Le cinéma américain n’a jamais été aussi bon et créatif que dans la décennie 1970-1980, lorsque la société américaine était plongée dans le fiasco vietnamien et les dérives de l’ère Nixon : science-fiction dystopique, manifestes militants, thrillers paranoïaques et sagas familiales sans concessions constituaient l’ordinaire du spectateur comme du cinéphile.
« MGM s’est lancé sur le marché. 20th Century Fox pensait faire la même chose. Toutes les majors, qui avaient été incroyablement productives devant le siècle, se retrouvaient menacées par l’avancée de la télévision. » (William Marshall, Page 21)
Hollywoodland n’était pas devenue l’usine à « franchises » qu’elle est aujourd’hui et le cinéma était encore le miroir de son temps, comme lorsque Mabuse était l’incarnation des préoccupations des Allemands (http://thierryattard.blogspot.com/2008/05/strange-case-of-dr-mabuse_15.html). A côté d’un cinéma de genre angoissé produit par une industrie cinématographique américaine k.o. debout face aux made for tv movies et au flair des décideurs de la télévision du moment, s’est épanoui un phénomène commercial et ethnique essentiellement développé par les studios pour une catégorie de la population qui n’avait pas bénéficié jusqu’alors de tant de « sollicitude » : la Blaxploitation.
IN LIVING COLOR
En ces temps où l’édition française va mal et l’édition spécialisée hexagonale encore plus, Bazaar & Co (http://www.bazaar-and-co.com/) offre une bouffée d’oxygène aux cinéphiles comme aux journalistes cinéma avec une exploration éditoriale du cinéma de genre à faire rêver les habitués des ouvrages anglo-saxons sur le cinéma, sous la direction du journaliste et spécialiste Julien Sévéon. La collection Cinexploitation de l’éditeur démarre avec un premier volume prometteur : Blaxploitation 70’s Soul Fever !, écrit par Sévéon.
Paradoxe de cette collection, son opus inaugural est consacré à ce que l’auteur qualifie lui-même en introduction de « non-genre » : la Blaxploitation (contraction de Black et d’Exploitation), un type de films produit dans les années soixante-dix pour le public afro-américain, avec dans les rôles principaux des acteurs noirs, la couleur des interprètes étant le seul point commun d’œuvres de styles hétérogènes : policier, thriller, film d’horreur, drame, chronique sociale, comédie voire porno.
« Il faudra le succès de quelques films plaçant dans les rôles principaux des Noirs n’ayant rien d’Oncle Tom pour que le monde du cinéma se mette à changer. Oh, pas sur le fond, car Hollywood est et restera toujours un monde blanc. Mais dans la forme en tout cas. » (Page 5)
Dès le début de l’Histoire du cinéma américain émerge une production afro-américaine, désireuse de réagir aux stéréotypes étalés à l’écran : les Race Movies. Les frères Noble et George Johnson fondent en 1916 la Lincoln Motion Picture Company (Noble, également acteur, sera la vedette des films du studio), Oscar Micheaux suit leurs traces. Ce cinéma parallèle a ses propres stars : Lorenzo Tucker – « le Valentino noir » (découverte de Micheaux), Bee Freeman – surnommée « la Mae West sepia », ou le cow boy chantant Herb Jeffries, suffisamment bankables, pour que des producteurs blancs s’intéressent à ce marché. Les Race Movies prospèreront en marge du système Hollywoodien jusque dans les années 1950.
LE NOIR LEUR VA SI BIEN
« Ce qu’Hollywood a fait, c’est supprimer le message politique et rajouter la caricature. C’est ainsi que la blaxploitation est née. » (Melvin Van Peebles, Page 21)
Il faut attendre la fin de la décennie 1960 pour que des films comme Putney Swope (1969), de Robert Downey Sr. – le père de l’interprète d’Iron Man, ou Le casse de l’oncle Tom (Cotton goes to Harlem, 1970), de l’acteur, réalisateur et scénariste noir Ossie Davis, posent les bases du phénomène Blaxploitation. Mais c’est Sweet Sweetback's Baadasssss Song (1971), de Melvin Van Peebles (cf. http://www.avclub.com/content/node/22997), qui au grand dam de son auteur est considéré comme son déclencheur. Réalisateur indépendant, écrivain, acteur, journaliste européanophile et francophile, Van Peebles a même travaillé pour le célèbre magazine français Hara Kiri et réalisé en France deux petites productions : Cinq cent balles/The Story of a Three-Day Pass (1963) et La permission (1968), où apparaissent les visages familiers de Pierre Doris et Christian Marin. Accessoirement il est le père de l’acteur Mario Van Peebles [lequel demeurera à jamais Sonny Spoon, prince des détectives pour l’auteur de cet article, NDA].
