lundi 24 novembre 2008

A VOTRE SERVICE: LE DOUBLAGE DE QUANTUM OF SOLACE (BLOG GAZETTE)

Plusieurs personnes nous ayant rendu visite pensant obtenir sur notre blog quelques renseignements sur le doublage de Quantum of Solace, nous les informons qu'elles pourront trouver la fiche complète de la version française de ce film sur le blog de nos confrères et amis de La Gazette du doublage: http://www.objectif-cinema.com/blog-doublage/index.php/2008/10/28/101-007-quantum

Celles et ceux que ça intéresse pourront aussi trouver sur leur excellent site (car la Gazette est à la fois un site ET un blog) une interview de Eric Herson-Macarel, la voix française du 007 en titre (http://www.objectif-cinema.com/spip.php?article4589) ainsi qu'un entretien avec l'adaptateur de Casino Royale (http://www.objectif-cinema.com/spip.php?article4433&artsuite=0).

jeudi 20 novembre 2008

LA CABEZA DE ALFREDO GARCIA

L'interview de Ben Silverman par le journaliste Charlie Rose pour l'émission de ce dernier (http://www.charlierose.com/view/interview/9554) a été l'occasion pour Nikki Finke d'écrire un article très percutant et émouvant à la fois sur son blog, Deadline Hollywood Daily (http://www.deadlinehollywooddaily.com/transcript-of-ben-silverman-on-charlie-rose/).

REVEIL DOULOUREUX

Ben Silverman est le co-président de NBC Entertainment et de NBC Universal Television Studio depuis 2007, ainsi que le fondateur de Reveille Productions, une compagnie qui a amené avec succès aux Etats-Unis des formats étrangers, tels que le britannique The Office, en tant que remakes.

Mais il semble que le Prime Time de NBC ait besoin de bien plus qu'un "reveille", si ce n'est une "résurrection", après l'annulation du survendu My Own Worst Enemy (avec Christian Slater) et de celle de Lipstick Jungle, et le piètre accueil fait à Kath & Kim - le remake d'une sitcom australienne. L'éloge par Silverman des avantages d'une co-production comme Crusoe a achevé de susciter le scepticisme (http://dknowsall.blogspot.com/2008/09/hollywood-babble-on-on-166-nbc-world.html) après le manque d'enthousiasme causé par la grille de rentrée du réseau.

My Own Worst Enemy est un gâchis du talent de Christian Slater, qui mérite l'équivalent de de ce qu'a été 24 pour Kiefer Sutherland. Les promos laissaient l'étrange impression d'un "Jekyll rencontre Jason Bourne" (http://thierryattard.blogspot.com/2008/09/six-pieds-sous-terre_19.html) - tout le monde copie Bourne de nos jours... (http://thierryattard.blogspot.com/2008/11/pour-une-poignee-de-reconfort.html), et de ce côté-ci de l'océan il semble que la télévision américaine achète ses fictions hebdomadaires uniquement sur "pitch", alors que la télévision britannique construit des séries à partir et autour de scripts (http://dknowsall.blogspot.com/2008/11/boob-tube-how-long-should-series-last.html).

Dans un cas vous avez MI-5 (Spooks), la meilleure série d'espionnage de l'Histoire de la télévision (avec La Taupe), et dans l'autre une longue liste de grotesques pilotes invendus (http://www.leegoldberg.com/non_unsold.html), ou des séries comme Dans l'Oeil de l'espion (Fortune Hunter), Secret Agent Man et My Own Worst Enemy. Même si Dans l'oeil de l'espion était très plaisant à regarder, grâce au regretté Mark Frankel et à des airs de Probe (Search, 1972-1973, une série d'aventure et d'espionnage injustement oubliée). Seule la distance peut sauver ce type de séries, à la grande époque NBC était le réseau de Des agents très spéciaux mais c'était il y a 43 ans.... si Monsieur Solo devait se rendre à Paris aujourd'hui, espérons au moins que la production éviterait le ridicule.

LE FANTÔME DE BRANDON TARTIKOFF

Ce n'est pas la première fois que Nikki pointe son lance-flammes sur Ben Silverman (http://www.deadlinehollywooddaily.com/major-nbc-shakeup-ahead-network-wants-to-ax-teri-weinberg-hopes-ben-silverman-quits/) mais sa réaction à l'évocation, dans l'interview de Silverman, du nom de Brandon Tartikoff - le légendaire exécutif qui porta NBC sur les plus hauts sommets avec de nombreuses séries parmi les plus populaires des années 1980 (Hill Street Blues, Miami Vice, La loi de Los Angeles et plein d'autres) - est plutôt émouvante pour ceux pour qui ce nom signifie vraiment quelque chose: « Je souhaite aussi que Silverman arrête d'essayer d'entrer en contact avec le fantôme de Brandon Tartikoff [...] Oui, Silverman a travaillé pour Tartikoff une fois ou deux. Mais Ben, je connaissais Brandon. Tartikoff était un ami. Et vous monsieur, n'êtes pas Brandon Tartikoff ».

Après l'annulation de My Own Worst Enemy et de Lipstick Jungle le blâme est apparemment retombé sur Katherine Pope, présidente de Universal Media Studio (http://www.nypost.com/seven/11142008/gossip/pagesix/black_widow_effect_at_nbc_138573.htm), intervenue sur le développement de ces deux séries, comme sur celui de l'affligeant revival de Super Jaimie ainsi que du surrestimé Heroes (http://www.thefutoncritic.com/news.aspx?id=20070604nuts01).

D'après le New York Post, Ben Silverman a réussi à diminuer les coûts chez NBC et semble satisfaire ses patrons, particulièrement le président de NBC Jeff Zucker. Et les analystes disent que les audiences sont devenues moins importantes à considérer alors qu'elles s'éparpillent sur les chaînes du câble. Comme le disait Silverman au Post l'été dernier: « Nous travaillons pour les marges, pas pour les audiences ».

DANS UN MONDE...

L'industrie de l'Entertainment a profondément changé depuis l'ère du grand Brandon Tartikoff, Les Networks sont concurrencées par une multitude d'offres du câble, du statellite et d'internet. Pour être juste, NBC n'est pas le seul réseau a avoir eu des mauvaises saisons depuis quelques années. Et le vrai problème pour les "Big Four" (CBS, ABC, NBC, Fox) est la pertinence de continuer de commander et de montrer des séries hebdomadaires dans un environnement où les télespectateurs sont accoutumés aux fictions américaines de qualité venant de chez Showtime, AMC ou HBO, ou à la crème de la télévision britannique via BBC America ou The Sci-Fi Channel.

La meilleure illustration de ce dilemme c'est la nouvelle version de Knight Rider diffusée par NBC, une série pilotée par un homme, Gary Scott Thompson, qui a un vrai sens de ce que devrait être de l'Entertainment populaire et léger sur les réseaux (souvenez-vous de Las Vegas). La série est une cible sur internet depuis ses débuts avec des reproches allant de la comparaison avec l'original et la distribution, jusqu'à la qualité des scripts et les effets spéciaux. Ce qui est vraiment fascinant, lorsqu'on se souvient que l'original, lançé sous le règne de Brandon Tartikoff, était produit par Glen A. Larson (cela dit sans aucune offense, ses séries sont de magnifique souvenirs d'enfance) et était essentiellement une version 1er degré de Maman Bagnole avec les normes de production de la Universal Television de l'époque et des cascades.

Et voilà maintenant que la nouvelle version est modifiée suite à des audiences en yo-yo et que trois membres de la distributions s'en vont, dont Bruce Davison, un des plus grands acteurs américains contemporains. Vraiment dommage, 25 ans auparavant (lorsque les trois grands réseaux d'alors étaient sans rivaux), la série aurait été le toast du moment, mais les télespectateurs semblent souhaiter que les réseaux leur montrent des séries comme Dexter ou Californication, ou pas de séries du tout - America's got talent ou Deal or no Deal sont très agréables à regarder.

Adapter des formats étrangers ne sera certainement pas la solution aux problèmes des grilles de cet automne ou de la saison entière. Voyez ABC et son Life on Mars US... Mais quel est donc l'intérêt d'adapter des séries que les télespectateurs américains connaissent déjà grâce à BBC America ou internet? Est-ce que les responsables de la programmation croient que les séries britanniques sont toujours ghettoïsées sur PBS ou relégués à des deals bon marché pour la syndication? Que nous réserve NBC pour l'avenir? Un remake américain de Hotel Babylon à Las Vegas? Soyons sérieux...

Le véritable défi pour Ben Silverman et ses collègues ou homologues c'est de répondre à cette seule question: quel type d'Entertainment pour les réseaux au 21ème siècle?

Mise à jour: Alain Carrazé parle sur son blog de ce qu'il qualifie de "déclin" de NBC (http://alaincarraze.blog.canal-plus.com/archive/2008/11/21/nbc-le-declin-continue.html) + Lee Goldberg à propos de Tim Kring et Heroes (http://leegoldberg.typepad.com/a_writers_life/2008/11/how-not-to-get-people-to-watch-your-show.html).

In English: http://tattard2.blogspot.com/2008/11/la-cabeza-de-alfredo-garcia.html

vendredi 14 novembre 2008

DES NOUVELLES DE STEPHEN TOBOLOWSKY

Si vous ne deviez choisir qu'une seule raison d'aimer ce business, ce serait Monsieur Stephen Tobolowsky (http://thierryattard.blogspot.com/2008/05/stephen-tobolowsky.html), un acteur faisant partie de ces professionnels consommés qui donnent sens à un film par leur simple présence au service d'un personnage, d'un film ou d'un réalisateur. Sans parler du fait que seul son nom peut inciter votre humble serviteur à regarder Heroes.

Mieux, l'homme est une des personnes les plus gentilles de Hollywoodland et a toujours une anecdote généreuse à propos de sa carrière ou de sa vie à vous offrir, tel un cadeau à votre fête d'anniversaire (http://thierryattard.blogspot.com/2008/05/stephen-tobolowskys-birthday-party.html). Et avoir le privilège de discuter avec lui de Bob Darnell ou de Joseph Ruskin vous rappelle que les films ce n'est pas que le Box Office ou les "franchises".

« J'étais récemment sur un film important qui devrait sortir bientôt... The Time Traveller's Wife, avec Eric Bana et Rachel McAdams. C'était très agréable à tourner. C'est un mélange intéressant entre une histoire d'amour et de la science-fiction... J'espère que ça marche » nous a confié Stephen hier.

« Je viens juste de tourner un pilote qui s'intitule Glee, c'est de Ryan Murphy, le créateur de Nip/Tuck. Si ça marche ça débutera juste après American Idol en janvier. Là encore le script et le tournage étaient vraiment agréables et la distribution est très talentueuse... mais j'ai appris qu'on ne peut rien considérer comme garanti dans la vie. Lorsque je tournais le film Héros malgré lui, je pensais que ce serait un slam dunk. C'était réalisé par Stephen Frears (un des meilleurs réalisateurs contemporains) et il y avait Dustin Hoffman, Andy Garcia ainsi que Geena Davis. En plus c'était écrit par David Webb Peoples (nominé aux Academy Awards pour Impitoyable)... Mais le film n'a pas vraiment marché comme il aurait dû. C'était bon mais il avait vraiment de quoi être formidable... On ne sait jamais comment ça va se passer. »

Hollywood devrait faire une série télé sur Stephen Tobolowsky. Il est à sa façon un personnage et l'aventure n'est jamais loin quand il est quelque part, spécialement lorsqu'il est en vacances. « Cette année je me suis cassé le cou en cinq endroits et j'ai survécu pour pouvoir le raconter!!! » ajoute t'-il. « Mais je me sens mieux chaque jour! »

Merci pour tout, Monsieur Tobolowsky.

(C) Thierry Attard

CHILDREN IN NEED SUR BBC ONE


Comme chaque année depuis 1980 Children in Need, la soirée caritative britannique pour les enfants, offre de grands moments de télévision pour une grande cause. Ce soir sur BBC One, ce sera l'occasion d'avoir un aperçu du spécial de Noël de Doctor Who et la série Ashes to Ashes (la suite de Life on Mars) rencontrera l'émission automobile Top Gear!

Fais chauffer la Quattro!

http://www.bbc.co.uk/pudsey/

jeudi 6 novembre 2008

LA VOIX FRANÇAISE DE SETH ROGEN AU QUEBEC

Le doublage est rarement abordé en ces lieux mais l'homme est talentueux et c'est un ami: l'excellent site http://www.cinoche.com/ publie un entretien très intéressant (une entrevue, comme on dit là-bas) avec Tristan Harvey (http://www.tristanharvey.com/), la voix française de Seth Rogen (Zack et Miri tournent un porno/Zack et Miri font un porno) au Québec depuis 40 ans, toujours puceau/40 ans et encore puceau, (http://www.cinoche.com/dossiers/189).

J'ai eu l'occasion d'interroger Tristan en 2004 lorsque j'étais rédacteur en chef adjoint de La Gazette du doublage (http://www.objectif-cinema.com/spip.php?article2454). La qualité du doublage en Français au Québec est toujours de très haut niveau et mérite d'être reconnue en tant que référence.

Bande-annonce de Zack et Miri (VFQ): http://www.cinoche.com/trailers/5283/5562

mercredi 5 novembre 2008

MICHAEL CRICHTON (1942-2008)

Je viens d'apprendre à la télévision la nouvelle de la mort de mon romancier favori, Michael Crichton. Il avait 66 ans.

Auteur de La variété Andromède, Soleil levant, Le parc jurassic/Jurassic Park, ou de Harcèlement, parmi beaucoup de chefs-d'oeuvre de la littérature moderne, il fut aussi un talenteux réalisateur dans les années 1970-1980, avec de grands films comme Mondwest ou Looker.

Il était un esprit brillant et un visionnaire. Être privé dans l'avenir du plaisir de lire "le dernier Michael Crichton" est vraiment une très triste perspective.

POUR UNE POIGNEE DE RECONFORT (A PROPOS DE LA SORTIE DE QUANTUM OF SOLACE)

Remerciements spéciaux à François Justamand

« C'est un monde nouveau, avec de nouveaux ennemis, et de nouvelles menaces. Mais vous pouvez toujours compter sur un homme... » Et bien au moins ses producteurs le peuvent: Quantum of Solace, le nouveau 007 - sorti le 31 octobre - bat tous les records pour son premier week-end en Europe: 1,3 millions d'entrées en France (sur 3 jours) et £ 15 384 217 pour sa sortie au Royaume-Uni, marché test par nature pour la franchise. Le film sort le 14 novembre aux Etats-Unis.

Avec une note de 261 millions de dollars pour un film de 105 minutes, peut-être le film le plus couteux minute par minute jamais réalisé (http://www.deadlinehollywooddaily.com/new-bond-wannasee-double-casino-royale-questions-about-quantum-of-solace-cost/), l'échec n'était pas une option pour Sony, MGM et Eon Productions, les forces derrière Quantum. Les explications de ces très bons chiffres du premier week-end sont multiples: des dates de sorties pertinemment planifiées, pas de concurrence réelle, le succès commercial de Casino Royale - le précédent, et le prestige d'un des mythes les plus solides de la pop culture: James Bond.

Mais lequel exactement? Le personnage créé par Ian Fleming pour ses romans? Sean Connery dans James Bond 007 contre Docteur No (1962) et Bons baisers de Russie (1963)? Ou le sommet de l'évasion extravagante sur grand écran établi dans Goldfinger (1964): le super-espion séducteur et suave combattant des vilains mégalomanes, avec un petit peu d'aide sous la forme de gadgets, des voitures pleinement équipées pour permis de tuer, et des filles tout droit sorties de rêves de Hugh Hefner. Le tout avec cette ingéniosité et cette sagacité typiquement britanniques, au shaker et pas à la cuillère.

Les livres demeurent rarement intacts lorsqu'ils sont adaptés au cinéma. Honnêtement et avec tout le respect dû à l'oeuvre de Ian Fleming, la seule façon convenable d'être aujourd'hui fidèle à ses romans serait de produire des mini-séries se passant à l'époque des livres et avec les normes de qualité d'un Poirot avec David Suchet. Sans l'alchimie qui fit de Sean Connery la star immortelle du dyptique Docteur No/Bons baisers de Russie (longtemps avant que les producteurs ne décident que Quantum of Solace serait une suite) la création de Fleming aurait été transposée uniquement en bande dessinée (http://thierryattard.blogspot.com/2008/04/james-bond-007-spy-who-loved-me.html) et pour l'épisode d'une anthologie oubliée de la Préhistoire de la télévision.

Goldfinger a fait le cinéma commercial moderne et imposé les canons d'un genre à part entière pour des générations allant tous les deux ans (sauf exceptions) voir UN JAMES BOND, « la marque déposée du grand spectacle moderne »: élégance, action, aventure, lieux exotiques, voitures classieuses, la gigantesque tanière du méchant conçue par Ken Adam, les traits d'esprit, les fabuleux génériques, le talent de John Barry et CE thème. Le thème le plus célèbre au monde: The James Bond theme.

Et ce Bond-là a perduré pendant quarante ans avec flamboyance, beaucoup de hauts, quelques bas, essayant parfois maladroitement d'émuler des phénomènes du Box Office de leurs temps, comme Shaft pour Vivre et laisser mourir (1973), les films de la Shaw Brothers pour L'homme au pistolet d'or (1975), où même La guerre des étoiles - prototype des "franchises" telles que nous les connaissons aujourd'hui, pour Moonraker en 1979. Mais toujours avec un si ce n'est plus de ces moments construisant sa gloire éternelle et toujours dans le respect de l'âme du James Bond cinématographique: évasion à grand spectacle garantie. A cette époque Bond était synonyme de sensations cinématographiques vendues par des génies de la publicité imaginant les plus grands slogans et commandant de magnifiques affiches peintes. Nous connaissions le nom, nous connaissions le numéro.

