vendredi 28 août 2009

LES HAUTS DE HURLEVENT AVEC TOM HARDY SUR ITV1

La présence d'une nouvelle version d'Emma, d'après Jane Austen, dans la liste des séries et dramatiques de BBC One pour l'automne 2009 a suscité des sentiments mitigés de la part du public et des critiques, las à l'idée d'une énième adaptation d'un "Braustens" (Brontë/Austen/Dickens). Après tout il est tentant de se demander si on a encore besoin d'une autre dramatique en costumes d'époque a un moment où la télévision britannique nous propose Torchwood: Children of Earth ou bien The Fixer.

De nos jours il faut quelque chose de plus pour attirer l'attention avec un autre retour sur un de ces monuments tant aimés de la grande littérature britannique. Et Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights) - le 30 et le 31 août sur ITV1 à 21h00, heure britannique - possède indéniablement cet élément d'intérêt: Tom Hardy dans le rôle de Heathcliff. Hardy est un des meilleurs acteurs britanniques contemporains. Couvert d'éloges pour son interprétation de Michael Gordon Peterson, alias le prisonnier Charles Bronson, dans le film Bronson (2008), et acclamé pour son travail sur la brillante adaptation de Martina Cole's The Take, Hardy est un choix naturel pour incarner le mystérieux, sombre et tourmenté Heathcliff.

Cette nouvelle version du classique écrit par Emily Brontë est réalisée par Coky Giedroyc (Blackpool), adaptée par Peter Bowker (Blackpool, Desperate Romantics) et produite par Mammoth Screen (Lost in Austen). Après Martina Cole's The Take, Charlotte Riley joue de nouveau avec Tom Hardy et interprète Cathy. La distribution inclut Kevin McNally (Monsieur Earnshaw) et Burn Gorman - Owen Harper dans Torchwood - dans le rôle de Hindley.

Nous observerons l'accueil qui est fait à ce nouveau Wuthering Heights sur ITV1, juste après le Desperate Romantics de Peter Bowker sur BBC2 (malheureusement bien loin du Casanova de Russell T. Davies) et avant l'Emma avec Romalo Garai. Et nous sommes très impatients de voir si le Heathcliff de Tom Hardy égale la prestation de Timothy Dalton dans le merveilleux film réalisé par Robert Fuest en 1970 (adaptation favorite de votre humble serviteur). Mais très honnètement: Giedroyc, Boker, Emily Brontë, Hardy... les ingrédients d'un futur classique sont là.

Radford Neville, producteur du Wuthering Heights 2009 pour ITV nous livre un intéressant récit du tournage et le compositeur Ruth Barrett nous parle de son travail, sur le site Broadcast Now (http://www.broadcastnow.co.uk/production/on-location/wuthering-heights-itv1/5004923.article). Vous trouverez aussi beaucoup d'informations sur le magnifique BrontëBlog (http://bronteblog.blogspot.com/), une référence indispensable sur la vie et le travail de la famille Brontë.

http://www.itv.com/drama/perioddrama/wutheringheights/default.html

Promo Wuthering Heights: http://www.youtube.com/watch?v=kOCdgAse0zw

Voir également:

http://thierryattard.blogspot.com/2009/07/itv-fictions-automne-2009.html
http://thierryattard.blogspot.com/2009/08/code-9.html

In English: http://tattard2.blogspot.com/2009/08/wuthering-heights-with-tom-hardy-on.html

jeudi 27 août 2009

LA MEILLEURE SERIE BRITANNIQUE DE 2008 REVIENT

The Fixer, la meilleure série britannique de 2008, revient mardi 1er septembre à 21h00 - Heure locale - sur ITV1.

John Mercer (Andrew Buchan), ex-membre des forces spéciales, est arrêté par la police après avoir tué son oncle et sa tante à cause de ce qu'ils ont fait à sa soeur Jess (Liz White). Il est recruté en prison par le mystérieux Lenny Douglas (Peter Mullan) pour devenir un assassin à la solde du gouvernement. Son job: éliminer les criminels que la loi ne peut mettre hors d'état de nuire.