Co-finançé par un prêt de la star noire Bill Cosby, Melvin Van Peebles tourne Sweet Sweetback avec un budget estimé de $150 000 et son film rapporte plus de 15 millions, s’arrogeant même la première place au Box Office dans certaines grandes villes américaines. Hollywood surfera sur la vague et comme l’explique Mario Van Peebles dans une interview commune avec son père menée par Nathan Rabin en 2004 : « Ils ont pris Shaft, qui avait été écrit pour un détective blanc, l’ont transformé en noir, puis ils ont fait ce qui a été appelé plus tard blaxploitation » (http://www.avclub.com/content/node/22997).
Adapté d’un roman d’Ernest Tidyman intitulé Les Nuits rouges de Harlem, Shaft (1971) est réalisé pour la MGM par Gordon Parks, reporter photographe pour Life Magazine, romancier puis réalisateur. Richard Roundtree, dans le rôle du privé hardboiled John Shaft, devient le prototype du héros de la Blaxploitation sur la musique extraordinaire composée et interprétée par Isaac Hayes. Le film fait un malheur et engendre deux suites : l’hyper bondien Les nouveaux exploits de Shaft (Shaft’s Big Score, 1972), où Shaft affronte l’acteur Joseph Mascolo (dans le rôle de Gus… Mascola !) – le futur Stefano Dimera du soap Des jours et des vies, ainsi que Shaft contre les trafiquants d’hommes (Shaft in Africa, 1973). Richard Roundtree reprend même le rôle en 1973 pour une courte série télé, forcément lissée mais très sous-estimée, puis en 2000 dans le sympathique film réalisé par John Singleton avec Samuel Jackson dans le rôle de son neveu homonyme.
PAM, JIM, FRED, RUDY ET LES AUTRES…
« NAACP (1) et CORE (2) – C’est eux qui ont créé ce terme : black exploitation. Il faut que ce soit bien clair et retenu. Ca ne venait pas de la presse blanche… Qui était exploité ? Tous ces acteurs noirs étaient payés. Ils avaient un boulot. Ils faisaient leur travail. Le public n’était pas exploité. Il venait pour voir sur l’écran ce qu’ils désiraient voir. » (Fred Williamson dans le documentaire Baadasssss Cinema, 2002)
Blaxploitation 70’s Soul Fever ! de Julien Sévéon nous offre un voyage joyeux, éclairé et passionnant (avec de nombreuses illustrations dont pas mal de superbes affiches en couleurs) dans un univers efficace et pittoresque peuplé de déesses et de dieux. Pamela « Pam » Grier, déesse parmi les déesses du Panthéon noir de la Blaxploitation (terme qu’elle déteste, comme beaucoup des protagonistes de cette période) est lancée en 1971 par le producteur Roger Corman avec The Big Doll House, point de départ d’une surréaliste série de films de prisons pour femmes tournée aux Philippines. Ce sont des films comme Coffy, la Panthère noire de Harlem (Coffy, 1973), Foxy Brown (1974) ou Friday Foster (1975) qui feront d’elle une icône. Autre femme fatale du phénomène Blax, Tamara Dobson dans le rôle de Cleopatra Jones, pour Dynamite Jones (Cleopatra Jones, 1973) et sa suite, Cleopatra Jones and the Casino of Gold (1975). Foxy Brown comme Miss Jones laisseront des traces dans la culture populaire, que ce soit avec le Jackie Brown (1997) – de Quentin Tarantino (avec Pam Grier dans le rôle-titre), ou le personnage de Foxxy Cleopatra interprété par la chanteuse Beyoncé dans le troisième Austin Powers en 2002.
Du côté des dieux, la légende du football américain Jim Brown, avait déjà une respectable carrière cinématographique (Les douze salopards, Destination Zebra Station polaire…) avant même que sa popularité n’explose avec la Blaxploitation et des chapitres glorieux de son Histoire, comme Slaughter (1972) ou Gunn la gachette (Black Gunn, 1972). Dans Les démolisseurs (Three the Hard Way, 1974), réalisé par Gordon Parks Jr et écrit par le tandem de scénaristes Eric Bercovici et Jerry Ludwig (la série L’Homme de Vienne, 1972), Jim Brown fait équipe avec deux autres stars du cinéma d’action noir : Fred « The Hammer » Williamson (Tommy Gibbs dans Black Caesar et sa suite, Hell Up in Harlem – réalisés par le grand Larry Cohen en 1973), lui aussi issu du football américain et qui sera également réalisateur, scénariste et producteur, ainsi que le champion de karaté Jim Kelly remarqué l’année précédente dans Opération Dragon.
