[Favori du mois] [Sans spoilers] 60 ans après la publication du classique du roman d'espionnage de Len Deighton et 57 ans après sa célèbre adaptation au cinéma, l'espion myope connu sous le nom de Harry Palmer est de retour avec brio dans The Ipcress File.
Cette série en 6 épisodes de 45 minutes a débuté le mois dernier au Royaume-Uni sur ITV. AMC + la diffusera aux États-Unis.
Écrit par l'auteur britannique Len Deighton et publié en 1962, The IPCRESS File (publié en France en 1965 sous le titre Ipcress, danger immédiat) était centré sur un espion issu de la classe ouvrière dont le nom n'était pas précisé dans le livre et travaillant pour une petite agence de renseignement appelée W.O.O.C.(P). (1). Harry Saltzman, coproducteur des James Bond, transforma le roman en un film. Réalisé par Sidney J. Furie et sorti en 1965, Ipcress, danger immédiat (The Ipcress File) avait pour vedette Michael Caine dans le rôle d'un espion à lunettes dénommé Harry Palmer. L'acteur joua "l'anti-007" dans deux autres adaptations cinématographique des oeuvres de Deighton: Mes funérailles à Berlin (Funeral in Berlin, 1966), réalisé par Guy Hamilton, et Un cerveau d'un milliard de dollars (Billion Dollar Brain, 1967), réalisé par Ken Russell.
En 1968, le projet d'un quatrième film de Harry Palmer, adapté du roman Neige sous l'eau (Horse Under Water), fut abandonné par Saltzman. C'est une autre équipe de production qui fit la version cinéma de Spy Story (1976), réalisée par Lindsay Shonteff, avec Michael Petrovich dans le rôle de "Patrick Armstrong". Des années plus tard, Michael Caine devint un ex-espion dénommé Harry Anders dans Blue Ice (Blue Ice, 1992), dirigé par Russell Mulcahy. Le personnage était en fait basé sur la série littéraire des Tad Anders de Ted Allbeury. Le grand acteur remit finalement les emblématiques lunettes du vrai Palmer dans Beijing Express (Bullet to Beijing, 1995) et Minuit à Saint Petersbourg (Midnight in Saint Petersburg, 1996), deux films tournés en même temps sous la direction de George Mihalka et diffusés directement sur le câble américain.
Cette année, Harry Palmer revient dans The Ipcress File, une réinvention — pour une fois le mot est approprié — intelligente et pleine de style du roman et du film. Ce captivant thriller en six parties produit par Altitude Television, la compagnie de Will Clarke et Andy Mayson, a été écrit par John Hodge (Trainspotting) et réalisé par James Watkins (McMafia). Joe Cole (Gangs of London, Peaky Blinders) est le nouveau Harry Palmer. Lucy Boynton (Bohemian Rhapsody, Le crime de l'Orient-Express) interprète l'agent Jean Courtney. Le major William Dalby, leur patron, est joué par Tom Hollander (Docteur Thorne, The Night Manager). L'acteur et musicien anglais Ashley Thomas (Top Boy) joue l'agent de la CIA Paul Maddox.
Berlin-Ouest, 1963. le caporal britannique Harry Palmer fait du marché noir en
vendant des biens de l'armée à l'est grâce à un contact local, jusqu'à
ce qu'il soit arrêté par la police militaire et emprisonné en
Angleterre. Pendant ce temps, le ministre de la défense fait face à un problème et le major Dalby, chef d'une unité de renseignement indépendante et "provisoire" appelée le War Office Operational Communication, pense que le prisonnier 17315 Palmer est la solution. Peter Dawson, un scientifique nucléaire travaillant sur un projet de bombe à neutrons, a été enlevé. Dalby veut le "racheter" à Jan Pilsudski, le principal suspect, avant que Dawson ne soit livré à l'ennemi. Harry est le seul lien connu avec ce contrebandier polonais actif dans le secteur américain de Berlin parce qu'ils ont fait du marché noir ensemble.