The Guardian nous offre un extrait de la très attendue saison 2 de la série produite par Kudos (MI-5, Les Arnaqueurs VIP). The Fixer a été acheté par TF1 et vient d'être doublé.

http://www.guardian.co.uk/media/mediamonkeyblog/2009/aug/27/the-fixer-itv-preview

Voir également:

http://www.youtube.com/watch?v=qGnpgbgEU4I (Promo Saison 2)
http://thierryattard.blogspot.com/2009/07/itv-fictions-automne-2009.html

mercredi 26 août 2009

LE JOURNAL DE MEG: DOCTOR'S DIARY ARRIVE EN FRANCE

[19.23] Lancée en 2008 sur la chaîne allemande RTL, la "Dramedy" multi-récompensée Doctor's Diary - Männer sind die beste Medizin arrive en France sous le titre Le Journal de Meg.

TF1 vient de dévoiler la liste de ses nouvelles séries, une liste qui inclut ce succès de la télévision allemande. Souvent décrit comme un mélange Grey's Anatomy et Bridget Jones, la série raconte les tribulations sentimentales et professionnelles d'une jeune femme médecin, Margarethe "Gretchen" Haase (Diana Amft). Lauréat du prix Adolf Grimme, Bora Dagtekin (Türkisch für Anfänger) est responsable du concept et assure les fonctions de scénariste en chef.

Il ne fait pas de doute que TF1 a été inspiré par le succès d'audience du Destin de Lisa - la première saison de Verliebt in Berlin (2005-2007) - adaptation allemande du format colombien Yo soy Betty la fea. Le Destin de Lisa et sa romance entre Lisa Plenske et David Seidel avaient incité M6 à acheter Alles was zählt (Le rêve de Diana), un soap allemand de chez Grundy UFA.

Doctor's Diary - Männer sind die beste Medizin est produit pour RTL par Polyphon et ORF. La série est distribuée par Telepool et doublée par l'excellente société belge Agent Double (le doublage d'Alerte Cobra). Doctor's Diary s'appelant en Français Le journal de Meg, on peut légitimement supposer que Gretchen devient Meg par la "magie" du doublage. La francisation de certains prénoms ou noms de personnages étant chose courante avec les versions françaises de programmes allemands, généralement à la demande du diffuseur français.

In English: http://tattard2.blogspot.com/2009/08/doctors-diary-arrives-in-france.html

(C) Thierry Attard

http://www.rtl.de/tv/doctorsdiary.php
http://www.telepool.de/(S(lutovu451bjuxu3yr4pxer45))/movie.html?ID=924717b5-9485-4c32-a9c9-a308167f6da8
http://www.agentdouble.be/FR/Home.html

vendredi 21 août 2009

LONESOME DOVE (KOBA FILMS VIDEO)

Remerciements spéciaux à Gonzague Delrue et Delphine Bionne


A la fin du 19ème siècle près de la petite ville de Lonesome Dove au sud du Texas, Augustus "Gus" McCrae et Woodrow F. Call, deux anciens Texas Rangers, s'occupent d'une petite affaire de vente de bétail et de chevaux et vaquent à leurs occupations quotidiennes, assistés de leurs fidèles employés - Joshua Deets et Pea Eye Parker. Mais leurs activités sont au point mort et lorsque Jake Spoon, un ancien compagnon d'armes, débarque et leur fait miroiter les possibilités offertes par l'élevage de bétail dans le Montana, ils décident de s'emparer d'un troupeau au Mexique et de le convoyer jusqu'à leur nouvelle terre promise.

Commence alors un long voyage pour le Montana, un périple bordé d'épreuves, de remises en question et de retrouvailles sur une route faite de périls, de tristesse, de joies et de grandeur. Gus, Woodrow et leurs compagnons s'en vont vers leur destin et écrivent un des derniers chapitres de la grande Histoire de l'Ouest.

LE CHOIX DES SEIGNEURS

« En plus du whisky j'aimerai bien un peu de respect. Je suis le capitaine Augustus McCrae et voici le capitaine Woodrow Call. Si tu tournes la tête tu nous verras plus jeunes quand les gens voulaient qu'on soit sénateurs. Ce qu'on ne tolérait pas c'était un service médiocre. Comme tu le vois on le tolère toujours pas. » (Gus McRae)

Avant d'être une épopée télévisuelle, Lonesome Dove (1989) est un roman de l'écrivain texan Larry McMurtry, un des auteurs américains essentiels du vingtième siècle, lauréat de l'Oscar du meilleur scénario 2006 pour le film Brokeback Mountain. Ses oeuvres ont été adaptées à l'écran dès son premier roman, Horseman, Pass By (1961), devenu deux ans plus tard un film sous le titre de Hud (Le plus sauvage d'entre tous). Citons aussi The Last Picture Show et sa suite, Texasville, adaptés tous les deux au cinéma par Peter Bogdanovich, ou encore Terms of Endearment - filmé par James L. Brooks en 1983 (Tendres passions/Terms of Endearment).