L’inclassable Rudy Ray Moore (http://www.zzzlist.com/celebs/Features/Dolemite/Rudy%20Ray%20Moore.htm), danseur, comique de stand-up précurseur de Richard Pryor, est un chanteur, acteur et producteur américain, connu aux Etats-Unis pour son flamboyant personnage Dolemite – développé pour la scène et ses albums. En 1975, le « Big Bad Pimp » (maquereau) devient le héros d’un film à sa gloire, Dolemite, réalisé par D’Urville Martin et écrit par l’acteur Jerry Jones d’après une histoire de Moore (qui compose la bande originale). Ce passage au grand écran est suivi d’une suite, The Human Tornado, en 1976. Rudy Ray Moore utilisera un autre de ses personnages, Petey Wheatstraw, le gendre du diable, pour son quatrième film (Petey Wheatstraw, 1977).
Julien Sévéon célèbre la Blaxploitation : ses stars, ses seconds couteaux bourrés de talent (Sid Haig, Antonio Fargas…), ses héros méconnus (Christopher St John, réalisateur et scénariste en 1972 de Top of the Heap, et père du Neal Winters des Feux de l’Amour (3)), ses filiations étrangères (un remake Shaw Brothers de Coffy) ou étranges (les films de Max Henri Boulois), sa musique (Isaac Hayes, également acteur, mais aussi Marvin Gaye, Herbie Hancock ou encore Curtis Mayfield), ou ses héritiers (les Gangsta Films). Amateurs éclairés, spécialistes, cinéphiles bercés de souvenirs de vidéo-clubs ou visiteurs de passage, empruntez donc les rues de la Blaxploitation 70’s Soul Fever ! à bord d’une Cadillac Eldorado. John Shaft sort d’une bouche de métro… Des questions ?
Blaxploitation 70’s Soul Fever ! de Julien Sévéon (Bazaar & Co/19,50 euros)
(1) National Association for the Advancement of Colored People: Association nationale pour l’avancement des gens de couleur.
(2) Congress of Racial Equity.
(3) L’auteur de cet article est un incurable et notoire amateur de « Beaux drames de l’après-midi ».
« MGM s’est lancé sur le marché. 20th Century Fox pensait faire la même chose. Toutes les majors, qui avaient été incroyablement productives devant le siècle, se retrouvaient menacées par l’avancée de la télévision. » (William Marshall, Page 21)
Hollywoodland n’était pas devenue l’usine à « franchises » qu’elle est aujourd’hui et le cinéma était encore le miroir de son temps, comme lorsque Mabuse était l’incarnation des préoccupations des Allemands (http://thierryattard.blogspot.com/2008/05/strange-case-of-dr-mabuse_15.html). A côté d’un cinéma de genre angoissé produit par une industrie cinématographique américaine k.o. debout face aux made for tv movies et au flair des décideurs de la télévision du moment, s’est épanoui un phénomène commercial et ethnique essentiellement développé par les studios pour une catégorie de la population qui n’avait pas bénéficié jusqu’alors de tant de « sollicitude » : la Blaxploitation.
IN LIVING COLOR
En ces temps où l’édition française va mal et l’édition spécialisée hexagonale encore plus, Bazaar & Co (http://www.bazaar-and-co.com/) offre une bouffée d’oxygène aux cinéphiles comme aux journalistes cinéma avec une exploration éditoriale du cinéma de genre à faire rêver les habitués des ouvrages anglo-saxons sur le cinéma, sous la direction du journaliste et spécialiste Julien Sévéon. La collection Cinexploitation de l’éditeur démarre avec un premier volume prometteur : Blaxploitation 70’s Soul Fever !, écrit par Sévéon.
Paradoxe de cette collection, son opus inaugural est consacré à ce que l’auteur qualifie lui-même en introduction de « non-genre » : la Blaxploitation (contraction de Black et d’Exploitation), un type de films produit dans les années soixante-dix pour le public afro-américain, avec dans les rôles principaux des acteurs noirs, la couleur des interprètes étant le seul point commun d’œuvres de styles hétérogènes : policier, thriller, film d’horreur, drame, chronique sociale, comédie voire porno.