Alors vint Meurs un autre jour (2002), avec ses excès et ratés sous le poids des mesures de catégories d'audience et contre le reflet d'un miroir déformant appelé Austin Powers. A ce moment-là votre humble serviteur, depuis longtemps amateur de James Bond, pensait qu'il était temps d'aider la franchise à ne pas finir en sujet perpétuel de rigolade pour Mad Magazine, et théorisa pompeusement devant ses infortunés amis le soi-disant manque de crédibilité de 007 au 21ème siècle - insistant sur le fait que ses espions favoris de l'écran étaient Harry Palmer et George Smiley (ce qui est toujours le cas, à propos...)

James Bond avait atteint le sommet de sa popularité en tant qu'un des « Trois B », la Sainte Trinité des Swinging Sixties: Les Beatles, Bond et Batman. A l'âge sombre d'un monde post-11 septembre, le Batman subit un "reboot", et un délai de 4 ans entre Meurs un autre jour et Casino Royale (2006) vit l'émergence de super agents de fiction brutaux et sans humour: Jack Bauer, tourmenté sauveur 7 jours par semaines, et le nouveau Jason Bourne incarné par Matt Damon. Mission: Impossible III, un des meilleurs thrillers d'action jamais réalisé, fit le reste et acheva de convaincre les producteurs des James Bond, qu'un reformatage était le seul moyen de faire de 007 un des "B" de l'action, avec Bourne et Bauer (le Ethan Hunt de Tom Cruise étant le quatrième mousquetaire).

« C'est un monde nouveau, avec de nouveaux ennemis, et de nouvelles menaces. Mais vous pouvez toujours compter sur un homme... » L'ennui avec Casino Royale c'est que l'homme et tout ce qui a fait du personnage un mythe moderne de la culture populaire sont portés disparus. Et nous avons dû attendre 4 longues années d'habituelles rumeurs et spéculations (empirées à l'ère d'internet), nous laisser convaincre par l'idée de changement substantiels, et accepter Daniel Craig en tant que nouveau James Bond (pourquoi pas? Il était excellent dans Layer Cake) avec les meilleurs sentiments et intentions... pour un résultat plutôt désespérant (1). Le Box Office a plebiscité les choix de Barbara Broccoli et Michael Wilson, patrons de la série lançée par Albert R. Broccoli et Harry Saltzman en 1962, mais à ce jour les pro et les opposants au rebootage façon « James Bourne » sont toujours en train de discuter si le film est du pur Bond ou non (2).

Rétrospectivement, Meurs un autre jour a été le déclencheur si ce n'est le bouc émissaire de ce reboot. Die Another Day n'est ni meilleur ni pire qu'un autre épisode de la franchise. Le film a essayé d'être à la hauteur du titre de « Marque déposée du grand spectacle moderne» hérité des années d'or de 007, dans un monde (une pensée ici pour le regretté Don LaFontaine...) où il y a un blockbuster sorti de l'usine Hollywoodland par semaine, et où les Allemands d'action concept produisent plus de séquences d'action spectaculaires dans un épisode d'Alerte Cobra que l'industrie cinématographique dans 144 minutes de Casino Royale. Hollywood sait cela, louez donc un des films récents du grand Bruce Willis.

Meurs un autre jour est le Bond Ultimatum du 007 "vieille école". Avec Quantum la suprématie de Bond reste incontestée du point de vue du Box Office mais il ne reste pratiquement rien aujourd'hui de la mémoire de Bond, la Bond Identity: un logo sur des affiches, le thème de James Bond sur les bandes-annonces. Pourquoi pas après tout? Vraiment. Tout change, il y a peut-être maintenant un Bond pour chaque génération: un dinosaure sexiste, mysogine, relique de la Guerre froide ou un instrument brut. Votre humble membre du Gang des chaussons aux pommes n'ira pas voir Quantum of Solace, une régénération gâchée dans Doctor Who c'est assez de déception pour cette année. Sans rancune aucune, Monsieur Bond...

« Voyez le cercueil, il a les mêmes initiales que vous: J.B.
- Je préfère que ce soit lui plutôt que moi. »
(Opération Tonnerre, 1965)


(1) Nous développerons notre avis sur Casino Royale dans un prochain article.

(2) Plus généralement, Furious D à propos du cas « Bond, James Bond » : http://dknowsall.blogspot.com/2008/11/cinemaniacal-bond-james-bond.html (voir aussi: http://dknowsall.blogspot.com/2008/02/cinemaniacal-1-shaken-not-stirred.html).

In English: http://tattard2.blogspot.com/2008/11/fistful-of-solace.html