Lonesome Dove est d'abord développé en 1971 par Larry McMurtry comme script d'un long métrage, The Streets of Laredo, que Peter Bogdanovich doit réaliser avec John Wayne dans le rôle de Woodrow Call, James Stewart dans le rôle de Gus McRae et Henry Fonda dans celui de Jake Spoon. Mais Wayne n'est pas intéressé, ce qui met fin au projet et McMurtry rachète le scénario dix ans après pour le transformer en roman. En 1985 la productrice Suzanne De Passe, de Motown Productions, achète 50 000 dollars US les droits du livre pas encore publié afin d'en faire une mini-série, mais les grands réseaux de télévision américains ne sont pas intéressés.

Ils le regrettent cependant lorsque le roman devient un succès de librairie et remporte le prestigieux prix Pulitzer. John Milius et John Huston tentent alors chacun de faire de Lonesome Dove un film mais Suzanne De Passe s'accroche à l'idée de la mini-série et conclut un accord avec CBS. Le réseau et De Passe s'associent avec Qintex Entertainment - la compagnie de l'Australien David Evans - et Robert Halmi Inc, afin de réunir un budget de 20 millions de dollars US pour 6 heures de programme. Ils engagent le scénariste et producteur William D. Wittliff pour adapter le livre de McMurtry, et l'habile Australien Simon Wincer à la réalisation.

« Augustus McRae est sans doute de tous les personnages que j'ai joué mon personnage favori. Peut-être aussi bon que Hamlet. J'ai senti que c'était un privilège de jouer ce rôle. Un grand rôle ».

Le rôle de Woodrow F. Call est proposé au grand acteur américain Robert Duvall (Le Parrain, Apocalypse Now, Sanglantes confessions) qui à la lecture du scénario préfère celui de Gus McRae (1). James Garner (La Grande Evasion, la série Maverick) est choisi pour être Call mais il renonce à cause de problèmes de santé. Le personnage est ensuite proposé à Jon Voight, qui refuse, et c'est finalement Tommy Lee Jones, pas encore immense vedette de cinéma, qui est choisi pour ce qui sera un de ses meilleurs rôles (2).

Le reste de la distribution est à la hauteur du tandem Duvall-Jones, avec des "pointures" du grand écran telles que Danny Glover (Deets), Diane Lane (Lorena "Lorie" Wood), Frederic Forrest (l'Indien Blue Duck) ou Anjelica Huston (Clara Allen). Mais aussi des acteurs familiers de la télévision comme Robert Urich (Dan Tanna dans Vega$, et Spenser dans la série homonyme) - ici à contre-emploi dans le rôle de Jake Spoon - ou l'ex-enfant star Rick Shroder (Newt Dobbs). Ainsi que des talents prometteurs comme Chris Cooper (July Johnson) ou Steve Buscemi.

UVA UVAM VIVENDO MARIA FIT

« Il va me plaire ce cuisinier, c'est un philosophe.
- Je sais, je l'ai engagé pour que t'ai quelqu'un a qui parler. Comme ça nous on va pouvoir travailler sérieusement. » (Gus et Woodrow)


Lonesome Dove est un chapitre de l'histoire d'une amitié entre deux hommes aux caractères diamétralement opposés: Augustus McCrae est un épicurien désinvolte voire oisif, affable et volontiers philosophe (« Plus le violon est ancien, plus la musique est belle »). C'est un homme à femmes qui cache en réalité un romantique contrarié que sa vie et sa carrière ont tenu éloigné de Clara, son grand amour, et qui vit une romance aussi atypique que maladroite avec Lorena Wood, une entraineuse locale.

