mercredi 1 février 2012

UN MARI IDÉAL (KOBA FILMS)

Londres, 1895. Etoile montante de la politique anglaise, Sir Robert Chiltern (Jeremy Northam) est réputé pour son intégrité et vénéré par son épouse Lady Gertrude (Cate Blanchett). Mais l'intrigante Madame Cheveley (Julianne Moore) menace de révéler l'origine de sa réussite s'il ne change pas un discours aux Communes. Il se tourne alors vers son ami Lord Arthur Goring (Rupert Everett), un dandy oisif et philosophe qui fuit le mariage au grand dam de son père et surtout de Mabel (Minnie Driver), la soeur de Robert.

Charmante comédie romantique adaptée de l'oeuvre d'Oscar Wilde par le réalisateur et scénariste anglais Oliver Parker, Un mari idéal (An Ideal Husband, 1999) sort cette semaine en DVD chez l'excellent éditeur Koba Films.

« Vous savez Arthur, j'aimerais presque être vous parfois.
- Et moi Robert, j'aimerais presque que vous le soyez. Si ce n'est que vous feriez probablement quelque chose de ma vie ce qui serait absolument intolérable.
- Vous pourriez toujours vous marier.
- C'est justement le toujours qui m'effraie. »

WILDE AT HEART

« J'ai toujours adoré parler de rien, père. C'est le seul sujet que je possède. »

Oliver Parker débute sa carrière comme acteur au théâtre et à la télévision avant de réaliser trois courts métrages dans les années 1990 et de se faire remarquer grâce à son premier long métrage, une adaptation d'Othello de William Shakespeare (1995) avec Laurence Fishburne, Irène Jacob et Kenneth Brannagh. Pour son second film il s'intéresse à Un mari idéal (An Ideal Husband), pièce comique d'Oscar Wilde créée en 1895. Inspirée par le scandale de Panama, cette satire sociale mêle corruption politique et sentiments dans un débordement de ces bons mots qui sont la marque de fabrique de l'auteur irlandais. Parker est séduit par la résonnance contemporaine de l'oeuvre et de ses thèmes: la tolérance, le pardon et l'acceptation de l'ambiguïté de l'existence.

« Pas encore marié?
- Redemandez le moi dans une demi-heure. »

Son scénario change différentes choses et ajoute certaines scènes pour donner de l'unité au film, comme le discours à la Chambre des Communes ou le pari. « J'ai joué Wilde et Shakespeare moi-même, donc je ne me considère pas comme étranger au matériel, » explique le scénariste et réalisateur. « Je me sens comme un initié ayant la passion de livrer ce qu'il ressent comme l'essence de ces pièces, qui tendent à être bien plus dynamiques qu'elles n'en ont souvent l'air. Et si vous les travaillez pour un nouveau medium sans aucune altération alors vous ne rendez pas service à la pièce. Ca me paraît évident. Vous devez faire quelque chose ou bien Othello durerait quatre heures! » (1)

BORN TO BE WILDE

« Vous avez 36 ans.
- Chut! Voyons! Je n'en avoue que 32. »

Oliver Parker bénéficie d'une distribution exceptionnelle dominée par l'acteur anglais Rupert Everett au sommet de son art dans le rôle de Lord Goring, dandy qui cache ses qualités de coeur derrière son attitude débonnaire et son cynisme affecté (« S'aimer soi-même c'est le début d'une longue histoire d'amour. » ) Everett est l'incarnation même de l'esprit de l'oeuvre d'Oscar Wilde, qu'il a interprété sur scène notamment en Français sous la direction de Jérôme Savary dans L'Importance d'être Constant (The Importance of Being Earnest) en 1996. Il reprendra même le rôle d'Algernon dans l'adaptation cinématographique de cette pièce par Parker en 2002.

« Bonjour Lord Goring. Soyez frivole autant qu'il vous siéra. »

Cate Blanchett est toute en justesse en épouse aimante et idéaliste face à une Julianne Moore venimeuse à souhait en aventurière familière des cercles du pouvoir (« Je ne suis pas aussi noire et vile que vous le pensez. ») Jeremy Northam est parfait en Sir Robert et Minnie Driver apporte beaucoup de charme aux délicieuses réparties entre Mabel et Arthur. Les cinéphiles et téléphiles avertis apprécieront en outre la présence de solides talents tels que Peter Vaughan (Phipps), Lindsay Duncan (Lady Markby) ou bien Jeroen Krabbé (le baron Arnheim). Les libertés prises par Oliver Parker avec la pièce servent son film, orné de clins d'oeil élégants à Wilde. Dont cette représentation de L'Importance d'être Constant à laquelle assistent les personnages.

Un mari idéal est une comédie savoureuse, subtile et divertissante pourvue de tout ce qu'on peut aimer chez Oscar Wilde sans pour autant être révérencieuse à l'égard du maître. Le DVD de Koba Films permettra d'apprécier le film dans son indispensable version originale, sous-titrée ou pas.

« Continuez à être cet idéal. »

(1) http://www.combustiblecelluloid.com/intop.shtml

http://www.kobafilms.fr/

Voir aussi:

http://noemicsiki.suite101.com/an-ideal-husband-film-versus-play-a362615
http://www.oscholars.com/RBA/sixteen/16.9/wilde.htm

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