« Il faudra le succès de quelques films plaçant dans les rôles principaux des Noirs n’ayant rien d’Oncle Tom pour que le monde du cinéma se mette à changer. Oh, pas sur le fond, car Hollywood est et restera toujours un monde blanc. Mais dans la forme en tout cas. » (Page 5)
Dès le début de l’Histoire du cinéma américain émerge une production afro-américaine, désireuse de réagir aux stéréotypes étalés à l’écran : les Race Movies. Les frères Noble et George Johnson fondent en 1916 la Lincoln Motion Picture Company (Noble, également acteur, sera la vedette des films du studio), Oscar Micheaux suit leurs traces. Ce cinéma parallèle a ses propres stars : Lorenzo Tucker – « le Valentino noir » (découverte de Micheaux), Bee Freeman – surnommée « la Mae West sepia », ou le cow boy chantant Herb Jeffries, suffisamment bankables, pour que des producteurs blancs s’intéressent à ce marché. Les Race Movies prospèreront en marge du système Hollywoodien jusque dans les années 1950.
LE NOIR LEUR VA SI BIEN
« Ce qu’Hollywood a fait, c’est supprimer le message politique et rajouter la caricature. C’est ainsi que la blaxploitation est née. » (Melvin Van Peebles, Page 21)
Il faut attendre la fin de la décennie 1960 pour que des films comme Putney Swope (1969), de Robert Downey Sr. – le père de l’interprète d’Iron Man, ou Le casse de l’oncle Tom (Cotton goes to Harlem, 1970), de l’acteur, réalisateur et scénariste noir Ossie Davis, posent les bases du phénomène Blaxploitation. Mais c’est Sweet Sweetback's Baadasssss Song (1971), de Melvin Van Peebles (cf. http://www.avclub.com/content/node/22997), qui au grand dam de son auteur est considéré comme son déclencheur. Réalisateur indépendant, écrivain, acteur, journaliste européanophile et francophile, Van Peebles a même travaillé pour le célèbre magazine français Hara Kiri et réalisé en France deux petites productions : Cinq cent balles/The Story of a Three-Day Pass (1963) et La permission (1968), où apparaissent les visages familiers de Pierre Doris et Christian Marin. Accessoirement il est le père de l’acteur Mario Van Peebles [lequel demeurera à jamais Sonny Spoon, prince des détectives pour l’auteur de cet article, NDA].
Co-finançé par un prêt de la star noire Bill Cosby, Melvin Van Peebles tourne Sweet Sweetback avec un budget estimé de $150 000 et son film rapporte plus de 15 millions, s’arrogeant même la première place au Box Office dans certaines grandes villes américaines. Hollywood surfera sur la vague et comme l’explique Mario Van Peebles dans une interview commune avec son père menée par Nathan Rabin en 2004 : « Ils ont pris Shaft, qui avait été écrit pour un détective blanc, l’ont transformé en noir, puis ils ont fait ce qui a été appelé plus tard blaxploitation » (http://www.avclub.com/content/node/22997).
Adapté d’un roman d’Ernest Tidyman intitulé Les Nuits rouges de Harlem, Shaft (1971) est réalisé pour la MGM par Gordon Parks, reporter photographe pour Life Magazine, romancier puis réalisateur. Richard Roundtree, dans le rôle du privé hardboiled John Shaft, devient le prototype du héros de la Blaxploitation sur la musique extraordinaire composée et interprétée par Isaac Hayes. Le film fait un malheur et engendre deux suites : l’hyper bondien Les nouveaux exploits de Shaft (Shaft’s Big Score, 1972), où Shaft affronte l’acteur Joseph Mascolo (dans le rôle de Gus… Mascola !) – le futur Stefano Dimera du soap Des jours et des vies, ainsi que Shaft contre les trafiquants d’hommes (Shaft in Africa, 1973). Richard Roundtree reprend même le rôle en 1973 pour une courte série télé, forcément lissée mais très sous-estimée, puis en 2000 dans le sympathique film réalisé par John Singleton avec Samuel Jackson dans le rôle de son neveu homonyme.