Woodrow Call, lui, est un meneur d'hommes, travailleur, taciturne et secret dont le contrôle de soi apparent peut voler facilement en éclat. Il refuse d'admettre qu'il est le père du jeune Newt, lequel ignore cette paternité. Gus et Woodrow ont en commun un grand sens de l'honneur, des principes sans faille et un esprit d'aventure qui les a longtemps guidé et qui ne demande qu'à être réveillé lorsque Jake Spoon leur rend visite après 10 ans d'absence.

« Je ne me rappelais pas que le bétail t'intéressait encore. C'est plutôt les entraineuses, les cartes ton faible, non?
- Ouais mais je sais flairer la bonne occasion quand elle se présente. » (Gus et Jake)


Ancien Texas Ranger comme Call et McRae, Spoon est un joueur professionnel, un buveur souvent veule et parfois violent. Si Gus apprécie les petits plaisirs de l'existence, Jake passe son temps à les pourchasser quitte à s'attirer des ennuis et il a dû quitter précipitemment Fort Smith, en Arkensas, après avoir tué accidentellement un dentiste (« Mais une planche de bois n'arrête pas une balle de 50 - Un dentiste si » ) qui était également le maire de la ville et le frère du jeune sheriff, July Johnson. D'ailleurs sur la pression de Peach, sa mégère de belle-soeur, July est contraint de se lancer à la poursuite du joueur.

Spoon vante à ses amis la beauté du Montana et l'opportunité que constituerait l'installation d'un élevage sur ce territoire encore inexploité. Woodrow est séduit (« Moi j'partirai aujourd'hui si je pouvais me mettre des ailes et m'envoler ») mais Gus est plus réticent jusqu'à ce qu'il voit finalement dans ce voyage l'occasion de revoir Clara, l'amour de sa vie, mariée à un éleveur au Nebraska - qui se trouve sur le chemin du Montana. Mais Jake ne part pas avec eux: il a profité de ces retrouvailles pour renouer avec Lorie, laquelle croit voir en lui un moyen de sortir de sa condition et lui a fait promettre de l'enmener à San Francisco. Mais comme dit Gus à Woodrow: « Je crois que Jake s'est défilé bien trop de fois dans sa vie pour qu'on puisse fonder le moindre espoir sur lui ».

L'AVENTURE HUMAINE NE FAIT QUE COMMENCER

« Les gens baptissent des villes n'importe où. C'est aussi notre faute.
- Notre faute?
- On a chassé les Indiens, oui ou non? On a pendu tous les grands bandits. Il ne t'est jamais venu à l'esprit que tout ça ça pouvait être une erreur. On a peut-être trop bien fait notre boulot. C'est vrai, on a tué tous les types qui rendaient ce pays intéressant à vivre. » (Gus et Woodrow)


Editeur de référence de la fiction télévisuelle patrimoniale française, comme du meilleur de la fiction télé britannique contemporaine, Koba Films Vidéo propose aussi de grandes oeuvres de la télévision américaine. Avec Lonesome Dove, Koba nous permet d'apprécier en DVD ce que beaucoup considèrent à juste titre comme la meilleure mini-série de l'Histoire de la télévision, voire le meilleur Western jamais réalisé. 116 semaines de tournage au Texas et au Nouveau-Mexique, 89 acteurs, un millier de figurants, 9 nominations aux Emmy Awards, 7 remportés dont celui de la Meilleure réalisation pour Simon Wincer et de la Meilleure musique pour le grand Basil Poledouris. Sans oublier le Golden Globe de la Meilleure mini-série et celui du Meilleur acteur pour Robert Duvall.

« Je veux aller voir ce pays. Ouais, il le faut. Avant que les banquiers et les avocats aient mis le grapin dessus. » (Woodrow)

Lonesome Dove est diffusé par CBS en quatre parties de 90 minutes du 5 au 8 février 1989 et Leaving (Partir), la première partie, bat des records d'audience au-delà des espérances du réseau. En France la mini-série est diffusée pour la première fois sur la chaîne câblée Canal Jimmy du 29 décembre 1993 au 15 février redécoupée en huit épisodes de 45 minutes. Dieu merci, notre éditeur favori répartit sur deux disques les quatre parties originelles dans de magnifiques copies (version restaurée et en format 16/9) mettant en valeur le travail sublime du directeur de la photo Douglas Milsome.

Comme à son habitude Koba nous propose des sous-titres inédits, mais hormis quelques problèmes d'adaptation supportables, le doublage français est d'une qualité plutôt honorable lorsqu'on sait avec quelle légèreté la plupart des sociétés de doublage ont traité les produits télé pendant une vingtaine d'années jusqu'à la fin des années 1990. Marc de Georgi est impérial sur Gus et Bernard Tiphaine convient étonnamment sur Call. Bernard Woringer double comme il se doit Robert Urich et Nicolas Marié trouve le ton juste sur Dish (D.B. Sweeney). Les voxophiles reconnaîtront également Martine Irzenski (Diane Lane), Pierre Saintons (Danny Glover), Jeanne Val, Thierry Raguenau, etc...

« La raison c'est qu'on a pas été tué, c'est pour ça qu'on nous a oublié. » (Gus)

Western hyper-réaliste mais non dépourvu d'humour, Lonesome Dove est avant tout la chronique épique de destins inflexibles: comme celui d'Elmira, la femme du sheriff Johnson, prête à endurer l'humiliation et la souffrance pour retrouver Dee Boot, son véritable amour. Ou bien celui de Jake Spoon, dont l'errance se termine sous les regards attristés mais lucides de ses anciens camarades (« Il a su bien mourir, finalement »). C'est aussi un hymne à l'amitié de Gus et Woodrow quoi qu'elle ait pu leur en coûter (« Ce qui m'agace c'est qu'il a pu vivre avec toi et j'ai été obligée de m'effacer » déplore Clara) mais aussi une célébration nostalgique et émouvante de la loyauté, de la droiture morale et de la vie en général.

Véritable roman télévisuel, Lonesome Dove rappelle cette époque où les grands réseaux américains avaient de réelles ambitions qualitatives. La mini-série a donné naissance a plusieurs suites dont la plus récente, Commanche Moon, date de 2008. Koba Films Vidéo a sorti également Lonesome Dove - Le crépuscule (Streets of Laredo, 1995) et Lonesome Dove - Les jeunes années (The Outlaw Years, 1996). Nous vous les recommandons et nous vous en parlerons prochainement.

« On dit que vous êtes un visionnaire
- Je serais un visionnaire, vous dites. Ouais, drôle de vision» (Le journaliste et Woodrow)


A voir absolument: Les archives personnelles de Bill Wittliff, scénariste et producteur exécutif de Lonesome Dove, avec d'intéressants documents de travail (http://alkek.library.txstate.edu/swwc/ld/ldexhibit.html) - En Anglais. Une de ces collections qui font l'honneur des universités américaines.

(1) Alain Carrazé et Jean-Jacques Schleret, Les Grandes séries américaines de 1970 à nos jours (Huitième Art).
(2) Ils se rattraperont plus tard: Voight dans Return to Lonesome Dove (1993) et Garner dans Streets of Laredo.

mercredi 12 août 2009

CODE 9

Le mois dernier, une discussion sur l'état de la fiction à la BBC initiée par le producteur Tony Garnett, ainsi que les préoccupations de scénaristes et producteurs de premier plan, sont intervenues en écho de l'annonce des programmes de BBC One pour l'automne 2009. Il ne fait aucun doute que les arguments fournis par chacun des protagonistes de ce débat intéressant et passionné seront testés in vivo lorsque les séries présentées commenceront à arriver sur les écrans.

Carnival Film And Television (Poirot, The Philanthropist) nous propose Material Girl. Lenora Crichlow (Sugar Rush, Being Human) est Ali Redcliffe, une jeune créatrice de mode, qui affronte « sa diabolique ex-patronne, une sexy mais diabolique partenaire en affaires doublée d'une fashionista snob » - dixit le Bureau de Presse de la BBC. Est-ce que ça a été commandé d'abord par BBC Three? Peut-être que les télespectateurs de la nouvelle version de Strictly come dancing aimeront... Notez la présence de l'acteur américain Michael Landes (Special Unit 2, Love Soup) dans la distribution, si quelqu'un devait faire un remake de Mission Casse-cou (Dempsey & Makepeace) il serait un choix sympathique pour Dempsey - d'ailleurs Landes était récemment dans un épisode de New Tricks où jouaient également Glynis Barber et Michael Brandon.