Jean
Courtney est envoyé par Dalby pour négocier une assistance de la CIA sur le terrain avec Paul Maddox, un officier afro-américain, en échange d'informations sur le colonel Gregor Stok, un maître-espion soviétique. Harry
Palmer accepte une proposition et tente de récupérer le scientifique à Berlin-Est. Bien que les choses tournent mal, Palmer s'arrange pour obtenir un indice important. La recherche du professeur Dawson conduit Harry et Jean d'une clinique expérimentale dans la campagne anglaise jusqu'à Beyrouth puis sur une île du Pacifique où les Américains testent la bombe à neutrons. Le colonel Stok et Dalby ont une conversation au sujet du passé du major. Qui est digne de confiance et que signifie IPCRESS?
John Hodge et James Watkins, le scénariste et le réalisateur de The Ipcress File, rendent un hommage subtil au film (dès le début du premier épisode) sans le copier-coller. Le format de la série a permis de retravailler les intrigues du livre comme du film, ce qui inclut un développement considérable des personnages. Harry Palmer est le fils d'un docker et d'une ouvrière du textile, un diplômé de l'Imperial
College en mathématiques et un héros de la guerre de Corée. Son épouse, dont il est séparé, vit avec un ami de Harry et elle attend leur divorce. Joe Cole est vraiment un bon choix pour interpréter le jeune espion irrévérencieux qui prend confiance en lui tandis que progresse la mission.
Appelée Jean Tonnesen dans le roman, Jean Courtney était un personnage secondaire dans le film (2). Ici Jean vit avec ses parents aisés et elle a des doutes sur son futur mariage. Sa famille et son fiancé ignorent qu'elle est une agent de renseignement hautement qualifiée. Ils pensent qu'elle travaille pour la BBC, où elle "fait du thé pour le World Service". Lucy Boynton donne à son rôle un parfait équilibre entre glamour et profondeur. Dalby, le très patricien chef du W.O.O.C., est le parfait exemple de la façon dont le matériel source est réinventé. Le major, joué avec son talent et sa distinction coutumiers par Tom Hollander, n'est clairement pas le personnage interprété par Nigel Green dans la première adaptation (3).
The Ipcress File fait un travail splendide avec sa reconstitution des années 1960, qui rappelle les films et séries d'espionnage de l'époque, et fait un usage extraordinaire des lieux de tournage. Les téléspectateurs peuvent visiter le Berlin de la Guerre froide (comme dans Mes funérailles à Berlin), le Liban où la Finlande (voir Un cerveau d'un milliard de dollars) mais la série a été tournée à Liverpool, dans le Cheshire et en Croatie. Ashley Thomas et le reste de la distribution sont excellents, spécialement Anastasia Hille (Alice), Josha James (Chico), l'acteur suédois David Dencik (Mourir peut attendre) dans le rôle du colonel Stok (4) et Tom Vaughan-Lawlor (Général Cathcart). Avec aussi Paul Higgins (Minister), Brian Ferguson (Randall), Nora-Jane Noone (Karen Newton), Matthew Steer (Dawson), Corey Johnson (Skip Henderson), Irfan Shamji (Carswell), etc.
Une production Altitude Television en association avec ITV Studios et le Liverpool Film Office. Les producteurs exécutifs sont James Watkins, John Hodge, Steven Saltzman et Hilary Saltzman, Sandy Lieberson et Alexander Deighton, Andy Mayson et Andrew Eaton ainsi que Will Clarke. Produit par Paul Ritchie. L'élégante et surprenante musique a été composée par Tom Hodge (McMafia). Tim Maurice-Jones BSC est le directeur de la photographie. Montage par Stuart Gazzard. James Price est le chef décorateur. Lili Lea Abraham est le directeur artistique. Costumes conçus par Keith Madden. Maxine Carlier est la décoratrice de plateau. Génériques par Lipsync Design.
(1) Pour le problème de la signification de W.O.O.C.(P)., lisez cet interview de Len Deighton: https://deightondossier.blogspot.com/p/len-deighton-exclusive-interview-nov.html
(2) Interprétée par Sue Lloyd, qui revint dans le rôle de Jean pour Beijing Express.
(3) Le colonel Ross, joué par Guy Doleman dans Ipcress, danger immédiat, Mes funérailles à Berlin et Un cerveau d'un milliard de dollars est absent de cette version.
(4) Joué par Oscar Homolka dans Mes funérailles à Berlin et Un cerveau d'un milliard de dollars. Derren Nesbitt l'interprétait dans Spy Story.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire