMurtry, et l'habile Australien Simon Wincer à la réalisation.
« Augustus McRae est sans doute de tous les personnages que j'ai joué mon personnage favori. Peut-être aussi bon que Hamlet. J'ai senti que c'était un privilège de jouer ce rôle. Un grand rôle ».
Le rôle de Woodrow F. Call est proposé au grand acteur américain Robert Duvall (Le Parrain, Apocalypse Now, Sanglantes confessions) qui à la lecture du scénario préfère celui de Gus McRae (1). James Garner (La Grande Evasion, la série Maverick) est choisi pour être Call mais il renonce à cause de problèmes de santé. Le personnage est ensuite proposé à Jon Voight, qui refuse, et c'est finalement Tommy Lee Jones, pas encore immense vedette de cinéma, qui est choisi pour ce qui sera un de ses meilleurs rôles (2).
Le reste de la distribution est à la hauteur du tandem Duvall-Jones, avec des "pointures" du grand écran telles que Danny Glover (Deets), Diane Lane (Lorena "Lorie" Wood), Frederic Forrest (l'Indien Blue Duck) ou Anjelica Huston (Clara Allen). Mais aussi des acteurs familiers de la télévision comme Robert Urich (Dan Tanna dans Vega$, et Spenser dans la série homonyme) - ici à contre-emploi dans le rôle de Jake Spoon - ou l'ex-enfant star Rick Shroder (Newt Dobbs). Ainsi que des talents prometteurs comme Chris Cooper (July Johnson) ou Steve Buscemi.
UVA UVAM VIVENDO MARIA FIT
« Il va me plaire ce cuisinier, c'est un philosophe.
- Je sais, je l'ai engagé pour que t'ai quelqu'un a qui parler. Comme ça nous on va pouvoir travailler sérieusement. » (Gus et Woodrow)
Lonesome Dove est un chapitre de l'histoire d'une amitié entre deux hommes aux caractères diamétralement opposés: Augustus McCrae est un épicurien désinvolte voire oisif, affable et volontiers philosophe (« Plus le violon est ancien, plus la musique est belle »). C'est un homme à femmes qui cache en réalité un romantique contrarié que sa vie et sa carrière ont tenu éloigné de Clara, son grand amour, et qui vit une romance aussi atypique que maladroite avec Lorena Wood, une entraineuse locale.
Woodrow Call, lui, est un meneur d'hommes, travailleur, taciturne et secret dont le contrôle de soi apparent peut voler facilement en éclat. Il refuse d'admettre qu'il est le père du jeune Newt, lequel ignore cette paternité. Gus et Woodrow ont en commun un grand sens de l'honneur, des principes sans faille et un esprit d'aventure qui les a longtemps guidé et qui ne demande qu'à être réveillé lorsque Jake Spoon leur rend visite après 10 ans d'absence.
« Je ne me rappelais pas que le bétail t'intéressait encore. C'est plutôt les entraineuses, les cartes ton faible, non?
- Ouais mais je sais flairer la bonne occasion quand elle se présente. » (Gus et Jake)
Ancien Texas Ranger comme Call et McRae, Spoon est un joueur professionnel, un buveur souvent veule et parfois violent. Si Gus apprécie les petits plaisirs de l'existence, Jake passe son temps à les pourchasser quitte à s'attirer des ennuis et il a dû quitter précipitemment Fort Smith, en Arkensas, après avoir tué accidentellement un dentiste (« Mais une planche de bois n'arrête pas une balle de 50 - Un dentiste si » ) qui était également le maire de la ville et le frère du jeune sheriff, July Johnson. D'ailleurs sur la pression de Peach, sa mégère de belle-soeur, July est contraint de se lancer à la poursuite du joueur.
Spoon vante à ses amis la beauté du Montana et l'opportunité que constituerait l'installation d'un élevage sur ce territoire encore inexploité. Woodrow est séduit (« Moi j'partirai aujourd'hui si je pouvais me mettre des ailes et m'envoler ») mais Gus est plus réticent jusqu'à ce qu'il voit finalement dans ce voyage l'occasion de revoir Clara, l'amour de sa vie, mariée à un éleveur au Nebraska - qui se trouve sur le chemin du Montana. Mais Jake ne part pas avec eux: il a profité de ces retrouvailles pour renouer avec Lorie, laquelle croit voir en lui un moyen de sortir de sa condition et lui a fait promettre de l'enmener à San Francisco. Mais comme dit Gus à Woodrow: « Je crois que Jake s'est défilé bien trop de fois dans sa vie pour qu'on puisse fonder le moindre espoir sur lui ».
L'AVENTURE HUMAINE NE FAIT QUE COMMENCER
« Les gens baptissent des villes n'importe où. C'est aussi notre faute.
- Notre faute?
- On a chassé les Indiens, oui ou non? On a pendu tous les grands bandits. Il ne t'est jamais venu à l'esprit que tout ça ça pouvait être une erreur. On a peut-être trop bien fait notre boulot. C'est vrai, on a tué tous les types qui rendaient ce pays intéressant à vivre. » (Gus et Woodrow)
Editeur de référence de la fiction télévisuelle patrimoniale française, comme du meilleur de la fiction télé britannique contemporaine, Koba Films Vidéo propose aussi de grandes oeuvres de la télévision américaine. Avec Lonesome Dove, Koba nous permet d'apprécier en DVD ce que beaucoup considèrent à juste titre comme la meilleure mini-série de l'Histoire de la télévision, voire le meilleur Western jamais réalisé. 116 semaines de tournage au Texas et au Nouveau-Mexique, 89 acteurs, un millier de figurants, 9 nominations aux Emmy Awards, 7 remportés dont celui de la Meilleure réalisation pour Simon Wincer et de la Meilleure musique pour le grand Basil Poledouris. Sans oublier le Golden Globe de la Meilleure mini-série et celui du Meilleur acteur pour Robert Duvall.
« Je veux aller voir ce pays. Ouais, il le faut. Avant que les banquiers et les avocats aient mis le grapin dessus. » (Woodrow)
Lonesome Dove est diffusé par CBS en quatre parties de 90 minutes du 5 au 8 février 1989 et Leaving (Partir), la première partie, bat des records d'audience au-delà des espérances du réseau. En France la mini-série est diffusée pour la première fois sur la chaîne câblée Canal Jimmy du 29 décembre 1993 au 15 février redécoupée en huit épisodes de 45 minutes. Dieu merci, notre éditeur favori répartit sur deux disques les quatre parties originelles dans de magnifiques copies (version restaurée et en format 16/9) mettant en valeur le travail sublime du directeur de la photo Douglas Milsome.
Comme à son habitude Koba nous propose des sous-titres inédits, mais hormis quelques problèmes d'adaptation supportables, le doublage français est d'une qualité plutôt honorable lorsqu'on sait avec quelle légèreté la plupart des sociétés de doublage ont traité les produits télé pendant une vingtaine d'années jusqu'à la fin des années 1990. Marc de Georgi est impérial sur Gus et Bernard Tiphaine convient étonnamment sur Call. Bernard Woringer double comme il se doit Robert Urich et Nicolas Marié trouve le ton juste sur Dish (D.B. Sweeney). Les voxophiles reconnaîtront également Martine Irzenski (Diane Lane), Pierre Saintons (Danny Glover), Jeanne Val, Thierry Raguenau, etc...
« La raison c'est qu'on a pas été tué, c'est pour ça qu'on nous a oublié. » (Gus)
Western hyper-réaliste mais non dépourvu d'humour, Lonesome Dove est avant tout la chronique épique de destins inflexibles: comme celui d'Elmira, la femme du sheriff Johnson, prête à endurer l'humiliation et la souffrance pour retrouver Dee Boot, son véritable amour. Ou bien celui de Jake Spoon, dont l'errance se termine sous les regards attristés mais lucides de ses anciens camarades (« Il a su bien mourir, finalement »). C'est aussi un hymne à l'amitié de Gus et Woodrow quoi qu'elle ait pu leur en coûter (« Ce qui m'agace c'est qu'il a pu vivre avec toi et j'ai été obligée de m'effacer » déplore Clara) mais aussi une célébration nostalgique et émouvante de la loyauté, de la droiture morale et de la vie en général.
Véritable roman télévisuel, Lonesome Dove rappelle cette époque où les grands réseaux américains avaient de réelles ambitions qualitatives. La mini-série a donné naissance a plusieurs suites dont la plus récente, Commanche Moon, date de 2008. Koba Films Vidéo a sorti également Lonesome Dove - Le crépuscule (Streets of Laredo, 1995) et Lonesome Dove - Les jeunes années (The Outlaw Years, 1996). Nous vous les recommandons et nous vous en parlerons prochainement.
« On dit que vous êtes un visionnaire
- Je serais un visionnaire, vous dites. Ouais, drôle de vision» (Le journaliste et Woodrow)
A voir absolument: Les archives personnelles de Bill Wittliff, scénariste et producteur exécutif de Lonesome Dove, avec d'intéressants documents de travail (http://alkek.library.txstate.edu/swwc/ld/ldexhibit.html) - En Anglais. Une de ces collections qui font l'honneur des universités américaines.
(1) Alain Carrazé et Jean-Jacques Schleret, Les Grandes séries américaines de 1970 à nos jours (Huitième Art).
(2) Ils se rattraperont plus tard: Voight dans Return to Lonesome Dove (1993) et Garner dans Streets of Laredo.
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