Alun Armstrong, incroyable en Brian "Memory" Lane dans New Tricks, est avec Andrew Buchan (The Fixer) dans Garrow's Law. Cette série juridique en costumes est basée sur de véritables affaires de la fin du 18ème siècle et inspirée par la vie de l'avocat William Garrow, interprété par Buchan. Garrow's Law semble très académique malgré ses deux acteurs principaux hors norme. A propos d'académisme, Jane Austen revient avec une adaptation en quatres parties d'Emma. Celle-ci a pour vedette Romola Garai dans le rôle d'Emma, Jonny Lee Miller, Michael Gambon, Tamsin Greig, Robert Bathhurst et Jodhi May.

Partenaire d'Andrew Buchan dans The Fixer, Tamzin Outhwaite, est la vedette d'une série mi-policière, mi-science-fiction produite par Clerkenwell Films (Afterlife) et baptisée Paradox. La Detective Inspector Rebecca Flint (Outhwaite) et l'astrophysicien Christian King - interprété par Emun Elliott - ont 18 heures pour empêcher une tragédie de grande ampleur dont les seuls indices viennent d'une série d'images aléatoires venant de l'espace et transmises au laboratoire du scientifique. Le concept a l'air affreux mais c'est écrit par Lizzie Mickery (Messiah, Affaires d'Etats, Les 39 Marches avec Rupert Penry-Jones) alors ça mérite un petit coup d'oeil sur ce seul nom. Et bravo à la BBC d'avoir distribué Outhwaite dans le rôle principal et non Freema Agyeman ou Billie Piper.

Trevor Eve (Crimes en sommeil) et Eve Myles (Torchwood) jouent dans Framed, un téléfilm de 90 minutes adapté par Frank Cottrell Boyce d'après son roman Le crime parfait (Framed), un best-seller de la littérature pour la jeunesse. Lester (Trevor Eve), conservateur à la National Gallery, voyage de Londres jusqu'à un petit village gallois pour superviser après une inondation le stockage d'une collection d'oeuvres d'art en parfaite sécurité dans les montagnes. Commander une adaptation d'un livre de Frank Cottrell Boyce par l'auteur lui-même est une excellente idée.

MI-5 (Spooks), toujours efficace et jamais trompeur (ils devraient pourtant, ce sont des espions...) revient pour une nouvelle saison. Criminal Justice, la série de Peter Moffat, entame un nouveau chapitre, et la tournée d'adieu de Russell T. Davies et David Tennant continue avec The Waters of Mars. Si vous pensez qu'il n'y a rien de plus terrible dans Doctor Who qu'un autobus à impériale conduit par Michelle Ryan, et bien, réflechissez encore. Et d'après la BBC, Le Docteur est assisté dans ce spécial « par la plus intelligente et la plus déterminée des assistantes qu'il ait eu jusqu'ici, Adelaide, interprétée par la grande actrice britannique Lindsay Duncan ». Ouille! C'est dur pour les autres...

Voir aussi:

http://www.guardian.co.uk/media/2009/jul/15/tony-garnett-email-bbc-drama
http://www.bbc.co.uk/pressoffice/pressreleases/stories/2009/07_july/09/bbcone.shtml
http://www.guardian.co.uk/culture/tvandradioblog/2009/jul/10/bbc-autumn-lineup
http://www.digitalspy.co.uk/tv/a164294/doctor-who-waters-of-mars-preview-clip.html (Avec une bande annonce des programmes de BBC One pour cet automne)
http://www.guardian.co.uk/media/2009/mar/31/trevor-eve-framed
http://thierryattard.blogspot.com/2009/07/itv-fictions-automne-2009.html

vendredi 7 août 2009

LES CINQ FANTASTIQUES

Bonne nouvelle à propos de la série Les Arnaqueurs VIP (Hustle) sur le site Digital Spy (1) alors que débute le tournage de la saison 6: l'équipe de la saison 5 est de retour.

La saison 5 avait accompli le tour de force de remettre Hustle en forme après deux désastreuses saisons, une pause de presque deux ans, et un pathétique cliffhanger en forme de clin d'oeil au film L'Or se barre (The Italian Job). La quatrième saison, sans le fabuleux Adrian Lester dans le rôle de Mickey "Bricks" Stone (parti sur d'autres projets), était centrée sur Marc Warren, alias Danny Blue - dans les chaussures du leader de l'équipe. L'icônique si ce n'est vénérable Monsieur Robert Vaughn était de facto la star de la série dans le rôle de d'Albert Stroller (pour la plus grande satisfaction d'AMC, la chaîne américaine qui fournissait alors un complèment de budget) et Les Arnaqueurs VIP fut à deux doigts de devenir l'équivalent pour la BBC d' Inspecteur Barnaby: un cliché de carte postale taillé sur mesure pour le marché nord-américain. Mais les télespectateurs américains ont leur propre Hustle, Leverage, diffusé sur TNT.