PAM, JIM, FRED, RUDY ET LES AUTRES…
« NAACP (1) et CORE (2) – C’est eux qui ont créé ce terme : black exploitation. Il faut que ce soit bien clair et retenu. Ca ne venait pas de la presse blanche… Qui était exploité ? Tous ces acteurs noirs étaient payés. Ils avaient un boulot. Ils faisaient leur travail. Le public n’était pas exploité. Il venait pour voir sur l’écran ce qu’ils désiraient voir. » (Fred Williamson dans le documentaire Baadasssss Cinema, 2002)
Blaxploitation 70’s Soul Fever ! de Julien Sévéon nous offre un voyage joyeux, éclairé et passionnant (avec de nombreuses illustrations dont pas mal de superbes affiches en couleurs) dans un univers efficace et pittoresque peuplé de déesses et de dieux. Pamela « Pam » Grier, déesse parmi les déesses du Panthéon noir de la Blaxploitation (terme qu’elle déteste, comme beaucoup des protagonistes de cette période) est lancée en 1971 par le producteur Roger Corman avec The Big Doll House, point de départ d’une surréaliste série de films de prisons pour femmes tournée aux Philippines. Ce sont des films comme Coffy, la Panthère noire de Harlem (Coffy, 1973), Foxy Brown (1974) ou Friday Foster (1975) qui feront d’elle une icône. Autre femme fatale du phénomène Blax, Tamara Dobson dans le rôle de Cleopatra Jones, pour Dynamite Jones (Cleopatra Jones, 1973) et sa suite, Cleopatra Jones and the Casino of Gold (1975). Foxy Brown comme Miss Jones laisseront des traces dans la culture populaire, que ce soit avec le Jackie Brown (1997) – de Quentin Tarantino (avec Pam Grier dans le rôle-titre), ou le personnage de Foxxy Cleopatra interprété par la chanteuse Beyoncé dans le troisième Austin Powers en 2002.
Du côté des dieux, la légende du football américain Jim Brown, avait déjà une respectable carrière cinématographique (Les douze salopards, Destination Zebra Station polaire…) avant même que sa popularité n’explose avec la Blaxploitation et des chapitres glorieux de son Histoire, comme Slaughter (1972) ou Gunn la gachette (Black Gunn, 1972). Dans Les démolisseurs (Three the Hard Way, 1974), réalisé par Gordon Parks Jr et écrit par le tandem de scénaristes Eric Bercovici et Jerry Ludwig (la série L’Homme de Vienne, 1972), Jim Brown fait équipe avec deux autres stars du cinéma d’action noir : Fred « The Hammer » Williamson (Tommy Gibbs dans Black Caesar et sa suite, Hell Up in Harlem – réalisés par le grand Larry Cohen en 1973), lui aussi issu du football américain et qui sera également réalisateur, scénariste et producteur, ainsi que le champion de karaté Jim Kelly remarqué l’année précédente dans Opération Dragon.
L’inclassable Rudy Ray Moore (http://www.zzzlist.com/celebs/Features/Dolemite/Rudy%20Ray%20Moore.htm), danseur, comique de stand-up précurseur de Richard Pryor, est un chanteur, acteur et producteur américain, connu aux Etats-Unis pour son flamboyant personnage Dolemite – développé pour la scène et ses albums. En 1975, le « Big Bad Pimp » (maquereau) devient le héros d’un film à sa gloire, Dolemite, réalisé par D’Urville Martin et écrit par l’acteur Jerry Jones d’après une histoire de Moore (qui compose la bande originale). Ce passage au grand écran est suivi d’une suite, The Human Tornado, en 1976. Rudy Ray Moore utilisera un autre de ses personnages, Petey Wheatstraw, le gendre du diable, pour son quatrième film (Petey Wheatstraw, 1977).
Julien Sévéon célèbre la Blaxploitation : ses stars, ses seconds couteaux bourrés de talent (Sid Haig, Antonio Fargas…), ses héros méconnus (Christopher St John, réalisateur et scénariste en 1972 de Top of the Heap, et père du Neal Winters des Feux de l’Amour (3)), ses filiations étrangères (un remake Shaw Brothers de Coffy) ou étranges (les films de Max Henri Boulois), sa musique (Isaac Hayes, également acteur, mais aussi Marvin Gaye, Herbie Hancock ou encore Curtis Mayfield), ou ses héritiers (les Gangsta Films). Amateurs éclairés, spécialistes, cinéphiles bercés de souvenirs de vidéo-clubs ou visiteurs de passage, empruntez donc les rues de la Blaxploitation 70’s Soul Fever ! à bord d’une Cadillac Eldorado. John Shaft sort d’une bouche de métro… Des questions ?
Blaxploitation 70’s Soul Fever ! de Julien Sévéon (Bazaar & Co/19,50 euros)
(1) National Association for the Advancement of Colored People: Association nationale pour l’avancement des gens de couleur.
(2) Congress of Racial Equity.
(3) L’auteur de cet article est un incurable et notoire amateur de « Beaux drames de l’après-midi ».
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