Hustle repartait pratiquement de zéro avec sa cinquième saison et Adrian Lester de retour après le terriblement embarassant Bonekickers. Exit Marc Warren et Jaime Murray, idem pour le pauvre Ashley Walters (ajouté dans le rôle de Billy Bond pour la quatrième saison). Arrivée de deux petits nouveaux, Kelly Adams et Matt DiAngelo, interprètes du duo frère et soeur Emma et Sean Kennedy. Le "reset" des Arnaqueurs VIP dans le Londres de la récession - et dans un monde post-Madoff - a permis le retour du sous-texte social des débuts de la série. « J'aime bien imaginer de nouveaux rebondissements pour l'équipe de Hustle et heureusement que la vie réelle continue de fournir une grande inspiration! » confie Tony Jordan, le créateur de la série, à Neil Wilkes de Digital Spy. Les Arnaqueurs VIP est probablement la seule série qui a pris la récession actuelle comme un bienfait déguisé.

Pour les six épisodes de la sixième saison, Hustle se déplace de Londres à Birmingham (http://www.digitalspy.co.uk/tv/a151133/hustle-relocates-to-birmingham.html). Tant qu'il n'y a pas d'occasionnelles escapades stupides aux Etats-Unis (escapades absentes de la saison 5, Dieu merci) ce déménagement pourrait être très intéressant. Kelly Adams et Matt DiAngelo sont fort heureusement de la fête aux côtés de Lester, Vaughn et Robert Glenister. Espérons que Rob Jarvis sera lui aussi à Birmingham, dans le rôle d'Eddie - le "sixième mousquetaire" de la famille Hustle et que nous reverrons le grand Bill Bailey (Cyclope) ainsi que Patrick Bergin (dans le rôle de Toby Baxter).

Hustle, le vrai. Et comme dirait notre ami canadien Furious D (http://dknowsall.blogspot.com/): refusez les imitations.

Mise à jour: Grâce à la formidable vigilance des commentateurs d'un des forums de Digital Spy (http://www.digitalspy.co.uk/forums/showthread.php?t=937825&page=368) voici une galerie de photos du tournage de Hustle à Birmingham: http://www.birminghammail.net/birmingham-videos-pictures/birmingham-picture-galleries/2009/08/05/hustle-filmed-in-birmingham-97319-24323610/

(1) http://www.digitalspy.co.uk/tv/a169739/hustle-series-six-whos-returning.html

Voir aussi: http://thierryattard.blogspot.com/2009/01/les-arnaqueurs-vip-saison-5.html

lundi 3 août 2009

MINUIT, LE SOIR... PANTOUTE

Minuit, le soir, une série québécoise diffusée de 2005 à 2007 sur Radio-Canada, est une des meilleures séries dramatiques jamais produites. Les Québécois parlent Français, mais certainement pas le Français tel qu'on le parle en France, et probablement pas le Français parlé par les responsables des chaînes de télévision françaises. C'est pourquoi en France Minuit, le soir est doublé... du Français au Français.

Le Québec produit de très bonnes séries, telles que l'hilarante sitcom Catherine (1998-2003), le culte Dans une Galaxie près de chez vous (1998-2001) - une parodie de Star Trek (1) prolongée par deux films, Les hauts et les bas de Sophie Paquin - diffusé depuis 2006 et refait sous le titre de Sophie avec des acteurs canadiens anglophones. Ou même le très efficace Haute Surveillance (2000), malheureusement un échec au Québec mais qui peut être considéré comme une sorte de prototype de MI-5 (Spooks) à bien des égards.

Créé par le scénariste Pierre-Yves Bernard et l'acteur/scénariste Claude Legault, créateurs de Dans une Galaxie près de chez vous, Minuit, le soir est centré sur trois videurs - des doormen, comme on les appelle en Joual (2) - au Manhattan, un bar de Montréal: Marc Forest (Claude Legault), Gaétan Langlois (le populaire acteur et comédien Julien Poulin, connu au Québec pour son personnage de Bob "Elvis" Gratton) et Louis Bergeron (Louis Champagne). Lorsque Fanny Campagnolo (Julie Perreault), une jeune femme ambitieuse d'origine italienne, rachète le Manhattan et le transforme en "Le Sas", le choc culturel commence pour les trois hommes.

Encensée par la critique et plébiscitée par le public québécois, la série Minuit, le soir a remporté 17 Gémeaux (1) au cours de ses deux années de diffusion (37 épisodes de 22 minutes) - dont un pour sa bande originale, la musique ayant un rôle très important dans la série car beaucoup de séquences ne comportent pas de dialogues. Précédée d'une prestigieuse réputation, Minuit, le soir a attiré l'attention de France 2 en 2007 (lorsque la chaîne publique a acheté aussi Les hauts et les bas de Sophie Paquin).

Mais le Minuit, le soir diffusé depuis le 5 juillet sur France 2 à 23h55 (!) n'est pas la série diffusée sur Radio-Canada. Parce que la chaîne diffuse une version doublée en ce que l'on appelle le Français international, un Français censé être compréhensible dans toute la Francophonie mais qui est en pratique un "Français parisien". En France même certains provinciaux sont sous-titrés aux infos, imaginez donc si Susan Boyle (née en Ecosse) avait été sous-titrée pour les télespectateurs londoniens d'ITV1 lors de son audition à Britain's Got Talent.

Avec des qualités indéniables et une langue commune (même avec des différences locales) on pourrait penser qu'il y a beaucoup de séries québécoises sur les grandes chaînes françaises et que la France est un territoire d'exportation majeur pour l'industrie québécoise de la télévision, mais ce serait une erreur. Jusqu'à maintenant beaucoup de productions du Québec - comme Haute surveillance, Catherine, ou Rumeurs (2002-2008) - étaient seulement diffusées sur TV5, le réseau francophone global. TV5 propose le très drôle Un gars, une fille (1997-2003), mais c'est son adaptation française (1999-2003) qui a fait un carton d'audience sur France 2.

La chaîne TMC (re)diffuse régulièrement Fortier, une série québécoise sur une psychologue profiler de la police (2000-2004) mais il a été demandé aux acteurs principaux de doubler leurs rôles en Français parisien, ce qui est dommage. Et dans le cas de Minuit, le soir - avec son doublage français fait par des comédiens français - c'est plus que dommage, c'est une hérésie. La culture et la langue sont des éléments essentiels au développement des personnages et des intrigues. Nous suivons les tribulations de trois Doormen de Montréal et pas de trois videurs de la Rive gauche.

En réalité France 2 n'est pas la première chaîne à diffuser Minuit, le soir en France, puisque la chaîne CinéCinéma Culte a présenté la série avec des sous-titres en 2007. Le sous-titrage est une pratique commune pour les séries québécoises diffusées sur TV5 et le choix de CinéCinéma avait au moins le mérite d'être plus intelligent et plus respectueux que celui d'un doublage. L'argument de la nécessité du doublage serait peut-être concevable pour le Prime Time mais Minuit, le soir n'est pas précisément un programme pour le Prime Time français avec son format de 22 minutes et son contenu. Sans parler du fait que Montréal est la carte de visite de la série.

Le Buddy movie québécois Bon Cop, Bad Cop (2006) était un brillant exercice cinématographique sur les relations entre le Québec et le Canada anglophone. Mais lorsqu'il s'agit de séries québécoises sur les grandes chaînes françaises, c'est Bon flic, Bon flic... A la Parisienne.

P.S.: Vous trouverez la fiche du doublage de la série ainsi que celle du doublage des Hauts et des bas de Sophie Paquin sur l'indispensable site DSD (http://dsd-ev.ifrance.com/Index.html).

A lire: http://www.a-suivre.org/levillage/mot.php3?id_mot=161

(1) Voir The Romano Fafard vs. the Enterprise or How Québec Beat Star Trek, un excellent article de Caroline-Isabelle Caron (http://www.somefantastic.us/Issue_Archive/Issue_No_3.pdf)
(2) Français populaire du Québec.
(3) L'équivalent local des Emmy Awards.